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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert de Tamerlano de Haendel sous la direction de Marc Minkowski au festival de Salzbourg 2012.
Salzbourg 2012 (5) :
Théâtre à l’italienne
Indéniable curiosité que ce Tamerlano de Haendel en version de concert à Salzbourg avec Plácido Domingo ; on en vient à douter si l’hétérogénéité du plateau est délibérée, tant le résultat fait se succéder de vocalités différentes. Essai de transposition contemporaine du théâtre à l’italienne ou simple événement médiatique dans l’air du temps ?
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On sait que l’opera seria repose sur une dramaturgie très particulière, où ce qui nous semble aujourd’hui un catalogue d’airs était à l’époque en accord avec les circonstances sociales de la représentation – salle éclairée, public parlant, se restaurant –, d’où un effort des metteurs en scène modernes pour revitaliser le genre.
Ici tout est clair : pas de scène, la salle éclairée, mais surtout pas d’argument, relégué au second plan par un plateau invraisemblablement hétéroclite – le doit-on à un hasard malheureux, ou au discernement suprême de prétendre ainsi par la seule caractérisation des voix suppléer l’absence d’action dramatique ?
Perdus dans le Großes Festspielhaus, les Musiciens du Louvre sembleraient presque accompagner une succession de numéros de revue, salués par le public dans une ambiance de cabaret qui est peut-être le pendant contemporain du théâtre à l’italienne.
Premier en lice, les yeux rivés sur une partition où il frôle plusieurs fois le décalage sans retour, un Plácido Domingo pénétré de son personnage mais bien à la peine stylistiquement, d’intonation et de mise en place approximatives, sans agilité, aux ornements maladroits, mais avec cette émission éblouissante, cette générosité presque démesurée où chaque intention est d’un Cavaradossi à l’agonie.
En comparaison, l’Andronico tout en pleurs de Franco Fagioli grimace tout son soûl, preuve qu’une émission complètement tubée permet du moins de réussir ses aigus : le médium et le grave, assez épouvantables d’artifice et dont on ne comprend pas un mot, sont compensés par une virtuosité solide et un aigu vigoureux dans ce rôle dolent écrit pour Senesino.
Tamerlano est l’exact inverse, Bejun Mehta rhéteur en diable, spontané dans l’émission et dans le débit – avec parfois certaines verdeurs dignes de Dominique Visse –, montrant que l’éloquence est surtout question de rapidité, mais dont les aigus perdent brusquement impact et solidité – alors que pour le coup le rôle enchaîne les airs de bravoure.
Tout ce petit monde se dispute les faveurs de l’Asteria chaste et pure de Julia Lezhneva, modèle absolu de bel canto dans le refus de la dureté, dans la précision des coloratures – malgré des trilles mécaniques –, dans le soin apporté à chaque inflexion et dans la plasticité du timbre allant d’un blanc sans vibrato à un moelleux chatoyant façon Callas. On peut ne pas aimer la modestie d’un chant qui place l’engagement physique en retrait de la musique, mais le résultat est assez éblouissant.
Viennent enfin Marianne Crebassa, Irene solide, voix impersonnelle écrasant le médium, les a et les désinences, mais satisfaisant aux exigences du rôle en matière de vélocité et de tessiture, et le Leone royal mais exotique de Michael Volle, façon Sprecher de la Flûte enchantée, doté d’une fort belle matière mais d’un italien quelque peu rêche.
Le public, enchanté de cette galerie de portraits qu’il applaudit goulûment à chaque fois, ne semble pas remarquer les cadences systématiquement brouillonnes de Marc Minkowski, qui suscite ici ou là de très belles délicatesses – surtout quand Lezhneva va jusqu’à l’impalpable – malgré des bois parfois opaques et une plus grande adresse dans les passages nerveux.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 09/08/2012 Thomas COUBRONNE |
| Version de concert de Tamerlano de Haendel sous la direction de Marc Minkowski au festival de Salzbourg 2012. | Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Tamerlano, opera-seria en trois actes HWV 18
Bejun Mehta (Tamerlano)
Plácido Domingo (Bajazet)
Julia Lezhneva (Asteria)
Franco Fagioli (Andronico)
Marianne Crebassa (Irene)
Michael Volle (Leone)
Les Musiciens du Louvre Grenoble
direction : Marc Minkowski | |
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