|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
|
Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Christian Thielemann Ă la Philharmonie de Berlin.
Un grand verdien ?
Christian Thielemann surprend avec un programme entièrement dédié à Verdi pour sa première apparition de la saison au pupitre du Philharmonique de Berlin. Programme fort inhabituel au demeurant, commençant par les Quattro pezzi sacri, avant de s’attaquer aux musiques de ballet de Macbeth, Don Carlo, et Otello.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
[ Tous les concerts ]
|
Christian Thielemann, considéré un maître incontesté de l’interprétation wagnérienne, surprend le public berlinois avec un programme Verdi pour entamer sa présence annuelle à la tête des Berliner. Alors qu’il vient de consacrer un ouvrage à Wagner, le chef allemand se consacre ainsi à l’autre compositeur dont on célébrera le bicentenaire de la naissance en 2013.
Il souligne à ce propos dans un entretien vidéo diffusé dans le foyer de le Philharmonie qu’il a dirigé Verdi « nettement plus que ce que l’on pourrait l’imaginer ». Et en effet, comme tout chef en début de carrière en Allemagne, il a jadis assidument fréquenté l’univers verdien en tant que répétiteur et chef assistant.
Reste qu’on est en droit de se demander ce que son style éminemment germanique peut donner dans ce répertoire à un stade de sa carrière où il n’y a plus touché depuis quinze ans. Le programme choisi pour l’occasion est de surcroît inhabituel : les Quattro pezzi sacri, avant les musiques de ballet de Macbeth, Don Carlo et Otello.
Dans les Quatre pièces sacrées, Thielemann s’avère sensible aux expériences religieuses du vieux Verdi. La direction du chœur a cappella dans l’Ave Maria et les Laudi alla vergine Maria brille par sa dynamique et sa lisibilité, alors même que la matière chorale n’est pas toujours équilibrée, notamment chez des sopranos souvent incertaines.
Aussi, si l’exactitude rythmique du chœur n’est pas toujours garantie (Stabat Mater), on notera avant tout la qualité phénoménale de l’orchestre, notamment des quatre cors, dans les éclats tutti prodigieux comme dans le silence absolu après l’apparition soudaine de la soprano solo à la toute fin (honorable Sibylla Rubens), quand l’homme reste seul, que l’orchestre s’éteint et que le vieux compositeur se tait pour toujours.
Après cette expérience de la solitude, conduite intégralement de mémoire, Thielemann se tourne vers les pièces d’orchestre les plus éclatantes des opéras de Verdi : les musiques de ballet écrites pour l’Opéra de Paris, pièces de circonstance dont maint commentateur a souligné le côté extérieur, voire un peu tapageur.
Dans ces successions de danses souvent hétérogènes et d’une profondeur relativement limitée, Thielemann paraît nettement moins chez lui et sollicite l’orchestre d’une manière moins naturelle, comme s’il n’était pas entièrement certain du but à atteindre. Il sait pourtant amener des climax éclatants (Macbeth), des tutti fondés sur un beau choral de cuivres (Don Carlo) et une montée de galop inouïe à la fin d’Otello.
Parmi les brillants solistes des Berliner, il faut citer l’incomparable flûte d’Emmanuel Pahud et le jeune clarinettiste Andreas Ottensamer, âgé de 23 ans et depuis mars 2011 clarinette solo de l’orchestre (alors que son père et son frère sont solistes chez les Wiener), qui dans Don Carlo cultive une sonorité magnifique et d’une incroyable douceur.
| | |
|
Philharmonie, Berlin Le 08/12/2012 Hermann GRAMPP |
| Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Christian Thielemann Ă la Philharmonie de Berlin. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Quattro pezzi sacri
Sibylla Rubens, soprano
Rundfunkchor Berlin
Préparation : Michael Gläser
Macbeth, Don Carlo, Otello, musiques de ballet
Berliner Philharmoniker
direction : Christian Thielemann | |
| |
| | |
|