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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert du New York Philharmonic sous la direction d’Alan Gilbert avec la participation du pianiste Lang Lang à la salle Pleyel, Paris.
Bartók transcendé
Dans une clarté absolue, le Deuxième Concerto pour piano de Bartók révèle son expressivité sans jamais faillir à sa rigueur. Un chef-d’œuvre d’interprétation par Lang Lang et le New York Philharmonic sous la direction d’Alan Gilbert. Entre la Feria de Magnus Lindberg et la Symphonie n° 5 de Prokofiev, le moment fort de ce concert à Pleyel.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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À jardin, en deux rangées très séparées, cuivres et bois devant ceux-ci, percussions au fond, cordes en face et à droite : la disposition inhabituelle de l’orchestre contribuera à rendre évidente la personnalité de ses pupitres dans une œuvre où les vents seuls interviennent au premier mouvement. À la tête du New York Philharmonic, Alan Gilbert donne en effet une interprétation inoubliable du Deuxième Concerto pour piano de Béla Bartók, transcendé par Lang Lang.
Dès l’attaque immédiate et déliée du piano saluée par les trompettes règne une lumière inattendue. Lang Lang, la virtuosité impérative, jette des feux d’une richesse de couleurs inédite. Technique éblouissante, basses magnifiquement présentes, aisance totale, souplesse, profondeur, éclat du toucher permettent même de nuancer les rythmes catégoriques qui déferlent sous ses doigts et d’habiter leurs timbres d’une éloquente musicalité.
Musicalité de timbres partagée avec ceux des vents complices. Cuivres et bois s’écoutent et s’unissent pour le meilleur. Un hautbois, un basson, une flûte, chacun a son mot à dire. Ce mouvement qu’on connaît si souvent brouillon, notamment lors du dernier concert de Pierre Boulez à la tête de l’Orchestre de Paris aux côtés de Bertrand Chamayou, surprend ce soir par la clarté de ses mouvances. Tenu par la rigueur de la partition, Lang Lang s’y révèle incomparable.
Et le demeure dans un deuxième mouvement abordé par les cordes en sourdine, seules à leur tour, que le pianiste rejoint tel un héraut sur le grondement des timbales. Phrasés épurés, erratiques, enchanteurs, notes répétées à la porte d’un mystère, silences pleins, pédale subtile, réponses des cordes pianissimo, poésie de rêve, chatoiement d’un monde aux ombres troublantes, angoisse montée peu à peu des tréfonds du clavier.
Le Presto en émerge : volubilité époustouflante du piano, toccatas élastiques, trilles arachnéens. L’expressivité de Lang Lang insuffle un souffle romantique à l’œuvre redoutable sans jamais occulter ses difficultés ni faillir à sa métrique implacable. Folie imaginative du troisième mouvement, défi et limpidité de ses martèlements hallucinés, de ses prouesses exaltantes et diaboliques.
Soliste et orchestre au complet emportés dans une fièvre commune s’épousent comme les partenaires indéfectibles d’une aventure hors norme. Car telle est bien celle, exceptionnelle, que Lang Lang, Alan Gilbert et le New York Philharmonic nous ont fait partager. Une Romance de Liszt plus banale est offerte en bis par un Lang Lang que ne tient plus l’autorité d’un carcan rythmique imperturbable.
Auparavant, écrite et composée en 1997, Feria, de Magnus Lindberg, dans un fouillis orchestral presque permanent, avait montré la gratuité bruyante de certains paroxysmes d’exubérance au prétexte d’une fête de rue.
1944 : la date de la Cinquième Symphonie de Prokofiev est importante, car message d’espoir et de victoire commandé au compositeur par les autorités d’U.R.S.S. Après la concentration du concerto de Bartók précédemment écouté, le lyrisme de son épopée, si précise en soit l’écriture, déroule son flux de sonorités sans émotion particulière dans le premier mouvement.
L’orchestration chargée de cet Andante initial épaissit des nuances peu perceptibles. L’Allegro marcato, en revanche, multiplie les évocations. Les pupitres s’y singularisent à tour de rôle, tous bons, aucun exceptionnel. Alan Gilbert n’a de cesse de galvaniser l’irrésistible partition telle une envolée de liberté.
Accents et stridences, tension de même justement funèbres de l’Adagio ouvrant le Finale portent son caractère implacable. Sans surcharge ni superflu ni superlatif, chef et orchestre donnent vie et grandeur à l’œuvre naturellement expressive.
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Salle Pleyel, Paris Le 07/02/2012 Claude HELLEU |
| Concert du New York Philharmonic sous la direction d’Alan Gilbert avec la participation du pianiste Lang Lang à la salle Pleyel, Paris. | Magnus Lindberg (*1958)
Feria
BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
Concerto pour piano et orchestre n° 2
Lang Lang, piano
SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n° 5
New York Philharmonic Orchestra
direction : Alan Gilbert | |
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