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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de l’Enlèvement au sérail de Mozart dans une mise en scène de Waut Koeken et sous la direction de Rinaldo Alessandrini à l'Opéra du Rhin.
L’ennui au sérail
Récompensé par le Syndicat de la critique pour Aladin et la lampe merveilleuse de Nino Rota, Waut Koeken était très attendu pour cette nouvelle production de l’Enlèvement au sérail de Mozart. Trop sans doute, puisque le jeune metteur en scène ne parvient pas à dépasser une ennuyeuse joliesse. Qu’on nous permette de ne pas trop nous y attarder !
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Auréolé du vif succès public et critique remporté par sa mise en scène d’Aladin et la lampe merveilleuse de Nino Rota, Waut Koeken s’est tout naturellement vu confier, parfum oriental oblige, le nouvelle production de l’Enlèvement au sérail de Mozart à l’Opéra du Rhin. Dans l’entretien qu’il nous a accordé pour le programme, le jeune metteur en scène belge évoque avec une fougue fleurie l’Orient vu par le XVIIIe siècle français, le sérail à la fois comme prison et labyrinthe du désir, l’initiation des amants à l’amour et la fidélité. Autant de belles promesses dont la réalisation scénique déçoit.
Panneaux de stucs pivotants, le décor de Yannik Larivée tient certes autant du labyrinthe que de la prison, mais les chanteurs s’y trouvent justement prisonniers. Aucune fraîcheur ne vient animer leurs mouvements, ni dans les airs, ni dans les dialogues parlés. Les personnages n’en paraissent dès lors que plus anonymes – ce qui neutralise le Pacha Selim au timbre néanmoins prenant de Christoph Quest –, la comédie sans ressort, la chair triste, et ces alcôves, ces baldaquins à la Boucher n’en peuvent mais.
Les fragments du discours amoureux mozartien que nous avions cru déceler dans les propos du metteur en scène ne s’avèrent finalement qu’à peine esquissés, et la soirée traîne en longueur, plombée par un entracte trop tardif, à l’issue du deuxième acte.
Baroqueux érudit, Rinaldo Alessandrini n’est pas moins frustrant. Car si elle affute l’articulation d’un Orchestre philharmonique de Strasbourg à la sonorité sans finesse, sa scansion verticale nivelle la partition. À peine si un phrasé se déploie au-delà de la croche, à peine si un timbre chatoie, ce Mozart file droit, à l’abri certes des maniérismes souvent reprochés aux apôtres de l’interprétation historiquement informée, mais sans grâce ni passion.
Entre usure et verdeur, le plateau vocal ne suscite guère plus d’enthousiasme, à l’instar de la majorité des distributions de l’Opéra du Rhin depuis le départ de Nicholas Snowman. Reinhard Dorn est à bout de timbre sur toute l’étendue, et son Osmin à peine déclamé amuse encore moins qu’il terrifie.
Soprano en tête d’épingle, sans ligne ni abattage dans le suraigu, Daniela Fally parvient tout de même à conférer un semblant de caractère à Blonde dans les dialogues. Pedrillo sait au moins ce qu’il chante, pourquoi et même comment, bien que l’aigu de Markus Brutscher, un des plus saisissants évangélistes de l’heure, soit rien moins qu’épanoui.
Szabolcs Brickner n’a pas pris le temps mûrir, et son interprétation de Belmonte s’en ressent. La couleur serait séduisante pourtant, jamais affectée, et même virile, si l’aigu n’était à ce point forcé. Alors même que l’instrument est suffisamment agile pour affronter les écueils de Ich baue ganz. Celui de Laura Aikin ne l’est en revanche plus véritablement, qui met deux actes à trouver une assise, et constamment pincé. Gageons que les plus belles Konstanze de la soprano américaine appartiennent à une époque trop récente pour être tout à fait révolue.
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