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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Peter Eötvös à la Philharmonie de Berlin.
Eötvös et les Russes
Commande groupée des Berliner Philharmoniker, de la Tonhalle de Zurich, des orchestres de Toronto, Bergen et Séoul, le Cello Concerto Grosso pour violoncelle et orchestre de Peter Eötvös a été créé à la Philharmonie de Berlin par Miklós Perényi sous la direction du compositeur hongrois, avec pour écrin un programme élaboré de musique russe.
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Complicité artistique
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La décision du compositeur et chef d’orchestre Peter Eötvös d’inscrire la création mondiale de sa dernière œuvre dans un programme entièrement russe reste non commentée. Une Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski, ajoutée au dernier moment au programme et qui préludait à la création, bénéfice certes d’être interprétée par un orchestre de cette qualité et dans une telle acoustique.
Tous les détails de cette pièce de caractère sont minutieusement exploités, jusqu’aux nuances proprement inouïes sur les six coups de cloche. Mais on reste un peu froid devant une direction clinique, mettant bien en relief le modernisme de l’œuvre au détriment de son empreinte romantique réelle.
Avec pour titre Cello Concerto Grosso, l’œuvre d’Eötvös affiche une filiation avec les classiques. Divisée en trois parties qui s’enchaînent en un bloc de vingt-six minutes sans indication de mouvement, cette composition utilise un grand effectif orchestral de quatre-vingt musiciens.
De fait, le violoncelle entre en conversation avec différents groupes instrumentaux et son premier mouvement est un jeu de questions-réponses entre le soliste et de petits groupes instrumentaux. Eötvös utilise, comme à son habitude, tout un matériel issu du folklore transylvanien tel que l’ont exploité et répertorié Béla Bartók et László Lajtha et fait largement usage du pizz Bartók tout au long de l’œuvre qui prend souvent une allure jazzy non dépourvue d’humour.
Mais le mot-clé est la danse et, particulièrement dans la troisième partie, on ressent ce désir d’entraînement. On admire certes l’art de l’orchestration d’Eötvös, ici égal à celui déployé dans ses opéras, la grande virtuosité de son compatriote le violoncelliste Miklós Perényi et la magnifique aptitude des Berliner Philharmoniker à intégrer une création, mais la trop grande fragmentation de l’œuvre en petits épisodes, le peu de lyrisme dans les phrases du violoncelle laissent un peu sur une impression d’insuffisance de matière.
Heureusement, la seconde partie du concert est propre à réchauffer les cœurs avec, dans une version tardive pour quatre cors et chœur de femmes, les Quatre danses paysannes de Stravinski dont les textes ont étés choisis dans l’anthologie d’Ivan Sakarov et Alexander Afanasiev.
Sans vouloir sombrer dans le cliché, le choix luxueux d’avoir invité un chœur slovaque ajoute une couleur très slave à ces courtes pièces et une formidable introduction au morceau de résistance qu’étaient les deux scènes clé de Boris Godounov jouées dans l’orchestration originale de Moussorgski.
Là encore, le somptueux Chœur de la Philharmonie slovaque au complet, avec quelques interventions de ses solistes pour les courtes répliques du Prince Chouïski, du Prince Féodor et des quatre boyards, fait merveille dans cette œuvre riche en couleurs. Remplaçant la basse Orlin Anastassov primitivement annoncée, Ferruccio Furlanetto incarne le Tsar avec une autorité vocale impressionnante et une forte émotion dans la scène de la Mort de Boris qui force l’admiration.
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Philharmonie, Berlin Le 17/06/2011 Olivier BRUNEL |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Peter Eötvös à la Philharmonie de Berlin. | Igor Stravinski (1882-1971)
Quatre danses paysannes russes
Version pour chœur de femmes et 4 cors (1954)
Peter Eötvös (né en 1944)
Cello Concerto Grosso
Création mondiale
Miklós Perényi, violoncelle
Modest Moussorgski (1839-1881)
Boris Godounov :
Scène du Couronnement
Mort de Boris
Version originale de 1869
Ferruccio Furlanetto, basse
Chœur de la Philharmonie Slovaque
préparation : Blanka Juhanáková
Une nuit sur le Mont Chauve
Berliner Philharmoniker
direction : Peter Eötvös | |
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