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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Andris Nelsons, avec la participation du violoniste Sergey Khachatryan à la salle Pleyel, Paris.
Magnifiques excès
Andris Nelsons, un nom à retenir. À 34 ans, ce chef est déjà au présent un très grand, comme l’a prouvé à ceux qui ne le connaissaient pas encore sa direction de l’Orchestre de Paris dans la Symphonie alpestre de Richard Strauss et le Concerto pour violon de Beethoven, marqué par Sergey Khachatryan d’un extraordinaire alliage d’intériorité et d’expressivité.
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Dès les premières mesures du Concerto pour violon de Beethoven, que le soliste Sergey Khachatryan écoute, immobile et les yeux fermés, timbales et bois de l’Orchestre de Paris donnent à entendre une expressivité qui demeurera celle de l’orchestre dirigé par Andris Nelsons tout au long de son dialogue avec le soliste.
Avec un tel partenaire, ô combien important dans cette œuvre, Khachatryan, libre de s’exposer, peut rêver tout à son aise, s’élever en extase dans des pianissimi aériens, sous ses aigus éthérés l’orchestre avance et le lui permet.
Romantique et passionné, le violoniste effile un son droit en subtilités émerveillées de ce qu’elles découvrent. Sergey Khachatryan chante et ses phrasés fascinent, étonnamment tenus, s’engendrant les uns les autres sans la moindre rupture, soutenus d’harmonies profondes, alliage magnifique d’intériorité et d’expressivité.
À côté du mince jeune homme, Andris Nelsons, attentif et décontracté, l’entoure et l’assure. Leur échange réunit le ciel et la terre dans ce que Beethoven y voit de plus beau. Au fil du Larghetto, le violon s’immobiliserait presque sur la magie du moment. Tant d’évanescence appelle une réaction, l’orchestre est là pour, ouvre le chemin de l’Allegro, et s’envole un lyrisme idéalement partagé entre les deux compagnons sans que Sergey Khachatryan faille jamais à son choix de la légèreté, aussi bien pour exprimer la joie et le plaisir que des peines.
La dernière cadence offre l’occasion d’un festival de virtuosité. L’articulation y témoigne de la liberté d’un jeu d’une poésie extraordinaire, au sens propre. Ainsi élevé vers ses sommets visionnaires, le Concerto pour violon de Beethoven provoque le délire de la salle Pleyel.
Fascinant se révèle le parcours de la Symphonie alpestre de Richard Strauss. Sous la direction d’Andris Nelsons, elle déroule ses vingt-deux tableaux en autant d’évocations saisissantes de la puissance infinie de la nature qui y règne. Nuit mystérieuse, cordes et vents graves, solennité de la concentration des musiciens d’emblée impressionnante, naissance du soleil, montée magistrale de tout l’orchestre vers un embrasement qui ose aussitôt sa démesure, magnifiquement maîtrisée sous la ferveur exigeante de son chef.
Nulle retenue à l’éclat des cuivres. Les cordes ont trouvé leur homogénéité. Les bois nuancent leurs plus belles couleurs. Individualisés et fondus, les pupitres s’exaltent. La précision des détails souligne les changements de lumière au fil des scènes. Prairies en fleurs ou sommet d’un glacier, errance à travers taillis et broussailles, brouillard…
Tombée du jour, tempête au paroxysme de ses rafales, bourrasques et déchainements hallucinants, Andris Nelsons, bras gauche tendu vers le ciel, commande aux éléments. Le calme revenu, les voix des bois suspendent le vol du temps. Descente dans les basses du spectre sonore, tombée de la nuit, tutti apaisé de l’immense formation…
Fresque rare, la Symphonie alpestre transporte ses auditeurs dans un monde d’atmosphères et de sensations à leur apogée.
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Salle Pleyel, Paris Le 18/01/2012 Claude HELLEU |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Andris Nelsons, avec la participation du violoniste Sergey Khachatryan à la salle Pleyel, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon, op. 61
Sergey Khachatryan, violon
Richard Strauss (1864-1969)
Eine Alpensinfonie op. 64
Orchestre de Paris
direction : Andris Nelsons | |
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