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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Deuxième soirée du festival Puccini+ de l’Opéra de Lyon, avec Sancta Susanna d’Hindemith mis en scène par John Fulljames et dirigé par Bernhard Kontarsky, et Suor Angelica de Puccini mis en scène par David Pountney et dirigé par Gaetano d’Espinosa.
Festival Puccini+ (2) :
Du blasphème à la sainteté
Orientation nettement plus religieuse pour cette deuxième soirée du cycle Puccini+ de l’Opéra de Lyon. Après l’expressionnisme blasphématoire de la Sancta Susanna génialement provocatrice de Paul Hindemith, Suor Angelica apaise les esprits. Un parcours des ténèbres à la lumière, du noir au blanc qui laisse sur une touche d’extase.
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Objet d’un scandale à sa création en 1922, la rarissime Sancta Susanna de Paul Hindemith compte parmi les ouvrages les plus radicaux de la période expressionniste, bouclant sa dramaturgie en vingt-cinq minutes d’une musique tirée au cordeau, d’une cruauté absolue dans l’exploration de la sexualité chez les religieuses.
Créé en France aussi tard qu’en 2003 à Montpellier, le sulfureux opéra est présenté à Lyon dans une scénographie dépouillée et sombre à souhait, silhouettes noires encapuchonnées tels d’inquiétants spectres, visages et corps couverts de signes démoniaques, deux acrobates tentateurs et un Christ en croix penché vers l’avant, qui se couchera littéralement sur une Susanne entièrement nue, offerte sur l’autel, déclenchant autant de « Satan ! » du collège de sœurs.
Bernhard Kontarsky, qui ne connaissait pas la partition il y a trois semaines lorsqu’il a été contacté pour remplacer Lothar Koenigs au déboulé, est d’une admirable précision, d’un dosage des masses parfaitement équilibré, et joue au mieux des tenues entre chien et loup d’une partition aussi sauvage que d’une poésie webernienne.
D’une diction irréprochable, la Klementia de Magdalena Anna Hofmann paraît seulement un peu jeune, tant scéniquement que vocalement, pour camper une religieuse ayant quarante ans d’ordination. La Susanna bien chantante et au joli timbre d’Agnes Selma Weiland ne craint pas d’exposer ses quelques rondeurs dans une scène finale d’une tension à couper le souffle, au moment où les plus redoutables aigus du rôle l’attendent au tournant. Chapeau.
Après pareil sommet de noirceur, les premières pages de Suor Angelica de Puccini sonnent avec une naïveté bucolique désarmante – le « péché » de Geneviève se rêvant à serrer un petit agneau dans ses bras. À la noirceur de John Fulljames, David Pountney oppose le blanc d’une structure en cellules carrelées immaculées, et sa monumentale statue de la Vierge.
On cherchera pourtant la vie théâtrale plutôt dans la fosse, où le fiévreux Gaetano d’Espinosa compense la sagesse de la scène. Mais Suor Angelica est surtout affaire de chant, et si l’on retiendra le rai de lumière de la Sœur Geneviève d’Ivana Rusko, qui rappelle la Constance des Carmélites de Poulenc, et la Zia Principessa intraitable, au bas registre autoritaire à souhait de Natascha Petrinsky, on restera sceptique face au rôle-titre bien rêche de Csilla Boross, aux nuances louables mais à la voix dure et aux aigus littéralement criés.
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Opéra national, Lyon Le 31/01/2012 Yannick MILLON |
| Deuxième soirée du festival Puccini+ de l’Opéra de Lyon, avec Sancta Susanna d’Hindemith mis en scène par John Fulljames et dirigé par Bernhard Kontarsky, et Suor Angelica de Puccini mis en scène par David Pountney et dirigé par Gaetano d’Espinosa. | Paul Hindemith (1895-1963)
Sancta Susanna, opéra en un acte op. 21
Livret d’August Stramm
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Lyon
direction : Bernhard Kontarsky
mise en scène : John Fulljames
décors : Johan Engels
costumes : Marie-Jeanne Lecca
Ă©clairages : Fabrice Kebour
préparation des chœurs : Alan Woodbridge
Avec :
Agnes Selma Weiland (Susanna), Magdalena Anna Hofmann (Klementia), Joanna Curelaru (la Vieille Nonne), Zoé Micha (une servante), Hervé Dez Martinez (un valet).
Giacomo Puccini (1854-1928)
Suor Angelica, opéra en un acte (1918)
Livret de Giovacchino Forzano
Maîtrise, Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Lyon
direction : Gaetano d’Espinosa
mise en scène : David Pountney
décors : Johan Engels
costumes : Marie-Jeanne Lecca
Ă©clairages : Fabrice Kebour
préparation des chœurs : Alan Woodbridge
Avec :
Csilla Boross (Sœur Angélique), Natascha Petrinsky (la Tante Princesse), Anna Destraël (l’Abbesse), Françoise Delplanque (la Sœur zélatrice), Kathleen Wilkinson (la Maîtresse des novices), Ivana Rusko (Sœur Geneviève), Sophie Lou (Sœur Osmina), Sylvie Malardenti (Sœur Dolcina), Elizaveta Soina (la Sœur infirmière). | |
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