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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Première à l’Opéra de Paris de la Fille du régiment de Donizetti dans la mise en scène de Laurent Pelly, sous la direction de Marco Armiliato.
Derniers feux avant l’austérité
La Fille du régiment revient à l’Opéra de Paris après un quart de siècle d’absence. Les dernières représentations données à la salle Favart en 1986 et 1988 affichaient June Anderson et Alfredo Kraus. Pour reprendre la mise en scène londonienne de 2007 de Laurent Pelly, ce sont Natalie Dessay et Juan Diego Flórez qui font un triomphe à l’Opéra Bastille.
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C’est évidement un grand écart pour un opéra-comique que de passer d’une scène pour laquelle il fut créé en 1840 à l’immense salle de l’Opéra Bastille. Mais, rentabilité oblige !, la mise en scène pensée par Laurent Pelly en 2007 pour le Royal Opera House Covent Garden de Londres, qui a voyagé à Vienne, New York et Barcelone, a été conçue pour de grands espaces scéniques.
Des montagnes de cartes du Tyrol meublent la scène au I et sont ensuite occupées par les murs d’un salon pour évoquer le château des Berkenfield. Des posters comiques descendent des cintres et les très habiles éclairages de Joël Adam réussissent à délimiter des espaces de jeux plus restreints pour les scènes d’intimité.
La réécriture des dialogues avec une fortune inégale acclimate la transposition, sans réelle conséquence sur l’histoire, de l’époque napoléonienne à celle de la guerre de 1914-1918. On ne peut pas dire que tout soit d’une grande finesse, on frise même parfois la vulgarité mais, ne boudons pas notre plaisir, tout fonctionne à merveille.
Et cela grâce à trois chanteurs-acteurs ayant une énergie communicative et à un chœur qui bouge de façon chorégraphique. Alessandro Corbelli campe avec un formidable abattage le sergent Sulpice, tête du régiment, Natalie Dessay joue et parfois surjoue le rôle de Marie avec le talent que l’on sait et, la bonne surprise vient de Juan Diego Flórez, que Pelly a réussi à sortir d’une réserve plutôt gauche pour donner à son personnage une sincérité, une crédibilité tout à fait attendrissantes.
Doris Lamprecht campe aussi, mais de façon plus monomorphe, le personnage de la méchante Marquise qui devient plus humaine quand, à la fin de l’opéra, sa faute est connue de tous. Pour le chant, une génération relève bien celle Anderson et Kraus. Contrairement à ses deux derniers rôles sur la scène parisienne (dans Manon et Giulio Cesare), Natalie Dessay chante Marie avec les exacts moyens du rôle. Pour le charme vocal, c’est autre chose, mais n’enlevons pas à leurs illusions ses admirateurs inconditionnels.
C’est cependant Juan Diego Flórez qui a l’applaudimètre a transporté le public. Autant dans l’acrobatique Militaire et mari aux neuf contre-ut que dans la romance du deuxième acte, à son dire beaucoup plus difficile à négocier pour le souffle au stade où il en est de sa carrière.
N’oublions pas Felicity Lott, pas très convaincante dans son numéro d’anglaise acariâtre dans le rôle parlé de la Duchesse de Crakentorp auquel elle a interpolé, à l’instar de Montserrat Caballé en 2007 à Vienne (mais avec infiniment moins d’humour et de panache), la chanson du folklore bernois Mein G’schatzli, ne serait-ce que pour souligner le luxe que représente ce choix.
On doute que cela reste possible dans la période d’austérité dans laquelle, comme l’actualité récente nous l’a appris, doit entrer le budget de l’Opéra de Paris.
Opéra Bastille, jusqu’au 11 novembre.
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Opéra Bastille, Paris Le 15/10/2012 Olivier BRUNEL |
| Première à l’Opéra de Paris de la Fille du régiment de Donizetti dans la mise en scène de Laurent Pelly, sous la direction de Marco Armiliato. | Gaetano Donizetti (1797-1848)
La Fille du régiment, opéra-comique en deux actes (1840)
Livret de Jules Henri Vernoy de Saint-Georges et Jean-François Alfred Bayard
Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Marco Armiliato
mise en scène & costumes : Laurent Pelly
décors : Chantal Thomas
éclairages : Joël Adam
chorégraphie : Laura Scozzi
préparation du chœur : Patrick Marie Aubert
Avec :
Natalie Dessay (Marie), Doris Lamprecht (La Marquise de Berkenfield), Dame Felicity Lott (La Duchesse de Crakentorp), Juan Diego FlĂłrez (Tonio), Alessandro Corbelli (Sulpice), Francis Dudziak (Hortensius), Robert Catania (un paysan), Daejin Bang (le Caporal). | |
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