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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert du Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Claudio Abbado, avec la participation de la pianiste Martha Argerich Ă la salle Pleyel, Paris.
Entre enchantement et dégrisement
Retrouvailles très attendues que la rencontre à Pleyel entre Claudio Abbado et Martha Argerich pour la deuxième fois de leur carrière réunis à Paris, chef et soliste d’un même concert avec les jeunes forces du Mahler Chamber Orchestra. Véritable triomphe public avec standing ovation pour la pianiste argentine, même si le concert devait connaître des perturbations.
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À peine croyable ! Il s’agit seulement de la deuxième rencontre au concert à Paris de ces monstres sacrés qui ont tant joué et enregistré ensemble. La première avait eu lieu en 1969 avec l’Orchestre de l’ORTF et suivait d’un an la toute première apparition parisienne de Matha Argerich, jouant seule pour la promotion de son disque initial chez Deutsche Grammophon dans un Théâtre des Champs-Élysées presque vide pendant les grandes grèves de juin 1968.
Le succès international a, comme on le sait, vite suivi. Pour ces retrouvailles, parisiennes s’entend, Abbado et Argerich ont choisi le Premier Concerto de Beethoven et l’on reste pantois devant tant de fraîcheur dans le jeu et l’interprétation de la part de deux musiciens ayant tous deux dépassés les soixante-dix ans et étant tous deux rescapés de graves maladies.
Même fraîcheur dans les pupitres du Mahler Chamber Orchestra mangeant dans la main d’un Claudio Abbado serein et dirigeant cette œuvre de jeunesse avec toute sa rigueur classique. Fluidité et sonorité royale pour Martha Argerich dont cette partition a toujours été un cheval de bataille et auquel elle donne autant d’intensité qu’aux concertos plus tardifs et plus brillants.
Surprise aussi avec un long bis (Traumes Wirren, une des Fantasiestücke op. 12 de Schumann) joué comme dans un rêve après une standing ovation aussi soudaine que méritée. Classicisme et romantisme après l’entracte avec la Symphonie Écossaise de Mendelssohn, qui malgré un peu de déconcentration occasionnée par le malaise au parterre d’un spectateur entraînant le déménagement d’un rang, se déroule dans un silence devenu rare aujourd’hui dans les salles parisiennes.
Cette symphonie qui occupa le compositeur à trois reprises et dont il s’avouait insatisfait est pourtant un chef-d’œuvre de rigueur dans sa composition mais offre beaucoup de possibilités d’exprimer son romantisme et les parfums de son inspiration pittoresque. Tout en en rendant toute la savante construction avec un orchestre répondant là aussi somptueusement au doigt et à l’œil, Abbado reste un peu en deçà de la chaleur et de la juvénilité que tous les thèmes expriment.
Le long Adagio, une page majeure de Mendelssohn et celle-là même qui faillit bien être perturbée par l’intervention d’un médecin et d’un pompier, tire un peu trop par l’étirement de ses tempi vers l’expression d’une tristesse enfouie.
Douche froide après ce romantisme et dur retour à la réalité au sortir du concert, où une poignée de manifestants munis de slogans contre le mariage pour tous et un important cordon de CRS attendaient dans le faubourg Saint-Honoré le ministre Manuel Valls qui comptait au nombre des auditeurs de ce prodigieux concert.
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Salle Pleyel, Paris Le 14/04/2013 Olivier BRUNEL |
| Concert du Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Claudio Abbado, avec la participation de la pianiste Martha Argerich Ă la salle Pleyel, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 1 en ut majeur op. 15
Martha Argerich, piano
Felix Mendelssohn (1809-1847)
Symphonie n° 3 en la mineur op. 56 « Écossaise »
Mahler Chamber Orchestra
direction : Claudio Abbado | |
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