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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise de Crépuscule des dieux de Wagner dans la mise en scène de Günter Krämer et sous la direction de Philippe Jordan à l’Opéra de Paris.

Ring Bastille 2013 (4) :
Un Crépuscule à écouter

© Elisa Haberer

Prélude à l’intégrale du Ring donnée sur un cycle du 18 au 26 juin, le Crépuscule des dieux revient à l’Opéra Bastille sous la direction extrêmement séduisante de Philippe Jordan, conduisant une distribution de haut niveau, mais toujours handicapé par la production très frustrante et pour ce dernier volet inchangée de Günter Krämer.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 30/05/2013
Pierre FLINOIS
 



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  • Si la Walkyrie avait exposĂ© une vraie reprise en main de la production de GĂĽnter Krämer, CrĂ©puscule des dieux, tout comme Siegfried, ne montre Ă  l’inverse aucun changement majeur dans une mise en scène qui avait profondĂ©ment déçu Ă  sa crĂ©ation en juin 2011.

    On retrouve donc pêle-mêle les mêmes incohérences entre image et texte, le même catalogue d’emprunts à d’autres productions (le kouglof de Konwitschny), le même vide d’idées sans valeur dramaturgique (les tables de fête de la bière) ou débordant au contraire de signification assénée au marteau-pilon (Brünnhilde rangeant sa vaisselle pendant le récit de Waltraute), la même accumulation d’éléments scéniques dont on ne sait plus que faire (des poteaux évoquant la Festwiese des Meistersinger devant les stores à lames de la Walkyrie), la même pauvreté des vidéos (jusqu’à cette exécution grotesque des dieux au revolver, digne d’un mauvais dessin animé).

    Et ce qui est plus personnel au metteur en scène, comme Alberich déguisé en bonne femme tout au long du I, puis remplaçant Hagen pour la noyade finale, ou comme Siegfried fin saoul dès l’absorption du filtre, n’apporte rien à l’univers du Ring qui soit majeur ou simplement explicite, hors un niveau de vulgarité rarement atteint.

    Rien de neuf, rien qui marque, sinon dans l’irritant ou le risible. Définitivement, l’opération Ring à la Bastille souffrira, si reprise il y a dans le futur, de ce défaut majeur, qui consiste à prendre, sous le prétexte d’une dramaturgie d’accumulation, le public pour ce qu’il n’est pas, innocent et prêt à gober n’importe quel foutoir !

    Reste donc, même si l’on résiste à la tentation de fermer les yeux pour s’abstraire de trop d’images sans lustre ou vertige, à faire confiance à ses oreilles. Et là, la fête est réelle, car la distribution, superbe, et l’orchestre, somptueux, sont ici une joie quasi permanente.

    Car le geste si formel de Philippe Jordan, esthète forcené dans sa recherche d’un son plein inondant de sa splendeur l’œuvre entière, atteint désormais des sommets d’équilibre. Le I, à partir de la veille de Hagen, en devient irrésistible, à l’image de l’interlude qui suit ce monologue, d’une beauté et d’une densité exceptionnelles, jusque dans des silences suspendus.

    Certes, au II, quand l’hystérie du drame prend le pas sur tout, cette battue demeure encore un peu trop sur sa réserve, se refusant à lâcher le nécessaire lest, pour qu’on ne ressente pas une légère baisse de tension. Mais quelle tenue d’ensemble, quel acte d’amour avec un orchestre subjugué, quels progrès réalisés depuis 2011 !

    Musique plus que théâtre, hédonisme plus qu’émotion, cette leçon d’une lenteur extrême parfaitement assumée – aucun chef à Bayreuth n’a jamais atteint 2h05 pour l’acte I – n’en porte pas moins à l’excellence une distribution parmi les plus belles qu’on puisse proposer aujourd’hui.

    Nouveauté attendue, la Brünnhilde de Petra Lang ne déçoit pas. S’il lui arrive parfois de ne pas maîtriser la justesse, ce n’est pas le cas ce soir, sa Brünnhilde, qui démarre pourtant à froid (attaques dans le nez, timbre et aigu écrasés handicapent le Duo de l’aube), monte peu à peu en splendeur, et impose dès la scène de Waltraute une tenue de chant, une puissance expressive et une présence d’actrice qui font d’elle la meilleure fille du dieu qu’on ait croisée sur cette scène depuis le début de ce Ring.

    Les graves de cette ancienne mezzo – illustre Kundry et Ortrud – reviennent peu à peu, l’aigu se fait dardé, les couleurs deviennent expressives, même si un rien de nasal y demeure ici ou là, et le personnage s’impose dans la colère comme dans une belle Immolation, moins prenante toutefois en matière d’émotion que celle de Katarina Dalayman il y a deux ans.

    Torsten Kerl semble lui moins en voix qu’à ses débuts et, comme dans Siegfried, peine à remplir l’espace impossible de Bastille. Mais il chante toujours avec une musicalité et une distinction rares, et domine bien mieux l’ensemble de sa partie que lors de sa prise de rôle.

    Nouveaux, le Gunther d’Evgeni Nikitin, d’abord splendide, plus réservé ensuite, qui fait penser, par la franchise et le coupant du timbre, au Theo Adam des grandes années, et la Gutrune d’Edith Haller, imposante comme la belle Sieglinde qu’elle est ailleurs. La noirceur et la profondeur de la voix de Hans-Peter König font toujours le même effet, tout comme l’Alberich désormais incontournable de Peter Sidhom.

    Quant à Sophie Koch, elle se montre encore en retrait par manque d’ampleur dans Waltraute, même si la seconde partie de son récit, la plus étreignante, a pris du poids et du magnétisme. Trio des Nornes et des Filles du Rhin incontestables, chœurs magnifiques. Oui, effectivement, la soirée fut bien belle… à écouter.




    Lire les comptes rendus des autres volets du Ring :
    Das Rheingold
    Die WalkĂĽre
    Siegfried




    Opéra Bastille, Paris
    Le 30/05/2013
    Pierre FLINOIS

    Reprise de Crépuscule des dieux de Wagner dans la mise en scène de Günter Krämer et sous la direction de Philippe Jordan à l’Opéra de Paris.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Götterdämmerung, troisième journée, en un prologue et trois actes, du festival scénique Der Ring des Nibelungen
    Livret du compositeur

    Chœur et Orchestre de l’Opéra de national de Paris
    direction : Philippe Jordan
    mise en scène : Günter Krämer
    décors : Jürgen Bäckmann
    costumes : Falk Bauer
    Ă©clairages : Diego Leetz
    préparation des chœurs : Patrick Marie Aubert

    Avec :
    Torsten Kerl (Siegfried), Evgeni Nikitin (Gunther), Peter Sidhom (Alberich), Hans Peter König (Hagen), Petra Lang (Brünnhilde), Wiebke Lehmkuhl (Erste Norn / Flosshilde), Edith Haller (Dritte Norn / Gutrune), Sophie Koch (Zweite Norn / Waltraute), Caroline Stein (Woglinde), Louise Callinan (Wellgunde).

     


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