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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Emmanuel Krivine et Evgueni Kissin au Festival de Radio France et Montpellier
Kissin décroche avant un sommet
Pour son concert d'adieux à l'Orchestre National de Lyon, Emmanuel Krivine avait convié le Rimbaud du piano romantique, Evgueni Kissin. Mais ni l'un ni l'autre n'étaient au meilleur de leur verve ce jour-là .
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Festival de Radio France et Montpellier, Opéra Berlioz Le Corum,
Le 18/07/2000
Olivier BERNAGER
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La réputation d'Evgueni Kissin n'est plus à faire. Enfant prodige né en 1971, qualifié de génie par Herbert von Karajan, invité par les plus grands, Abbado, Mehta, Solti, Giulini, Masur, on ne compte plus ses enregistrements, tous salués par la critique. Devant une salle pleine qui l'a ovationné, Kissin participait avec ce concert aux adieux donnés par Emmanuel Krivine à son orchestre. Kissin a un jeu étincelant, dynamique et d'une puissance à soulever des montagnes. Ses basses font gronder le piano comme peu savent le faire, et sa technique phénoménale lui permet de cultiver des sonorités pianistiques inouïes.
Avec Krivine, cet alpiniste a tenté un sommet qu'il n'a pas complètement atteint, faute d'avoir ménagé ses forces (et peut-être les nôtres). La trajectoire de ce concerto est emblématique du romantisme musical à son extinction. Le pianiste semble y exprimer cette figure du héros, tant recherchée par le XIXe siècle, qui gagne les cimes de l'inspiration (le troisième mouvement, allegro scherzando) au prix de souffrances extrêmes (le second mouvement, adagio sostenuto). Pour n'avoir pas été au bout de la poésie du mouvement central, Kissin n'est pas parvenu à créer la tension nécessaire à l'écoute du dernier mouvement, ce glas funèbre qui signe la mort du romantisme. Si la texture sonore faisait impression, l'expression secrète de cette musique galvaudée est restée en deçà . Par ailleurs, l'équilibre de l'orchestre et du piano n'était pas toujours maîtrisé par Emmanuel Krivine, alourdissant une écriture déjà chargée. Cependant un concert est un moment de vie, et ce soir-là , il y eut comme un état de grâce dans cette gigantesque salle, qui tenait autant à l'ébouriffante personnalité de Kissin qu'à la belle tenue de l'orchestre.
On attendait donc la deuxième partie, un poème symphonique très peu joué de Zemlinsky, et pour lequel on aurait pu craindre que la salle se vidât. Il n'en fut rien ! Voici un Festival qui a su cultiver la curiosité naturelle de son public. Cette partition est mal écrite mais bien orchestrée. D'une inspiration un peu courte, elle souffre du mal chronique des " poème symphoniques " : leur difficulté à trouver le point de vue qui permet à l'histoire racontée d'être musicalement crédible. L'orchestre d'Emmanuel Krivine, qui le dirigeait pour la dernière fois avant son départ, démontrait ici son excellence, et donnait foi en son avenir.
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Festival de Radio France et Montpellier, Opéra Berlioz Le Corum, Le 18/07/2000 Olivier BERNAGER |
| Emmanuel Krivine et Evgueni Kissin au Festival de Radio France et Montpellier | Evgueni Kissin, piano
Emmanuel Krivine, direction
Orchestre National de Lyon
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2 en ut mineur opus 18
Alexandre Zemlinsky : Die Seejungfrau, poème symphonique d'après Andersen | |
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