Le Verbier Festival achève une deuxième décade de son existence avec une forme et un optimisme qui semblent défier les temps de crise. Lors de son discours d’ouverture, son fondateur et directeur général Martin Engstroem n’a-t-il pas annoncé pour la prochaine édition la création d’une nouvelle activité pédagogique orchestrale qui s’ajoutera aux deux déjà existantes. Le Verbier Festival Music Camp, nouvelle initiative du Verbier Festival en matière d’éducation musicale, débutera à l’été 2013 (du 7 au 29 juillet) et sera dirigé par le chef d’orchestre britannique Daniel Harding.

Il s’ouvrira à une soixantaine de jeunes instrumentistes de 15 à 17 ans pour une expérience musicale alliant séances d’orchestre, activités sportives et découverte du Festival. Cela portera le nombre de musiciens présents à Verbier pendant le Festival à plus de 250. Le public se diversifie également, chaque fois plus international, tout comme les musiciens des différentes formations ou participant aux masterclasses venus cet été de très nombreux pays.

Le concert d’ouverture qui s’est déroulé sous une pluie battante altérant un peu les conditions acoustiques de la grande salle des Combins, comportait une hésitante ouverture d’Euryanthe de Carl Maria von Weber suivie du Double Concerto pour violon, violoncelle et orchestre de Johannes Brahms. Le travail de l’orchestre un peu scolaire dans ce concerto contraste vivement avec les qualités de sonorité admirables, les phrasés si chambristes et l’entente parfaite entre les deux frères Capuçon qui forçaient l’admiration.

Peu de solistes réussissent à donner une cohérence à cette œuvre tardive et un peu disparate de Brahms. La direction de Charles Dutoit hésite mollement entre l’accentuation du caractère rhapsodique de l’œuvre et l’atténuation de son caractère romantique. Le bis extrêmement rodé et très à propos des frères Capuçon, une transcription pour violon et violoncelle d’une Chaconne de Haendel, vient renforcer l’admiration que suscite une telle perfection dans la collaboration artistique et la parfaite entente musicale.

Beaucoup plus cohérente et préparée, l’interprétation de la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski par cette jeune phalange laissera un meilleur souvenir. Les qualités individuelles des vents et cuivres, la cohésion des pupitres de cordes sont les grands atouts de cette réussite, même si la direction de Charles Dutoit, toujours un peu en-dessous du minimum de flamme que l’on attend dans ces œuvres passionnées, laisse un arrière-goût de trop peu.