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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Aldo Ciccolini au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Le poète parle
Chaque apparition d’Aldo Ciccolini est plus qu’un récital de piano, une véritable leçon de musique et de poésie. À quatre-vingt-cinq ans, le maître italo-français est toujours en la pleine possession de ses moyens physiques et pianistiques. Il vient de le prouver au TCE avec un programme consacré à Mozart et Liszt devant un public enthousiaste et reconnaissant.
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Légère déception d’emblée avec une modification de programme : Scènes de la forêt et Carnaval de Vienne de Schumann sont remplacés par deux sonates de Mozart. Aldo Ciccolini a préféré confronter les univers chantant de Mozart et rhétorique de Liszt. On s’en remet vite avec une Sonate K. 331 impeccable de fidélité au texte et dont chaque intention est dictée par une pensée musicale rigoureuse et colorée, des variations de l’Andante grazioso à l’Allegretto alla Turca serré et entraînant.
Encore plus, grâce à la longue Sonate K. 333 dans laquelle il nous entraîne dans des clairs-obscurs intériorisés jusqu’à ce dernier mouvement construit comme celui d’un concerto qu’il joue avec une ébouriffante liberté. Certainement le Mozart le plus frais, le plus revigorant que l’on ait entendu depuis longtemps. Puis ce sont deux paraphrases d’opéras qui ouvrent la seconde partie, tribut à l’année du bicentenaire de Franz Liszt.
Danse sacrée et duetto final d’Aïda d’après Verdi nous mènent indubitablement avec ses mélopées orientales sur les bords du Nil avec une science des climats qui n’a rien de folklorique. Le chant est présent, palpable derrière les notes, on y est et on y croit. Avec la Mort d’Isolde c’est une hallucinante symbiose entre le climat marin de la trame orchestrale et la transe du chant wagnérien qui se déroule devant nos yeux et dans nos oreilles. Un véritable miracle musical s’opère.
Beaucoup plus ancrés dans la rhétorique lisztienne, les trois extraits d’Harmonies poétiques et religieuses d’après Lamartine nous portent dans un univers poétique et plus proprement pianistique vers les hautes sphères de la religiosité. Élévation qui demande à l’auditeur un degré supplémentaire dans l’écoute que le pianiste obtient de son auditoire tant rarement on a apprécié une salle totalement débarrassée de l’agitation et des toussotements d’usage.
La douce prière de l’Enfant à son réveil contraste idéalement avec l’implorant hommage à Palestrina du Miserere. Les fracas de l’Invocation achèvent avec une étonnante maîtrise de l’instrument cette incursion métaphysique. Puis, pour partir sur une note sinon plus légère, du moins un peu plus dansante, une poignante Mazurka de Chopin et une Danse espagnole de Granados solaire et épanouie.
Devant le public debout, le vieux maître ému tire sa révérence d’un petit signe de la main et, plein de gratitude, on ne pense déjà plus qu’à la prochaine fois.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 18/05/2011 Olivier BRUNEL |
| Récital du pianiste Aldo Ciccolini au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate en la mineur KV 331
Sonate en sib majeur KV 333
Franz Liszt (1811-1886)
Deux paraphrases :
Danse sacrée et duetto final d’Aïda (Verdi)
Mort d’Isolde (Wagner)
Harmonies poétiques et religieuses :
Hymne de l’Enfant à son réveil
Miserere
Invocation
Aldo Ciccolini, piano | |
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