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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concerts de l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Sir Simon Rattle à la salle Pleyel, Paris.
Les Berliner en contrastes
La venue des Berliner en février avec des programmes rendant largement hommage à Dutilleux quelques mois avant sa disparition et à Lutoslawski dont on célèbre le centenaire de la naissance est encore fraîche dans la mémoire des mélomanes parisiens. Les voici déjà de retour avec Simon Rattle pour ouvrir la saison de la salle Pleyel.
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Deux programmes très dissemblables et monothématiques : d’une part celui consacré aux trois dernières symphonies de Mozart suivi d’un second entièrement dédié à la musique du XXe siècle.
Aligner dans le même concert les trois dernières symphonies de Mozart n’est pas un programme que l’on entend souvent, même dans le passé des Berliner Philharmoniker. Rattle l’a osé la saison dernière dans son fief et le dirige désormais lors des tournées de l’orchestre. Ce n’est pas forcément une très bonne idée, la forme étant répétitive et toutes les reprises étant observées, cela n’offre pas le plus séduisant des concerts.
Mais joué à ce niveau de perfection instrumentale, avec une telle virtuosité comme particulièrement le final jupitérien de la Symphonie n° 41, de telles langueurs dans les Andante (Symphonie n° 39 et Symphonie n° 40), un tel fini dans le moindre détail, c’est évidemment un plaisir qui ne se boude pas.
On pourrait cependant préférer dans une salle de cette taille plus de son que celui qu’offre l’effectif réduit pour lequel a opté Simon Rattle et objecter que la perfection tue parfois un peu la spontanéité.
Le concert du lendemain offre l’exact opposé pour l’effectif avec l’orchestre au grand complet pour un programme cent pour cent symphonique. Trop peut-être dans le Sacre du printemps qui sonne beaucoup trop fort et souffre de toutes sortes d’excès. Rattle se plait à trop souligner les détails instrumentaux dans la première partie, à accélérer jusqu’à l’essoufflement la Danse de la terre, ralentir à l’excès au début du Sacrifice, l’œuvre y perdant sa structure et sa continuité.
Mais quelle première partie avec la Nuit transfigurée dans sa transcription pour orchestre à cordes où tout est dosé et pondéré avec la plus grande subtilité, dans un véritable festival d’émotions et de sonorités ! Les Trois extraits de Wozzeck qui suivent sont une véritable curiosité.
Composés à la demande d’Hermann Scherchen, ils furent créés sous sa direction en 1924 plus d’un an avant la création de l’opéra à Berlin. Ils reprennent deux grands épisodes chantés de l’opéra, deux monologues de Marie, le défilé des soldats et la Berceuse à l’enfant, réunis par des somptueux interludes symphoniques, et s’achèvent sur la toute fin de l’opéra juste après la mort de Wozzeck.
Comme dans Correspondances de Dutilleux la saison passée, la prestation du soprano canadien Barbara Hannigan déçoit : prononciation imparfaite, pas d’homogénéité dans les registres, graves quasiment absents et très piètre projection. Il lui manque surtout la franche nature de Marie à l’opposé de la sophistication qu’elle a tenté de lui imprimer.
C’est surtout le travail de l’orchestre qui est admirable et le sens dramatique de la direction de Rattle que l’on souhaiterait entendre diriger la totalité de ce chef-d’œuvre d’Alban Berg.
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Salle Pleyel, Paris Le 01/09/2013 Olivier BRUNEL |
| Concerts de l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Sir Simon Rattle à la salle Pleyel, Paris. | 31/08
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie n° 39 en mi bémol majeur K. 543
Symphonie n° 40 en sol mineur K. 550
Symphonie n° 41 en ut majeur K. 551
01/09
Arnold Schoenberg (1874-1951)
Verklärte Nacht (version de 1943)
Alban Berg (1885-1935)
Trois fragments de Wozzeck, pour voix et orchestre
Barbara Hannigan, soprano
Igor Stravinski (1882-1971)
Le Sacre du printemps
Version révisée de 1947)
Berliner Philharmoniker
direction : Sir Simon Rattle | |
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