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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg sous la direction de Valery Gergiev à l'Auditorium de Lyon.
L'art du compromis
Après la Philharmonie de Vienne, c'est au tour du Mariinski d'être le prestigieux invité de l'Auditorium de Lyon, sous la baguette de son chef Valery Gergiev, qui livre un concert mémorable. Au lendemain des concerts Stravinski de Paris, le chef russe et sa phalange excellent en effet dans un répertoire dont ils sont coutumiers sinon familiers, dans un programme consacré à Chostakovitch et Mahler.
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La venue du Mariinski à Lyon sous la direction de Valery Gergiev est assurément un événement culturel de premier ordre qui légitime parfaitement une salle comble. Après la prestation un peu décevante de la Philharmonie de Vienne il y a deux ans, il n'est pas inintéressant de remarquer que le Mariinski s'accorde mieux de l'acoustique peu valorisante de l'Auditorium Maurice Ravel.
On notait en février 2010 un spectre sonore appauvri qui estompait les fabuleuses couleurs des Wiener. Certes, le Mariinski perd aussi de son panache, notamment avec des cordes plus impersonnelles, lointaines et une image sonore plus opaque qu'à l'accoutumée, mais la densité exceptionnelle de chacun des pupitres fait que la touche particulière de la formation pétersbourgeoise reste plus perceptible que l'extrême raffinement des Viennois.
Reste que la qualité des interprètes demeure exceptionnelle. Gergiev, réputé pour ses lectures engagées comme tout bon musicien appartenant à la sphère russe, semble, avec le temps, se polisser, sinon s'occidentaliser. Notre confrère Yannick Millon avait déjà eu l'occasion de le signaler lors de son passage à Dijon.
En résulte une sorte de compromis entre une vision véritablement vécue, marquée par une expression presque narrative du timbre, constamment modérée par une approche du son somme toute assez plastique. Comme si la Russie du nouveau siècle ne gardait plus que les stigmates de l’ère soviétique et que les forces de la vie et de la mort, tout en y restant vivaces, avaient perdu leur dramatique acuité.
Si les inconditionnels de sensations fortes seront peut-être un brin déçus, cet art du compromis conquiert. Car le maestro sait capter l'attention du public dans son champ énergétique puissant, jusqu'à sauver les faiblesses intentionnelles d'une Douzième Symphonie de Chostakovitch davantage destinée à rejoindre le catalogue des œuvres officielles que celle de ses ouvrages sincères.
Au gré d'une direction qui avance sans cesse, tout en ne sacrifiant jamais l'élément narratif, le chef ossète, aux commandes d'un Mariinski fin prêt et aux pupitres de vents remarquables, restitue tous les contours d'une partition à la manière d'un opus cinématographique à la Eisenstein. Cet art du compromis se retrouvera aussi dans sa lecture de la Cinquième Symphonie de Mahler.
Accusant les ruptures de tempo ou de style, Gergiev se trouve parfaitement à son aise dans l'écriture hétérogène du maître viennois. Nonobstant les couleurs propres au Mariinski, son Mahler paraîtrait presque traditionnel, loin des visions ultra-personnelles d’un Harding ou encore d’un Salonen.
Mais jamais il ne manque de sensibilité, jamais il ne fait preuve de cette sensorialité sans âme, cette absence de libido vitalis qui caractérise les interprétations susmentionnées. Cordes de chair, cors impressionnants de densité sonore, pupitre de bois idéal, percussions lapidaires, tout reste au service d'un vécu. Au final, cet art du compromis constitue en soi une synthèse mahlérienne.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 11/03/2012 Benjamin GRENARD |
| Concert de l'Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg sous la direction de Valery Gergiev à l'Auditorium de Lyon. | Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n°12, en ré mineur op. 112 « L'année 1917 »(1960-1961)
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 5 en ut# mineur (1904)
Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg
direction : Valery Gergiev | |
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