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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de San Francisco sous la direction de Michael Tilson Thomas, avec la participation du violoniste Christian Tetzlaff à la salle Pleyel, Paris.
Romantisme en finesse
Belle approche tout en finesse et sans penchant mélodramatique d’un programme à majorité romantique donné à la salle Pleyel par le San Francisco Symphony Orchestra et Michael Tilson Thomas, son directeur musical depuis 1995, avec le violoniste allemand Christian Tetzlaff en soliste dans le Concerto en mi mineur de Mendelssohn.
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Pour ce premier des deux concerts donnés salle Pleyel, l’Orchestre de San Francisco propose un programme assez traditionnel, débuté toutefois par une courte pièce du compositeur américain Henry Cowell, disparu en 1965 et peu connu en France.
Théoricien, éditeur, il figura parmi les ultramodernistes américains des années 1930 avec Ives et Ruggles. Destiné à l’origine à une chorégraphie de Martha Graham qui ne l’utilisa finalement jamais, Synchrony est une œuvre plus intéressante pour les idées présidant à son écriture que pour sa séduction sonore.
Un important solo de trompette initial et de savantes combinaisons de tous ordres ensuite retiennent plus l’attention de l’analyste qu’ils ne présentent de pouvoir émotionnel ou de séduction auditive, mais l’orchestre peut y mettre en valeur certains pupitres, dont l’harmonie en général.
Le Concerto pour violon de Mendelssohn qui suit en première partie crée évidemment un contraste absolu par sa célébrité et tant il incarne l’un des aspects les plus immédiatement séduisants à tous égards du romantisme allemand.
Le mérite du violoniste Christian Tetzlaff et de l’orchestre apparaît d’autant plus grand d’en donner une aussi belle lecture, toute en souplesse, en subtiles scintillements raffinés, sans jamais outrer l’expression, jouant sur la malléabilité des phrasés, le charme direct d’une sonorité soyeuse, agréablement colorée.
Beau tempérament d’authentique musicien, excellent chambriste, Tetzlaff prouve ici la place qu’il tient plus jamais parmi l’élite aussi des grands solistes de concert. La direction de Michael Tilson Thomas se situe naturellement dans la même ligne d’un romantisme lumineux, chaleureux mais non mélodramatique, avec aussi de très belles sonorités en particulier du quatuor. Et c’est encore une approche très habilement affinée de la Cinquième Symphonie de Beethoven qui devait nous séduire en deuxième partie.
Dans des tempi modérés, une dynamique toujours sous contrôle évitant les pièges d’une lecture trop guerrière si souvent entendue, avec une remarquable souplesse de phrasé en particulier dans l’Andante con moto, des cuivres jamais tonitruants, cette lecture est dans son ensemble plus issue de la pensée d’un XVIIIe siècle à peine achevé que des héroïsmes grandioses qui allaient illustrer ensuite le XIXe et l’œuvre même de Beethoven.
L’orchestre sonne clair, sensuel, mené par le chef avec un dynamisme fondamental poussant sans cesse la marche de la musique vers l’avant. Une assez excitante façon de donner des couleurs personnelles et en grande partie nouvelles à une partition qui compte parmi les plus souvent entendues et enregistrées.
L’Orchestre de San Francisco et son chef sont très actifs en de multiples domaines, que ce soit celui de la promotion de la musique américaine, de l’enseignement ou de l’aide aux jeunes musiciens, et c’est sans aucun doute cet engagement dans tout ce qui est la vie de la musique qui est sous-jacent à la vie, aussi, de ces interprétations.
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Salle Pleyel, Paris Le 30/05/2011 GĂ©rard MANNONI |
| Concert de l’Orchestre de San Francisco sous la direction de Michael Tilson Thomas, avec la participation du violoniste Christian Tetzlaff à la salle Pleyel, Paris. | Henry Cowell (1897-1965)
Synchrony (1931)
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Concerto pour violon n° 2 en mi mineur op. 64 (1845)
Christian, Tetzlaff, violon
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67 (1808)
San Francisco Symphony
direction : Michael Tilson Thomas | |
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