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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise des Enfants terribles de Glass dans la mise en scène de Stéphane Vérité et sous la direction d’Emmanuel Olivier à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet, Paris.
Accrochages mortels
Roman fulgurant de Jean Cocteau, les Enfants terribles sont devenus un spectacle plutôt statique et néanmoins prenant sous la forme opératique que lui donne Philippe Glass. Quatre chanteurs d’une vraie jeunesse et trois pianos parfaitement unis en sont les interprètes attachants à l’Athénée dans la production étonnamment imagée de Philippe Vérité.
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Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris
Le 27/11/2012
Claude HELLEU
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Le frère et la sœur, un ami narrateur, une orpheline et trois pianos nous gardent en chambre le temps de leur drame. Parcours fiévreux d’affrontements et de jeux. Isolés du monde dans l’univers clos de leur duo, parfois visité d’un ami, Paul et Elisabeth ne cessent de s’asticoter mais aussi de se protéger.
Provocations puériles, désir sous-jacent refoulé des adolescents bientôt orphelins : la jeunesse de Guillaume Andrieux et de Chloé Briot affronte avec plus ou moins de succès la difficulté d’un chant auquel se mêle, sans pour autant le soutenir, la partition des trois pianos dans la fosse d’orchestre.
L’articulation impeccable, la voix droite projetée naturellement et les humeurs de Guillaume Andrieux sont ceux d’un jeune homme passionné, perturbé, dans toute la complexité innocente de ses sentiments. En face de lui, aguicheuse, dure et minaudière, Chloé Briot n’a malheureusement pas l’élocution aussi claire. Sa voix haut perchée nous prive d’une bonne partie de son texte.
On s’en console en admirant les métamorphoses du décor numérique dont l’incessante évolution donne son mouvement à l’enfermement des jeunes gens. La projection d’images allusives qui se précisent et se transforment au fil de la représentation crée un environnement métaphorique et poétique où le temps et l’espace se confondent.
La force de la représentation tient essentiellement à cette imagination visuelle sans cesse en mouvement, élément primordial de la mise en scène de Stéphane Vérité et Romain Sosso.
Les interventions du Narrateur, Olivier Dumait, expliquent l’arrivée d’Agathe, une orpheline séduite par Chloé, racontent le mariage de celle-ci, la mort de son richissime mari, un ravissant dessin animé à l’appui dans le cadre d’un miroir, seule échappée de la chambre ensuite retrouvée réinventée dans la nouvelle demeure de Chloé devenue veuve. Où Paul, toujours en pyjama, revient se réfugier.
L’eau avait peu à peu pénétré, envahi, et devenue vagues énormes, noyé la chambre des enfants, les revues collées au mur et jusqu’au pauvre mobilier. Ce moment bouleverse l’atmosphère jusqu’alors un peu trop statique, faute de nuances dans le jeu des acteurs chanteurs.
La première étape de l’histoire manque de la fantaisie propice à leurs caprices, disputes, couvertures et polochons bousculés sans guère de variété sur les deux lits jumeaux – les images changeantes du décor, toujours fantastiquement réussies, compensant cette faiblesse. Avec sa dramatisation, l’accord se réalise entre jeu et vérité des faux gosses devenus des adultes sans maturité.
Sur la musique à structures répétitives de Philip Glass et sous la direction d’Emmanuel Olivier au piano central, l’action progresse en un crescendo dramatique aussi sobre que soutenu. L’étirement des thèmes s’enchaîne inéluctablement quoique imperceptiblement. Montée sans à -coups mais fatale, suivie au plus près de l’intrigue.
Le Narrateur est aussi Gérard, l’ami fidèle. Olivier Dumait ne varie guère son personnage selon celui qu’il représente. Agathe, la mezzo Amaya Dominguez, exprime avec justesse et pudeur son amour gardé secret pour un Paul de même secrètement amoureux. Confidences, trahison. La tragédie gagne le petit groupe manipulé par Chloé, plus crédible en intrigante perverse qu’elle ne l’était en enfant espiègle.
Désespoir, renoncement, destruction. Émotion, grâce à des interprètes dont la belle énergie a de mieux en mieux prêté leur caractère aux héros qu’ils incarnent.
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