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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Pli selon pli de Boulez par l’Académie du Festival de Lucerne et l’Ensemble Intercontemporain sous la direction du compositeur à la salle Pleyel, Paris.
De Boulez à Mallarmé
Sous la direction de Pierre Boulez, magnifiquement chanté par Barbara Hannigan, Pli selon Pli a provoqué les applaudissements nourris d’une salle Pleyel comble, heureuse de rendre hommage tant aux interprètes et à leur chef qu’à l’auteur d’une œuvre inspirée par Mallarmé, composée et souvent reprise par le maître entre 1957 et 1962.
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Don, bref coup d’éclat à l’orchestre, accord saisissant, ouverture aux jeux des sonorités qui tissent l’alliance du texte poétique et de la musique dans cette grande œuvre vocale inspirée par Mallarmé à Pierre Boulez.
Sous la direction toujours aussi rigoureuse de celui-ci, l’Académie du Festival de Lucerne et l’Ensemble Intercontemporain (respectivement fondés par le maestro compositeur en 2004 et 1976), les cisèleront tout au long des cinq pièces de Pli selon Pli, portrait de Mallarmé pour soprano et orchestre.
Dès la première pièce, ce Don de l’œuvre, né du Don du poème, la précision de l’orchestre, vents à droite, archets à gauche, percussions au centre, donne sa rareté à chaque timbre et sa valeur à chaque silence. Chaque seconde a son importance.
Souvent solistes et alors savamment disloquées, les percussions multiples, dont xylophones, vibraphones, cloches diverses, ne faillent jamais à la clarté voulue par le maître, définitivement immobile à l’exception de ses avant-bras pour conduire ses interprètes. La perfection de leur entente, fruit évident d’une longue complicité de répétitions, révèle sous la limpidité de l’exécution la complexité d’une écriture aussi stricte que poétique, sublimée par Barbara Hannigan.
Immobile elle aussi, belle dans sa longue robe bleu pâle et sa cascade de cheveux blonds rejetés en arrière, la soprano porte sa voix droite au cœur des mots, des chuchotements, des murmures, des déflagrations. Respiration confondante, notes tenues, souffle devenu musique, aigus radieux, cette voix, cherchée dans toutes les profondeurs du corps, réussit les acrobaties vertigineuses d’une partition étonnamment théâtrale avec une expressivité impressionnante.
« Opposition entre compréhension directe et compréhension indirecte », précise Boulez, les citations de Mallarmé n’étant pas littérales, peu importe un sens immédiat quand, après Don, les trois pièces suivantes, Improvisation I, Improvisation II, et Improvisation III nous emportent au-delà . La beauté des échanges entre voix et instruments ainsi réalisée dans sa pureté formelle en découvre la sensualité émotionnelle.
La cinquième pièce, Tombeau, clôt ce portrait recréé de Mallarmé selon une transposition d’équivalences auxquelles nul mieux que leur auteur n’aurait su donner vie. Pierre Boulez dirigeant dans sa plus grande œuvre vocale les deux ensembles orchestraux qui lui doivent leur existence : un concert qui fera date.
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Salle Pleyel, Paris Le 27/09/2011 Claude HELLEU |
| Pli selon pli de Boulez par l’Académie du Festival de Lucerne et l’Ensemble Intercontemporain sous la direction du compositeur à la salle Pleyel, Paris. | Pierre Boulez (*1925)
Pli selon pli
Barbara Hannigan, soprano
Académie du Festival de Lucerne
Ensemble Intercontemporain
direction : Pierre Boulez | |
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