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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert d’Iolanta de Tchaïkovski avec la soprano Anna Netrebko dans la série des Grandes Voix à la salle Pleyel, Paris.
Iolanta sur les sommets
Triomphe absolu pour Anna Netrebko et ailleurs pour tous les autres membres de la distribution de cette Iolanta de Tchaïkovski donnée en concert salle Pleyel. La belle soprano russe ne serait-elle pas finalement l’une des vraies et rares très belles voix actuelles ? Entourée par d’excellents partenaires masculins, elle est absolument éblouissante.
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Iolanta, ultime opéra de Tchaïkovski, gagne sans doute à être donné en concert. On évite ainsi autant un Moyen Âge figuratif style tapisseries d’époque qu’une improbable transposition dans le temps et l’espace à la mode où le roi René serait un potentat africain ou moyen-oriental. La lumineuse beauté d’Anna Netrebko, sa magique robe rose suffisent à occuper l’œil et à meubler l’imagination.
Conte initiatique à la fois si simple et tellement compliqué si l’on plonge vers ses profondeurs, Iolanta reste à part tant dans l’œuvre du compositeur que dans l’histoire de l’opéra. Le livret de Modeste Tchaïkovski inspiré par la Fille du roi René d’Henrik Hertz est-il trop convenu ?
Peut-être dans sa forme, mais certainement pas dans ce qu’il exprime, c’est-à -dire cette ouverture au monde, à la nature, à la lumière qu’engendre l’amour, seul capable de mener à la vraie vie et à une réconciliation avec l’univers. Cet hymne à l’amour absolu qui naît de la seule perception aveugle de l’autre est forcément lourd de signification chez un être dont l’affectivité a été aussi tourmentée et douloureuse que Tchaïkovski.
On ne peut donc s’étonner des merveilles contenues dans cette partition où voix, chœurs et orchestre s’expriment avec générosité, et parviennent en une heure trente à exprimer toutes les nuances de cette approche compliquée d’un l’idéal amoureux proche de celui des temps chevaleresques mais, en fait, éternel.
Rôle lourd, exigeant autant de puissance que de délicatesse, Iolanta permet à Anna Netrebko de rappeler qu’elle y est inégalable, exprimant aussi bien l’innocence que l’ardeur, la paix que la passion. La voix est splendide de timbre, de matière, de facilité sur toute la tessiture, charnue, colorée, tout ce dont on peut rêver. Si ses trois partenaires féminines aux interventions mesurées sont sans reproche, c’est davantage de la distribution masculine qu’il convient de parler.
Du ténor russe Sergei Skorokhodov d’abord, voix égale et facile, timbre riche, parfaite musicalité et sympathique prestance scénique donnant une belle crédibilité au romantique personnage de Vaudémont. Et c’est une prouesse que de ne pas disparaître à côté d’une partenaire comme Netrebko. Excellents aussi à tous égards, le roi René de Vitalij Kowaljow et le très brillant duc de Bourgogne de Lucas Meachem. Des voix graves riches de couleur, bien projetées, menées avec intelligence.
À la tête de l’Orchestre philharmonique et du Chœur de chambre slovènes, Emmanuel Villaume parvient à maintenir une intéressante homogénéité entre distribution vocale et partition orchestrale, ce qui n’était pas gagné d’avance avec pareils solistes. Ce ne fut jamais du chant accompagné, mais bien une démarche commune.
Le public crie son enthousiasme Ă la fin de ces quatre-vingt-dix minutes intenses, et on le comprend !
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Salle Pleyel, Paris Le 11/11/2012 GĂ©rard MANNONI |
| Version de concert d’Iolanta de Tchaïkovski avec la soprano Anna Netrebko dans la série des Grandes Voix à la salle Pleyel, Paris. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Iolanta, opéra en un acte op. 69 (1892)
Livret de Modeste TchaĂŻkovski
Anna Netrebko (Iolanta)
Vitalij Kowaljow (Le roi René)
Lucas Meachem (Robert, duc de Bourgogne)
Sergei Skorokhodov (Le comte Vaudémont)
Vassily Savenko (Ibn-Hakia)
JunHo You (Alméric)
Luka Debevec Mayer (Bertrand)
Monika Bohinec (Marta)
Theresa Plut (Brigitta)
Nuška Rojko (Laura)
Chœur de chambre slovène
Orchestre philharmonique slovène
direction : Emmanuel Villaume | |
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