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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Denis Matsuev au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Piano clinquant
Qui aura lu notre récent compte rendu du récital du Norvégien Leif Ove Andsnes ne s’étonnera pas que l’on n’affiche le même enthousiasme pour le Russe Denis Matsuev lui succédant trois semaines plus tard sur la même scène du TCE. À la recherche du juste son et à la pondération succèdent la virtuosité tape à l’œil et le piano clinquant.
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À trente-sept ans, Denis Leonidovitch Matsouïev, né à Irkoutsk (Sibérie orientale) dans une famille de musiciens et ayant eu pour maîtres Alekseï Nassedkine puis Sergueï Dorenski, s’est taillé depuis son Premier prix au Concours international Tchaïkovski remporté en 1998 à Moscou, une place indéniable sur la scène pianistique européenne.
Véritable colosse, ayant pratiqué hockey sur glace et football, il impose à son instrument une densité de présence que vient quelque peu contredire une nervosité dans la démarche et de nombreux tics en jouant. Des doigts, il en a à revendre, peut être un peu trop pour les fragiles Scènes d’enfants de Schumann avec qui il a ouvert son récital avec d’emblée une quantité de son qui ne sied ni à l’œuvre, ni au lieu.
Traits bousculés, effets de virtuosité là où rien ne l’exige, car si la moindre de ces pièces est plus difficile à réussir qu’une Rhapsodie hongroise de Liszt, ce n’est pas pour des raisons de rapidité… Quelques moments poétiques indéniables, pas dans la Rêverie curieusement désarticulée, mais dans Presque trop sérieux et Le poète parle.
Pris à une vitesse inexplicable et avec des brutalités incompréhensibles, Carnaval appelle les mêmes remarques avec quelques bons moments (Chopin, Promenade) mais un insupportable appel aux applaudissements en transformant la Marche des Compagnons de David contre les Philistins en morceau à effets.
Avec Grieg, on trouve des moments de poésie et d’apaisement dans les Six images op. 3 et une sincère tentative de faire ressortir le romantisme échevelé de la juvénile Sonate op. 7.
C’est véritablement avec Méphisto-Valse de Liszt dont les arpèges diaboliques et les grands sauts d’intervalle font un morceau à sensation que s’épanouit vraiment la nature de Denis Matsuev, dont la virtuosité impeccable fait penser que quinze ans après, le pianiste a encore toutes ses chances dans ce que sont devenus aujourd’hui les concours internationaux de piano.
Et, on l’a dit, son véritable public en redemande en l’entraînant à jouer une véritable troisième mi-temps. Plusieurs pièces de Rachmaninov, spécialité de la maison (ses concertos avec Gergiev sont fameux à juste titre comme on peut en juger dans les enregistrements), jouées avec un romantisme et une palette de couleurs admirables, précédant une longue et laborieuse paraphrase de l’air de Figaro du Barbier de Séville.
Et enfin, avec un étalage technique qui contredisait l’esprit même du genre, une improvisation jazzy hors sujet mais très appréciée par un public au comble de l’excitation. Pourquoi donc lui infliger Schumann ?
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 17/04/2012 Olivier BRUNEL |
| Récital du pianiste Denis Matsuev au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Robert Schumann (1810-1856)
Kinderszenen op. 15
Carnaval op. 9
Edvard Grieg (1843-1907)
Six images poétiques op. 3
Sonate en mi mineur op. 7
Franz Liszt (1811-1886)
Méphisto-Valse n° 1 S. 154
Denis Matsuev, piano | |
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