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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production du Labyrinthe de Peter von Winter dans une mise en scène d’Alexandra Liedtke et sous la direction d’Ivor Bolton au festival de Salzbourg 2012.
Salzbourg 2012 (4) :
La magie d’une Flûte bis
Malin Hartelius (Pamina)
Parfaitement en phase avec le cahier des charges du festival de Salzbourg, l’opéra le Labyrinthe de Peter von Winter, contemporain de Mozart, constitue une excellente découverte en ce qu’il propose, sept ans après sa création, la suite de la Flûte enchantée. Un magnifique hommage, dans le cadre rêvé de la cour de la Residenz.
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Si l’on s’étonnait récemment du choix d’un blockbuster comme la Bohème dans un festival de Salzbourg dont ce n’est pas vraiment la vocation, la programmation par Alexander Pereira pour son début de mandat du Labyrinthe, conçu clairement comme la deuxième partie de la Flûte enchantée de Mozart, a en revanche toute sa place dans la cité autrichienne.
Qui connaît encore l’existence de cette partition savoureuse créée avec un réel succès à Vienne en 1798 ? Goethe le premier avait émis l’idée d’une suite à la Flûte, mais c’est finalement Schikaneder lui-même qui reprit la plume avec le concours musical de Peter von Winter, violoniste puis Kapellmeister à la cour de Mannheim, sa ville natale, qui venait de connaître un franc succès avec son opéra Das unterbrochene Opferfest.
Habile artisan capable de s’illustrer dans tous les genres opératiques d’alors, et de moduler son style en fonction, le compositeur allemand n’était guère complexé par l’idée de succéder à Mozart. Mieux, la première chose qui frappe ici est un ton mozartien parfaitement assimilé, jamais bêtement plagié, même si le langage, moins concis, n’est bien entendu pas autant touché par la grâce et la perfection des proportions.
L’écriture largement durchkomponiert et un caractère plus dramatique et virtuose n’enlèvent rien à la qualité de ce véritable hommage – Sarastro et ses airs avec chœur, la musique populaire de Papageno doublée par les violons, le Glockenspiel, les trois Génies en écho aux Knaben.
Sans trop dévoiler l’intrigue, car le spectacle devrait être édité en vidéo, Schikaneder est parti de la rancœur de la Reine de la nuit, dans un nouveau plan maléfique mené par ses Trois Dames et un Monostatos passé à l’ennemi afin de faire voler en éclats le mariage des deux couples de la Flûte enchantée.
Nouvelles épreuves donc pour des personnages se plaignant avec clin d’œil d’avoir déjà été mis amplement à contribution par le passé, et notamment un labyrinthe à l’aveugle pour Pamina, promise par sa Reine de mère à l’un de ses affidés, le roi Tipheus du royaume de Paphos.
On s’amuse entre autres beaucoup des tests de fidélité réservés à Papageno, d’abord blanc comme neige puis se laissant charmer par une princesse noire promise par Monostatos, et qui retrouve au passage ses parents et toute leur ribambelle de bambins.
Dans le cadre estival d’une représentation en plein air, la cour de la Résidence des princes-archevêques de Salzbourg est l’écrin idéal pour l’atmosphère féérique de la dramaturgie, surtout par une belle soirée où le faux toit entièrement ouvert laisse passer nuages et lueurs crépusculaires.
La jeune Alexandra Liedtke n’a pas cherché à imposer un quelconque détournement du livret, se contentant de jouer des contraintes du lieu avec un maximum d’habileté, utilisant les fenêtres de la cour et un théâtre miniature, le tout devant des panneaux lumineux éclairant le spectacle avec une lisibilité impeccable.
Jouant le jeu jusqu’au bout, à l’exception de Monostatos confié à un baryton, la typologie vocale respecte Mozart à la lettre, la distribution pouvant être celle d’une Zauberflöte – elle est d’ailleurs assez nettement supérieure à celle qu’Harnoncourt propose quelques rues plus loin au Manège des rochers.
Michael Schade s’accommode au mieux du surplus de puissance de ce nouveau Tamino, face à une Malin Hartelius modèle absolu de chant viennois, petit noyau mais radiance intacte, dans une écriture de Pamina beaucoup plus virtuose rappelant la Konstanze de l’Enlèvement au sérail.
Christof Fischesser n’est guère inquiété par les notes sépulcrales multipliées de Sarastro, alors que la Reine de la nuit de Julia Novikova souffre d’un médium trop inaudible pour la colère de Luna, pourtant digne de l’Elettra d’Idoménée. Dans la lignée du grand frère mozartien, le Papageno de Thomas Tatzl joue le côté faubourien avec distinction, mais sans moyens ébouriffants – un aigu un peu serré.
Le vétéran Anton Scharinger, idéal de faconde en Papageno père, la Papagena à croquer de Regula Mühlemann, le Tipheus mordant de Clemens Unterreiner et trois Dames bien perfides participent de la qualité générale du plateau, dont la captation retransmettra sans doute mieux une présence vocale assez mince en extérieur.
L’Orchestre du Mozarteum devrait lui aussi gagner en impact à la vidéo, la direction roide et énergique d’Ivor Bolton filant tels les ballons de Papageno droit dans le ciel salzbourgeois. Grand coup de chapeau enfin au Bachchor de Salzbourg, très présent en texte, en cohésion sonore et en fraîcheur – l’âge de ses membres dépassant rarement la trentaine –, qui fait honneur à une partition où le chœur est un personnage à part entière.
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Residenzhof, Salzburg Le 09/08/2012 Yannick MILLON |
| Nouvelle production du Labyrinthe de Peter von Winter dans une mise en scène d’Alexandra Liedtke et sous la direction d’Ivor Bolton au festival de Salzbourg 2012. | Peter von Winter (1754-1825)
Das Labyrinth oder Der Kampf mit den Elementen, eine groĂźe heroisch-komische Oper en deux actes (1798)
Livret d’Emanuel Schikaneder
Salzburger Festspiele und Theater Kinderchor
Salzburger Bachchor
Mozarteumorchester Salzburg
direction : Ivor Bolton
mise en scène : Alexandra Liedtke
décors : Raimund Orfeo Voigt
costumes : Susanne Bisovsky & Elisabeth Binder-Neururer
Ă©clairages : Peter Bandl
préparation des chœurs : Alois Glassner & Wolfgang Götz
Avec :
Christof Fischesser (Sarastro), Julia Novikova (Königin der Nacht), Malin Hartelius (Pamina), Michael Schade (Tamino), Thomas Tatzl (Papageno), Regula Mühlemann (Papagena), Anton Scharinger (Alter Papageno), Ute Gfrerer (Alte Papagena), Nina Bernsteiner (Erste Dame / Venus), Christina Daletska (Zweite Dame / Amor), Monica Bohinec (Dritte Dame / Page), Klaus Kuttler (Monostatos / Dritter Mohr), Clemens Unterreiner (Tipheus), Philippe Sly (Sithos), Mauro Peter (Erster Mohr), Manuel Günther (Zweiter Mohr / Priester), Zoltan Nagy (Vierter Mohr), Shantia Ullmann (Oberpriesterin), Theater Kinderchores (Drei Genien). | |
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