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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert de la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel BarenboĂŻm en clĂ´ture du festival de Lucerne 2011.

Lucerne 2011 :
Barenboïm, maître d'œuvre

© Monika Rittershaus

Pour clore son édition 2011, le festival de Lucerne a choisi un programme contrasté entre une première partie très instrumentale consacrée aux Notations de Pierre Boulez, et une musique éminemment théâtrale avec le premier acte de la Walkyrie de Wagner. Une matinée de clôture sous le signe du maître d'œuvre Daniel Barenboïm au piano et à la baguette.
 

Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern
Le 18/09/2011
Benjamin GRENARD
 



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  • Boulez et Wagner. Deux symboles de la culture sonore de leur pays respectif. La transparence et le raffinement français opposĂ©s Ă  la culture allemande du son, plus en profondeur. L'interprĂ©tation de Wagner sous la houlette dĂ©graissĂ©e de Pierre Boulez chef d'orchestre fit scandale en son temps. Mais ici, il s'agit du compositeur qui cĂ´toie le maĂ®tre de Bayreuth, non plus l'interprète. Ă€ la baguette, c'est prĂ©cisĂ©ment un habituĂ© de la fosse de Bayreuth, Daniel BarenboĂŻm, connu pour ses interprĂ©tations germaniques et sa capacitĂ© Ă  rentrer dans la consistance du son.

    La première partie est consacrée aux Notations, présentées alternativement dans leur version originale pour piano puis dans leur habillage orchestral. De l'austérité du piano à la luxuriance symphonique, du dépouillement et de la concision au développement, la présentation ainsi faite a autant une valeur musicale que pédagogique.

    La lecture pianistique de Barenboïm se distingue par un toucher direct et inflexible, sans concession aucune, privilégiant nettement une approche monochrome. L’exécution orchestrale qui suit, servie par une Staatskapelle de Berlin de toute beauté, étonne au contraire par sa diversité de couleurs.

    En seconde partie, retour dans le drame humain avec le premier acte de la Walkyrie, où la pâte sonore du chef trouve naturellement tout son sens : un orchestre aux cordes charnues, un pupitre de cuivres roboratif et d'une rondeur parfaite, des bois – notamment la clarinette – aussi sensibles que poétiques.

    Barenboïm projette littéralement l'auditeur dans une tempête mordante, au gré de bourrasques implacables. L'ensemble est conduit dans un tempo rapide, sans jamais sacrifier la pâte wagnérienne. Grand dramaturge de la soirée, le chef wagnérien maîtrise avec un art confondant la partition dans chacune de ses arêtes dramatiques, des climats les plus subtils aux passions les plus vibrantes.

    Dans ce contexte, les solistes – hormis peut-être Nina Stemme – apparaissent un peu en retrait, la qualité strictement vocale l'emportant largement sur l'incarnation des personnages, partant, sur le souffle théâtral. Il faut dire que la grande qualité vocale reste exemplaire à plus d'un titre.

    Le Siegmund de Peter Seiffert dispose encore d'un très beau timbre après des années de bons et loyaux services wagnériens. Plus ténor qu'héroïque, la voix manque cependant de grave, mais la séduction d’un timbre privilégiant le beau chant ne se fait jamais au détriment de la vaillance.

    La scène III, plus lyrique et fournie, témoignera d'un petit manque de puissance. Néanmoins, le choix d'avoir placé les chanteurs légèrement surélevés derrière l'orchestre, au lieu de les installer à côté du chef n'y est certainement pas pour rien : l'orchestre ne se situe pas autant en profondeur que dans une fosse et fait nécessairement écran.

    Le Hunding sonore de Kwangchul Youn passe évidemment sans mal l'orchestre dans une scène II où la narrativité et les ambiances en demi-teinte, parfois tendues, sont nettement privilégiées. Là encore, le rôle n'est pas des plus caractérisés et le confort de la version de concert semble convenir autant à notre basse qu'à Peter Seiffert, mais la vocalité reste aussi efficace.

    Seule Nina Stemme s’installe dans le théâtre, campant une Sieglinde plus incandescente et dramatique que son frère jumeau. La soprano capte l'attention par sa grande présence, soutenue par un aplomb physique et en engagement irréprochable. La réponse adéquate au déferlement orchestral de Barenboïm.




    Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern
    Le 18/09/2011
    Benjamin GRENARD

    Concert de la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel BarenboĂŻm en clĂ´ture du festival de Lucerne 2011.
    Pierre Boulez (*1925)
    Notations I, III, IV, VII et II
    Version pour clavier (1945) et pour orchestre (1978, rév. 1984 ; 1998)
    Daniel BarenboĂŻm, piano
    Richard Wagner (1813-1883)
    Die WalkĂĽre, Acte I
    Peter Seiffert (Siegmund)
    Nina Stemme (Sieglinde)
    Kwangchul Youn (Hunding)
    Staatskapelle Berlin
    direction : Daniel BarenboĂŻm

     


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