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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Propheten de Kurt Weill au Festival de Radio-France, Montpellier.

La camarde, sa vie ses oeuvres

Voici un programme qui, une fois encore à Montpellier, mélange le connu à l'inconnu avec comme fil conducteur deux illustrations du thème de la mort.
 

Opéra, Montpellier
Le 20/07/2000
Olivier BERNAGER
 



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  • Propheten (" Les prophètes ") est la quatrième partie d'un drame biblique, Der Weg der Verheissung (" La voie de l'espérance ") qui occupa Kurt Weill pendant plusieurs années à partir de 1934. Celui-ci décrit une communauté religieuse juive menacée de pogrom qui trouve réconfort dans le récit par le Rabbin des actes des Prophètes juifs, Isaïe et Jérémie. Cette partition qui signe le retour de Kurt Weill vers le judaïsme au moment même du début des évènements tragiques que l'on sait, est dans la droite ligne des grands oratorios français des années trente, comme Le Roi David ou Jeanne au bûcher d'Arthur Honegger. Kurt Weill y mélange l'héroïsme du peuple juif à différents moments de son histoire, au nationalisme sioniste qui aboutira en 1948 à la naissance de l'Etat hébreu. Le prologue de Propheten est ainsi une instrumentation habile de l'hymne israélien, la Hatikvah (l'espoir), lui-même une version de la Moldau de Bedrich Smetana. Cette perspective messianique selon laquelle Israël est l'aboutissement de la parole des prophètes est un acte de reconnaissance du sionisme pour un compositeur dont la pensée a toujours oscillé entre un idéal de justice sociale incarnée par le socialisme ainsi que l'exprime la parabole de son opéra Mahagonny, et une foi inaltérable en l'individu comme source de toute liberté comme le chante Lady in the Dark. Entre l'Allemagne et le nouveau monde, entre le monde chrétien et le monde juif, Kurt Weill a anticipé dans cette partition le martyre des juifs d'Europe. Avoir sorti de l'oubli Propheten apparaît dans ce contexte comme un parmi tant d'actes destinés à perpétuer la mémoire.
    L'oeuvre est basée sur un procédé pédagogique qui, depuis Jean-Sébastien Bach, a prouvé son efficacité : le récitant. Lambert Wilson ici était parfait : ni trop larmoyant, ni trop sec. Le Choeur Letton donnait une leçon de clarté et d'engagement, tout comme la direction de Friedmann Layer. À l'image du peuple du Livre, on entendait dans la salle restée allumée le bruissement des pages du livret.
    Très étrangement, la version Franz Peyer choisie pour l'exécution du Requiem de Mozart donné en seconde partie, sonnait petit. Non que l'orchestre fût insuffisant où que l'interprétation manquât de foi, simplement, les pauvres mortels que sont les mélomanes en avaient peut-être eu assez avec la première oeuvre !




    Opéra, Montpellier
    Le 20/07/2000
    Olivier BERNAGER

    Propheten de Kurt Weill au Festival de Radio-France, Montpellier.
    Kurt Weill : Propheten
    D'après un texte allemand basé sur les Saintes Ecritures, de Franz Werfel
    Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem
    Peter Jürgen Schmidt, Piotr Beczala, Carsten Sus, ténors
    Monte Peterson, Ralf Lukas, barytons
    Ulrike Helzel, mezzo-soprano
    Lambert Wilson, récitant
    Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon
    Choeur de la Radio Lettone
    Friedemann Layer, direction

     


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