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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Passion selon saint Matthieu de Bach sous la direction de Pierre Cao au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Passion de force tranquille
C’est une Saint Matthieu inspirée qu’a dirigé Pierre Cao à la tête du chœur professionnel Arsys Bourgogne et des Talents lyriques, avec la participation émouvante des voix d’enfants de la Maîtrise de Paris. Une exécution entre force tranquille et lyrisme pudique, où le pouvoir évocateur du ténor Markus Schäfer aura transcendé le récit de l’Évangéliste.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 02/04/2012
Claude HELLEU
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Ferveur dès les premières mesures de l’œuvre sublime de Bach. Lignes épurées des cordes et des bois sous la direction inspirée de Pierre Cao. Gravité du premier choral, interpellations détachées, où le chœur d’enfants de la Maîtrise de Paris tient sa part sobrement implorante.
Au-dessus des musiciens, le texte accompagne notre écoute. Les deux orchestres et les deux chœurs, l’Évangéliste et le Christ devant, entourent Pierre Cao. Entre eux et au fond de la scène, les quatre solistes. L’ensemble de musique instrumentale et vocale les Talens lyriques, créé il y a vingt ans par Christophe Rousset et le chœur Arsys Bourgogne, que Cao a créé et dirige depuis 1999, participent en parfaite union du même drame, évoqué par un Evangéliste exceptionnel.
Markus Schäffer, ténor à la tessiture lumineuse, éclaire ce récit de souffrance et d’amour. Chaque phrase porte, humanité et piété projetées dans la sensibilité d’un timbre splendide irradiant la diction parfaite et les modulations inspirées. C’est lui qui nous emmène sur les pas de Jésus, nous élève jusqu’au Golgotha. Où le Christ mourra come il a vécu ses dernières heures, dignement. La basse Wilhelm Schwinghammer dit ses paroles en homme qui accepte son destin et l’incarne avec sagesse.
Tout pittoresque banni de la partition de Bach, la passion racontée déroule ses étapes sans jamais faiblir d’intensité. L’équilibre vocal et instrumental demeure limpide dans l’entrelacs musical captivant des deux chœurs et des deux orchestres, où chœurs de turba, chorals, arias précédés d’ariosos d’une expressivité chaleureuse, accompagnements instrumentaux et soli des flûtes, hautbois, cordes, bassons, se vouent au message dont ils témoignent.
La foi impose sa force tranquille aux ardeurs d’un lyrisme pudique. Une extraordinaire tendresse imprègne la mise en valeur du texte. L’équilibre des masses sonores, la légèreté des instruments, les couleurs et la clarté du double chœur, la vivacité spontanée, la pureté passionnée de ses élans affectifs demeurent sans jamais faillir à leur mission, ressusciter une histoire tragique et sublime d’amour absolu.
Maître de la tension d’un dénuement sans pareils, aussi visionnaire que minutieux, Pierre Cao nous révèle conjointement le dépouillement et l’infinie richesse du chef-d’œuvre du Cantor de Leipzig.
Néanmoins, assertions de foi d’une communauté de fidèles, méditations individuelles, prophéties ou présent revécu ne sont pas tous habités de la même inspiration selon les solistes. Il y a ceux qui incarnent leur rôle et ceux qui les chantent.
La mezzo-soprano Marianne Beate Kielland avale trop de syllabes au profit de sa respiration et ne varie guère ses intonations, da capo identiques, la soprano Sabine Goetz est seulement irréprochable. Mais en duo elles seront magnifiques.
En revanche, Simon Bode, jeune ténor remarquable, insuffle une vraie conviction à la puissance précise de sa voix. Quant au baryton Markus Flaig, l’émission inégale, la justesse parfois approximative, la platitude de ses arias, la routine de ses da capo traîne et réussit à nous ennuyer.
Ce ne sont que passages dont la faiblesse souligne d’autant l’événement auquel nous assistons grâce à ceux qui en retransmettent l’éternel défi. Chef-d’œuvre auquel Bach a consacré une immense poussée d’énergie créatrice, la Passion selon saint Matthieu réunit interprètes et auditeurs, guidés vers la même élévation.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 02/04/2012 Claude HELLEU |
| Passion selon saint Matthieu de Bach sous la direction de Pierre Cao au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johann-Sebastian Bach (1685-1750)
Matthäus-Passion
Markus Schäfer (Évangéliste)
Wilhelm Schwinghammer (JĂ©sus)
Sabine Goetz, soprano
Marianne Beate Kielland, mezzo-soprano
Simon Bode, ténor
Markus Flaig, basse
Chœur Arsys Bourgogne
Maîtrise de Paris
Les Talens Lyriques
direction : Pierre Cao | |
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