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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Requiem de Berlioz sous la direction de John Eliot Gardiner en clĂ´ture du festival de Saint-Denis 2012.
Au plus haut des cieux
En clôture du Festival de Saint-Denis et dans la lumière de sa basilique cathédrale, transcendés par la ferveur que leur insuffle Sir John Eliot Gardiner, les interprètes du Requiem de Berlioz ont élevé l’œuvre préférée du compositeur au sommet de sa puissance et de sa spiritualité. Un moment exceptionnel. Où la beauté devient splendeur.
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Requiem aeternam. Dans la lumière qui traverse les vitraux de la basilique de Saint-Denis, les voix s’élèvent et nous transmettent leur recueillement. Nous voici, croyants ou non, devenus des fidèles de l’Église à l’écoute d’un Requiem qui va nous bouleverser tout au long de ses mouvements, s’élevant vers des cieux où son auteur, s’il y est, partage notre bonheur.
« Si j’étais menacé de voir brûler mon œuvre entière, moins une partition, c’est pour la Messe des morts que je demanderais grâce », a écrit Berlioz. L’entendre ainsi visitée ne pouvait que combler l’écoute de son œuvre préférée.
Recueillement, retenue, louange. Peine et prière. Et Jour de colère. Angoisse. Les quatre-vingts sopranos, soixante ténors, soixante-dix basses du Monteverdi Choir et du Chœur de Radio France annoncent la terreur. Cataclysme musical. Feu dévastateur des quatre ensembles de cuivres, soutenus des seize timbales, deux grosses caisses et quatre gongs de l’Orchestre national de France.
Interpellations et réponses, fusion admirable de tous ces timbres vocaux et instrumentaux. Clarté de lignes sidérante quand on connaît les problèmes de résonnance d’un tel lieu. Mais c’est John Eliot Gardiner qui dirige. Sa maîtrise de l’acoustique compose si parfaitement avec l’espace que masses vocales et orchestrales se déploient et se révèlent dans toute leur vérité.
Le charisme du chef anglais, la transcendance de l’esprit qu’il insuffle à cette multitude de musiciens réunis et unis pour le meilleur de l’œuvre colossale exaltent de même leur public. Voici sur les cordes basses huit bassons et deux cors anglais liés aux chœurs, le cœur broyé comme cendre. Tristesse, ferveur et supplique.
L’a cappella du Quaerens me détache son espérance en phrases limpides, réussit des silences sans la moindre bavure. La précision des voix, la profondeur des couleurs irradient la calme douceur de ce mouvement avant le dramatique Lacrymosa.
L’audace des cuivres sur le grondement des percussions laisse à découvert le chant douloureux des vingt-cinq premiers violons, vingt-cinq seconds violons, vingt altos, vingt violoncelles, dix-huit contrebasses en accompagnement du Chœur. Intensité de leur decrescendo.
Et c’est l’Offertoire, où le chœur s’entremêle avec la mélodie de l’orchestre dans un même bouleversement. Voix masculines, tessitures distinctes, trombones, flûtes et cordes de l’Hostias avant que s’élève, tout là -haut, au-dessus des chœurs disposés en gradins derrière l’orchestre, le Sanctus du ténor solo.
Élan irrésistible de ce mot trois fois répété. Michael Spyres l’habite et le projette, évident, puissant, glorieux, et ce Sanctus monte et les flûtes et les voix féminines et tout l’orchestre le suivent, pareillement inspirés, Hosanna in excelcis, la louange transporte tout un chacun dans cette basilique pleine à craquer. Lumière éclatante et lumière apaisante, Agnus Dei.
Des moments sont offerts où la beauté devient splendeur et l’émotion ferveur. La dernière note retombée, limpide, un grand silence règne. Tête penchée, Sir Eliot Gardiner demeurait immobile. Et puis il s’est retourné, le visage ravagé, magnifié. Alors l’ovation a libéré le public de son trop plein d’enthousiasme.
Nous redescendions sur terre, où reste en nous le bonheur de la communion vécue avec ce Requiem de Berlioz, une conclusion magistrale du festival de Saint-Denis ouvert avec un autre Requiem, celui de Mozart.
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Basilique, Saint-Denis Le 30/06/2012 Claude HELLEU |
| Requiem de Berlioz sous la direction de John Eliot Gardiner en clĂ´ture du festival de Saint-Denis 2012. | Berlioz (1803-1869)
Grande Messe des morts op. 5
Michael Spyres, ténor
Monteverdi Choir
Chœur de Radio France
Orchestre Nationale de France
direction : Sir John Eliot Gardiner | |
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