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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Récital d’Elisabeth Leonskaïa dans le cadre de Piano**** à la salle Pleyel, Paris.
Explorations inattendues
Retour de la pianiste Elisabeth Leonskaïa dans la riche saison 2012-2013 de Piano****, où elle avait déjà remplacé en avril Nelson Freire. Avec pour ce récital de matinée à Pleyel un programme inhabituel faisant une place large à la musique française, avant de revenir à Schubert, son compositeur de prédilection.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Le programme de ce récital d’Elisabeth Leonskaïa est placé sous le signe de la filiation : Georges Enesco, dont elle a été lauréate du célèbre concours roumain et dont la Première Sonate est un long voyage comme le sont les dernières sonates de Schubert, puis Ravel dont les Valses nobles et sentimentales sont un hommage non déguisé à celle de Schubert qui conclura le concert.
Plutôt inhabituel dans les programmes de la pianiste géorgienne, lesquels élargissent de plus en plus leur palette, Ravel ouvre la soirée avec des valses un peu anguleuses de rythme et même de tempo mais qui restituent bien, malgré un début un peu heurté, la part onirique et un rien satirique qui choqua à leur création et qui s’estompe dans la version orchestrale plus tardive.
Mais quelle belle entrée de jeu avant la relativement longue et complexe Première Sonate de Georges Enesco (1924), contemporaine de la première partie de la composition de son opéra Œdipe. La pianiste maîtrise parfaitement cette forme moins évidente que celle de la Deuxième Sonate, de facture plus néo-classique et plus favorisée par les interprètes. La première, avec ses longueurs et son immense mouvement lent placé inhabituellement à sa fin est plus difficile à construire. Leonskaïa réussit à soutenir l’intérêt et à bien mettre en relief ce qu’elle doit d’influences aux maîtres français, autant Ravel que Debussy.
Ce dernier dont elle avait judicieusement choisi dans les deux livres trois Préludes qui illustrent le mieux l’influence du maître sur ce compositeur roumain, français d’adoption, à savoir le Vent dans la plaine, la Fille aux cheveux de lin et Feux d’artifice, qu’Elisabeth Leonskaïa enchaîne avec une liberté de ton et une sonorité exemplaires.
Puis Schubert, que cette Viennoise joue aujourd’hui comme aucune autre, avec un style très personnel bien que l’influence de son mentor et partenaire Sviatoslav Richter ne soit pas étrangère à cette façon qu’elle a d’embarquer l’auditeur dans un voyage irrésistible. C’est, si l’on en juge par l’extraordinaire concentration du public, ce qu’il était avant tout venu entendre. Pénultième, la Sonate en la majeur D 959 est contemporaine du Voyage d’Hiver et en a toute la sève tragique. Leonskaïa excelle à en révéler des couleurs qui sont des lumières de la profonde douleur, notamment dans son tragique Andantino.
Deux bis en situation avec un Sixième Moment musical de Schubert du même tonneau et La plus que lente de Debussy, merveilleusement chantée et dansante pour conclure une des thématiques du concert, celle de la valse. Rendez-vous est déjà pris pour le prochain récital d’Elisabeth Leonskaïa dans le même cadre (Schubert-Berg-Schumann) le 12 mai 2014.
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Salle Pleyel, Paris Le 02/06/2013 Olivier BRUNEL |
| Récital d’Elisabeth Leonskaïa dans le cadre de Piano**** à la salle Pleyel, Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Valses nobles et sentimentales
Georges Enesco (1881-1955)
Sonate pour piano n° 1
Claude Debussy (1862-1918)
Le vent dans la plaine
La Fille aux cheveux de lin
Feux d’artifice
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano en la majeur D 959
Elisabeth Leonskaïa, piano | |
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