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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec la participation de la soprano Anna Caterina Antonacci aux Proms 2013.
Proms 2013 :
Dans les pas de Gergiev
Avant la Dernière Nuit des Proms qui sera diffusée en direct par la BBC le 7 septembre, nous avons pu assister au Concert n° 53 de l’édition 2013 des Promenade Concerts londoniens. Une soirée où un Yannick Nézet-Séguin en grande forme marche dans le sillon de son prédécesseur Valery Gergiev à la tête de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam.
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Créés en 1895, les Proms, plus formellement appelées BBC Proms, ou encore Henry Wood Promenade Concerts présentées par la BBC, alignent environ soixante-dix concerts dans l’immense Royal Albert Hall de Londres, sans compter les extensions dans les parcs londoniens et au Cadogan Hall.
La Dernière nuit des Proms est diffusée en direct à la BBC au cours duquel, à la fin d’un programme de style plus léger sont chantés les hits de la musique patriotique britannique culminant sur Land of Hope and Glory d'Edward Elgar, Rule, Britannia ! de Thomas Arne, le Jerusalem d'Hubert Parry et l'hymne national britannique avant que la salle entière ne chante a cappella Auld Lang Syne (Ce n'est qu'un au revoir).
Elle aura lieu cette année, qui aura été marquée par la présentation du Ring de Wagner dirigée par Daniel Barenboïm, le 7 septembre et sera dirigée par Marin Alsop, la première femme à diriger cet événement national.
Le chef Jiřà Bělohlávek à décrit les Proms comme « le plus grand et le plus démocratique festival de musique » Il est fascinant de voir se remplir cet immense salle pouvant contenir jusqu’à 5200 spectateurs dont une fraction reste debout au parterre, séquelle de l’origine du genre qui était des concerts promenade en plein air dans les parcs de Londres et de tout le Royaume. Ces places debout sont mises en vente à un prix démocratique le jour même du concert.
Parmi l’impressionnant programme, principalement mais pas uniquement de musique symphonique (jazz, gospel et musiques du monde y ont leur place), le concert n° 53 permettait de juger de l’excellence de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction du désormais très recherché jeune chef québécois Yannick Nézet-Séguin.
La liste de ses attributions dans la vie musicale planétaire impressionne, et il est depuis 2008 le directeur musical de cet orchestre néerlandais initialement l’instrument d’Edo de Waart et qui a pris sous le directorat de Valery Gergiev dans les dernières années du siècle passé un considérable essor international. Il est régulièrement dans la fosse du Nederlandse Oper à Amsterdam et invité régulièrement par le Théâtre des Champs-Élysées.
Le programme très bien équilibré du concert que l’on aurait pu croire dessiné pour ou par Gergiev comprenait en guise de mise en bouche l’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovski, pièce idéale pour faire briller toutes les instruments de l’orchestre et créer d’emblée un climat chaleureux et surtout admirer dans une pièce pas si souvent jouée la précision et la concentration du jeune chef.
Les Wesendonck-Lieder qui suivaient étaient la partie la plus contestable du programme. L’approche soyeuse et vénéneuse du chef n’est pas en cause mais la taille de l’Albert Hall n’est pas a priori favorable pour apprécier la performance d’une voix soliste, sauf volume tout à fait exceptionnel.
Le soprano italien Anna Caterina Antonacci, dont la réputation n’est plus à faire en France mais qui semble être moins familière au public londonien, a déjà fait équipe avec Yannick Nézet-Séguin, notamment dans un programme Berlioz que l’on a pu entendre à Pleyel. Elle avait chanté ces Wesendonck-Lieder en mai au Wigmore Hall accompagnée par Donald Sulzen.
On ne retrouve pas dans son élocution allemande les formidables qualités qu’on lui connaît en italien et en français. Avec de très belles couleurs, un soin très particulier apporté à donner à chaque Lied son climat particulier, mais hélas pas le phrasé ni l’érotisme qui conviennent à ces strophes, Antonacci ne semble pas très à l’aise chez Wagner ni avec ces Lieder qu’elle chante avec la partition, rompant en cela le charme du contact avec le public dans lequel elle excelle habituellement.
Sur le plat de résistance, la Cinquième Symphonie de Prokofiev, plane bien sûr l’ombre de Gergiev, et c’est tout à l’honneur de Nézet-Séguin de s’y être mesuré sur les lieux mêmes où la comparaison est encore possible. Les qualités de précision, de fluidité, d’équilibre entre les climats de cette œuvre assez disparate et dont la volonté de faire pendant aux symphonies politiques en réaction au climat de répression du stalinisme des années de guerre est distraite par deux mouvements au propos plus superficiel, et d’exalter les merveilleuses sonorités des musiciens de cet orchestre forcent l’admiration.
Folk Feast extrait de la suite musicale de Chostakovitch du film The Gadfly (Le Taon) achève humoristiquement ce programme très acclamé par un public dont l’enthousiasme est contagieux.
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Royal Albert Hall, London Le 22/08/2013 Olivier BRUNEL |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec la participation de la soprano Anna Caterina Antonacci aux Proms 2013. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie
Richard Wagner (1813-1883)
Wesendonck-Lieder
Anna Caterina Antonacci, soprano
Sergueï Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n° 5 en sib majeur op. 100
Rotterdam Philharmonic Orchestra
direction : Yannick Nézet-Séguin | |
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