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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Gurre-Lieder de Schoenberg sous la direction de Marc Albrecht Ă la salle Pleyel, Paris.
Apothéose opératique
Enthousiasme salle Pleyel à la mesure de la somptueuse interprétation des Gurre-Lieder sous la baguette de Marc Albrecht à la tête de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Sur des poèmes du Danois Jens Peter Jacobsen, la cantate de Schoenberg tient en haleine pendant les deux heures de cette œuvre monumentale à tous égards.
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Deux heures d’excès magnifiques. Sous la direction précise, calme, incisive de Marc Albrecht, les effectifs démesurés de l’orchestre donnent tout à entendre des envolées d’une partition gigantesque.
L’Orchestre philharmonique de Strasbourg porte le souffle épique des masses instrumentales et raffine les voix données aux pupitres – seules les flûtes, au début, restent un peu en deçà des autres vents – sans jamais faillir à la lisibilité grandiose des Gurre-Lieder, poèmes d’amour et de mort de Jens Peter Jacobsen que nous pouvons ce soir suivre surtitrés.
Six solistes, trois chœurs d’hommes à quatre voix, un chœur mixte à huit voix – Chœur Philharmonique de Brno, magnifique – participent au climat palpitant de ce conte fantastique où nous allons dans une atmosphère de plus en plus inquiétante des extases amoureuses du roi du Danemark aux chasse et équipée infernales qui le puniront de son blasphème à Dieu pour avoir permis la mort de sa bien-aimée.
Panthéisme, symbolisme, impressionnisme somptueusement décadent, expressionnisme soudain et saisissant en troisième partie : les narrateurs se succèdent, voix individuelles limpides sur les masses orchestrales, celles des femmes particulièrement remarquables.
Éblouissante y est la Narratrice, Barbara Sukowa, dont le mezzo profond et lumineux allie perfection de l’énoncé, puissance passionnée et musicalité envoûtante, sans parler de ses qualités de comédienne. On ne regrette donc en rien la tradition d’un narrateur masculin. Dans le rôle de Tove, Ricarda Merbeth remplace Christiane Iven souffrante, et son soprano juste et léger lui conviennent parfaitement.
Le ténor Lance Ryan n’est en revanche pas à leur hauteur, tout roi Waldemar qu’il est, timbre peu assuré et souvent faux, voix mal placée, parfois hurlante, interprétation lourde et primaire. Les deux autres hommes, la basse Albert Dohmen et le ténor Arnold Bezuyen, contribuent à l’humanisme de ce drame, néanmoins dominé par les voix des femmes, y compris Anna Larsson dans le Chant du Ramier.
Drame auquel Marc Albrecht insuffle le souffle épique et la transparence qui donnent vie à sa dimension théâtrale hors toutes catégories : un concert qui tenait de l’opéra.
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Salle Pleyel, Paris Le 25/06/2011 Claude HELLEU |
| Gurre-Lieder de Schoenberg sous la direction de Marc Albrecht Ă la salle Pleyel, Paris. | Arnold Schoenberg (1874-1951)
Gurre-Lieder
Poèmes de Jens Peter Jacobsen
Ricarda Merbeth (Tove)
Lance Ryan (Waldemar)
Anna Larsson (le Ramier)
Albert Dohmen, (le Paysan)
Arnold Bezuyen (le Bouffon Klaus)
Barbara Sukowa (narration)
Czech Philharmonic Choir Brno
préparation : Petr Fiala
Orchestre philharmonique de Strasbourg
direction : Marc Albrecht | |
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