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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert de l’Orchestre national de France, chœur de radio France, sous la direction de Ludovic Morlot au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Un plaisir crescendo
© Sussie Ahlburg

Sur la scène refaite et agrandie du TCE, l’Orchestre national et le Chœur de Radio France sous la direction de Ludovic Morlot, jeune chef français pour la première fois à Paris, donnent un Daphnis et Chloé de Ravel aux pulsions irrésistibles. Auparavant, le Gloria de Poulenc avait moins inspiré les interprètes, dont la soprano Hélène Guilmette.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 10/11/2011
Claude HELLEU
 



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  • Gloria in excelsis Deo : rude est l’attaque du Gloria de Francis Poulenc par le ChĹ“ur de Radio France et l’Orchestre national de France sous la direction Ă©nergique de Ludovic Morlot. L’énergie n’est plus jubilatoire mais conquĂ©rante, et prive de mĂŞme le Laudamus te de son exaltation heureuse.

    Nul enjouement pour allĂ©ger les rythmes nets, agrĂ©ablement jazziques mais très appuyĂ©s qui marquent les temps syncopĂ©s d’un Poulenc provocateur mais nĂ©anmoins pĂ©nĂ©trĂ© de sa foi quand il Ă©crit ce « Gloria pour chĹ“ur, un soliste et orchestre dans le style (mots rĂ©pĂ©tĂ©s en tous sens) de Vivaldi. Le latin permet ce genre de macaroni filant Â», – et ces rythmes prennent le pas sur la libertĂ© de ton du compositeur, uniformisant ses audacieuses dĂ©sinvoltures aussi bien que ses Ă©motions.

    Les prières de la soprano Hélène Guilmette n’y mettent pas la lumière attendue dans un Domine Deus chanté d’une voix serrée, notes hautes accentuées et suite des mots avalée, comme tout ce qu’elle a chanté et chantera par la suite, impassible et ravissante dans une robe somptueuse à l’ampleur inverse de celle de son timbre.

    Le Domine fili unigenite privilégie les éclats de la partition au bonheur d’y célébrer Jesu Christe. Dans le Domine deus, Agnus Dei, le miserere nobis n’est plus imploration confiante mais injonction. Enlevé de main de maître sous la battue autoritaire, le Qui sedes ad dexteram patris grandiose conclut l’œuvre faussement paradoxale en amplifiant vainement ses rythmes impeccablement scandés : l’intensité ne les a soutenus d’aucune ferveur religieuse ou tout simplement humaine.

    Mais si manque il y avait, il n’en restait pas moins l’écoute jouissive de cette partition originale et si personnelle, parce que fidèlement exécutée. Il fallait attendre Daphnis et Chloé pour découvrir pleinement le rayonnement de Ludovic Morlot, jeune chef français jusqu’à ce jour mieux connu à l’étranger que dans son pays natal.

    Sous sa direction, la symphonie chorégraphique en trois parties de Maurice Ravel a brillé de très belles couleurs. Dès le solo de cor tel un murmure en ouverture et l’éveil en douceur de l’orchestre, un climat s’instaure. Sur les cordes pianissimo, chaque soliste s’entend. Magnifique est leur crescendo vers un tutti luxuriant, chœur et orchestre fondus, pupitres d’archets homogènes.

    La profondeur des altos et des contrebasses, la houle légère et grave du Chœur sans paroles ou ses envolées passionnées – dommage qu’il se lève en désordre –, les éclats des cuivres expressifs, les épisodes dansants, les tourbillons et vertiges, les raffinements rythmiques, les phrasés inquiétants ou langoureux, les rêveries partagées entre bois et archets, la légèreté de la flûte ou la profondeur du basson, la sensualité de la harpe, exaltent la partition luxuriante, ses joies et ses peines, et grisent l’auditeur.

    Emportés dans un même souffle, habités de la pulsion que leur insuffle Morlot, l’Orchestre national de France et le Chœur de Radio France donnent vie à l’imagination de Ravel et la prodigieuse inventivité de son écriture. Jusqu’à l’apothéose d’une bacchanale finale irrésistible.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 10/11/2011
    Claude HELLEU

    Concert de l’Orchestre national de France, chœur de radio France, sous la direction de Ludovic Morlot au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Francis Poulenc (1899-1963)
    Gloria, pour soprano, chœur mixte et orchestre
    Hélène Guilmette, soprano
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Daphnis et Chloé, symphonie chorégraphique en trois parties
    Chœur de Radio France
    Orchestre national de France
    direction : Ludovic Morlot

     


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