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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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La Passion selon St Marc par Ton Koopman au Festival de Beaune
Ton Koopman, un évangéliste un peu brouillon
Audacieux projet que celui de recréer une passion perdue de Johann Sebastian Bach, mais en réutilisant pour l'essentiel du matériel musical déjà connu. Ton Koopman n'avait pas convaincu au disque, sur scène, il s'est montré bien plus éloquent mais sans réussir à faire oublier les faiblesses de l'entreprise.
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À en croire Carl Philip Emmanunuel Bach, son père a composé “cinq Passions, dont une à deux choeurs”. On sait que cette dernière était la St Matthieu, la seconde à nous être parvenue étant la St Jean. Des autres, rien n'a été retrouvé à ce jour, si ce n'est le livret d'une Passion selon St Marc qui figure dans le troisième tome des oeuvres de Picander, et qu'une certaine tradition associe à la musique de la cantate funèbre BWV 198 “Trauerode”. S'appuyant sur les recherches du musicologue allemand Christoph Wolff, aidé en outre de sa propre expérience en tant qu'interprète de Bach, Ton Koopman remet en question cette association. À la place, il propose de reconstruire une St-Marc suivant le même procédé parodique, mais en utilisant sa propre sélection d'airs et de choeurs dans le corpus du Kantor., et en composant lui-même les récitatifs de l'Evangéliste comme du Christ. L'enregistrement qui en a résulté, n'avait guère convaincu, tant pour les choix “créatifs” que pour les options interprétatives. Le concert de Beaune était donc une excellente occasion de réexaminer le dossier.
Un premier constat s'impose : Koopman a eu le temps de mûrir son approche, et l'impression d'inachevé sensible au disque, a disparu. L'Amsterdam Baroque Choir & Orchestra a une nouvelle fois déployé une grande plénitude sonore, une justesse et une discipline remarquable. La distribution, elle, est largement inférieure au disque. À côté de Johanette Zomer, voix pleine et lumineuse, interprète convaincue, le ténor impersonnel Jörg Dürmüller ne fait pas oublier Paul Agnew et l'évangéliste indifférent de Max Ciolek est à quelques années lumières de Christoph Prégardien. Le Christ peu concerné de Marcus Marquardt est aussi bien en deçà de Peter Kooy. Reste l'alto de Bernhard Landauer dont les carences vocales sont intactes à la scène comme au disque ! Malgré Klaus Mertens, belle basse engagée, un plateau plus étoffé aurait sans doute mieux plaidé la cause de Koopman.
Sur la partition elle-même, une réserve de taille s'impose : si Koopman ne prétend pas être Bach, on aurait quand même apprécié plus audace dans l'écriture des récitatifs, trop faméliques et monotones. La présence éloquente de Koopman au continuo ne suffit pas à compenser cette carence. La St Marc étant postérieure à la St Matthieu, on imagine difficilement le Kantor abandonner les acquis de cette dernière, en particulier l'utilisation du récitatif accompagné à l'orchestre qui confère au Christ de la Saint Matthieu une dimension si surnaturelle. Les turbae ne sont dans l'ensemble pas plus convaincantes, surtout quand elles procèdent par échantillonnage de cantates voire de la St Matthieu. Lorsque Bach se parodie, ce n'est jamais pour amoindrir une partition ou l'amputer mais pour la développer, lui conférer une nouvelle ampleur. Enfin, la progression dramatique d'ensemble laisse à désirer mais il est vrai que le livret est mons fort que la St Matthieu et moins poignant que la St Jean. La copie de l'élève Koopman est honorable, mais il est vrai que le Maître est insurpassable...
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Festival de, Beaune Le 31/07/2000 Yutha TEP |
| La Passion selon St Marc par Ton Koopman au Festival de Beaune | Passion selon St Marc, reconstruction de Ton Koopman d'après Johann Sebastian Bach
Amsterdam Baroque Orchestra & Choir
Direction : Ton Koopman
Avec Johannette Zomer (soprano), Bernhard Landauer (alto), Max Ciolek (l'évangéliste), Jörg Dürmüller (ténor), Markus Marquardt (le Christ), Klaus Mertens (basse)
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