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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert en hommage Ă Verdi et Wagner par le Verbier Festival Orchestra sous la direction de Valery Gergiev au festival de Verbier 2013.
Verbier 2013 (1) :
Un Ă©lectrisant double hommage
À la fois hommage aux deux compositeurs les plus fêtés cette année avec des extraits d’Otello et de la Walkyrie et prélude à la célébration du vingtième anniversaire du Festival de Verbier, ce concert restera surtout dans les mémoires par l’ahurissante performance de Bryn Terfel, Wotan si humain et déchiré sous la direction électrisante de Valery Gergiev.
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Il est des soirées qui resteront gravées à jamais. Celle-ci, prometteuse sur le papier par l’originalité de son programme et le luxe de la distribution réunie, premier acte d’Otello de Verdi avec deux protagonistes stars, Anna Netrebko et Aleksandrs Antonenko, troisième acte de la Walkyrie de Wagner avec l’immense Bryn Terfel qui a triomphé dans le rôle de Wotan à Covent Garden à plusieurs reprises, et la présence à la tête d’un orchestre de jeunes, le Verbier Festival Orchestra, de l’imprévisible mais souvent immense chef Valery Gergiev, est allé au-delà de nos espérances.
Le premier acte d’Otello n’est pas un grand classique du concert mais pourrait dans le contexte actuel le devenir. Trois excellents chanteurs, la présence d’un chœur sont requis, soit à peine plus que pour le premier acte de la Walkyrie qui est souvent donné en version de concert. Le ténor letton Aleksandrs Antonenko, habitué du rôle-titre qu’il a chanté entre autres à Paris en 2011, en a la voix idéale, à défaut de toutes les facettes dramatiques, mais assez de charme pour briller dans les envolées sentimentales du premier acte.
Anna Netrebko, rayonnante dans une robe orientale orange, est pour ce duo d’amour une partenaire idéale, voix ample d’un naturel confondant, couleurs parfaites et présence scénique propre à donner un peu de vigueur à son partenaire plutôt emprunté de nature, pour un duo très réussi.
Très belle surprise que le Iago du baryton russe Alexey Markov superbe de ligne vocale et de timbre et belle performance du ténor sarde Francesco Demuro, le seul à apporter dans le rôle de Cassio un peu d’italianità à cet ensemble plutôt slave. Superbe aussi l’intervention du chœur américain The Collegiate Chorale, luxe absolu dans ces quelques minutes de rêve qui ouvraient en beauté la soirée.
Mais ce n’était que le prélude à un moment autrement fort, le troisième acte de la Walkyrie avec une autre brochette de voix impressionnantes et surtout la part imprévisible de magie qui peut transformer l’excellence en exceptionnel. Chapeau bas d’emblée pour la performance de l’orchestre de jeunes, le Verbier Festival Orchestra, à qui Valery Gergiev a su insuffler en un minimum de répétitions le grand souffle dramatique wagnérien sans négliger la beauté et le raffinement dans les détails.
Impressionnante, la brochette de Walkyries que le maestro ossète a dû importer in extenso du Mariinski où il a mis au répertoire (et enregistré) l’œuvre récemment. Toutes habillées de robes multicolores d’inspiration guerrière et en dépit d’un allemand un peu approximatif, elles ouvrent avec panache cet acte clé du Ring.
On connaît bien la Sieglinde attendrissante d’Eva-Maria Westbroek autant sur scène que récemment dans une série de concerts du premier acte donné lors des commémorations du bicentenaire de la naissance de Wagner. La Brünnhilde d’Iréne Theorin est la surprise de cette distribution, considérant les critiques massives suscitées par son Isolde de Bayreuth ces dernières années. Pas toujours très raffinée dans les détails des intentions, la Suédoise a les moyens vocaux idéaux pour le rôle et une belle intensité dramatique, autant que l’on puisse en juger en un acte.
Mais, on l’a dit en préambule, la grande sensation de ce concert restera l’incarnation de Wotan par l’immense Bryn Terfel, supérieure même aux soirées du Ring londonien avec Antonio Pappano. Totalement investi dès son entrée sur l’immense scène qu’offre la salle des Combins, le Gallois joue véritablement son rôle comme au théâtre, sans les atours de Wotan, mais avec une force dramatique qui tient surtout à sa stature physique colossale et à son charisme exceptionnel.
Sans jamais forcer le moindre effet vocal (avec des moyens intacts et impressionnants) ni scénique, il réussit à donner au Dieu une humanité bouleversante, une bienfaisante simplicité, faisant de la scène des Adieux un sommet bouleversant de pure magie comme on ne se souvient pas d’avoir déjà entendu sur une scène.
Plus qu’à un grand moment de chant et de théâtre avec les faibles moyens sans artifice transcendés par le talent dramatique propre des interprètes, c’est une fabuleuse séance d’humanité que nous a été offert ce soir avec le programme le plus original que l’on ait pu entendre lors des cérémonies sacrifiant au double bicentenaire et en prélude à la grande fête musicale qui marquera les vingt ans du festival de Verbier.
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Salle des Combins, Verbier Le 25/07/2013 Olivier BRUNEL |
| Concert en hommage Ă Verdi et Wagner par le Verbier Festival Orchestra sous la direction de Valery Gergiev au festival de Verbier 2013. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Otello, acte I
Aleksandrs Antonenko (Otello)
Anna Netrebko (Desdemona)
Alexey Markov (Iago)
Francesco Demuro (Cassio)
The Collegiate Chorale
Richard Wagner (1813-1883)
La Walkyrie, acte III
Bryn Terfel (Wotan)
Iréne Theorin (Brünhilde)
Eva-Maria Westobroek (Sieglinde)
Zhana DombrovkaĂŻa (Gerhilde)
Irina Vasilieva (Ortlinde)
Natalia Evstafieva (Waltraute)
Elena Vitman (Schwertleite)
Tatiana Kravtsova (Helmwige)
Ekaterina Sergeeva (Siegrune)
Anna Kiknadze (Grimgerde)
Yulia Matochkina (Rossweisse)
Verbier Festival Orchestra
direction : Valery Gergiev | |
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