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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concerts de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Daniele Gatti et de l’Orchestre de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons aux Berliner Festspiele 2013.
Berliner Festspiele 2013 (1) :
Fin d’été symphonique
Où faut-il se rendre l’été pour entendre les grands orchestres ? À Verbier, à Vevey et Lucerne en Suisse, aux Proms de Londres mais aussi aux Musikfeste de Berlin. Chaque fin d’été, début septembre, la capitale allemande s’offre avec ses Berliner Festspiele le gratin et l’aristocratie des orchestres européens.
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Pouvoir entendre dans l’acoustique miraculeuse de la Philharmonie de Berlin ou parfois dans son historique Konzerthaus chaque soir de la première quinzaine de septembre le Royal Concertgebouw Orchestra (Amsterdam), le LSO (Londres), le Mahler Chamber Orchestra, les cinq orchestres berlinois : les Berliner Philharmoniker bien sĂ»r mais aussi ceux des deux opĂ©ras de Berlin et celui de la Radio Berlin (Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin) et celui du Konzerthaus , plus quelques uns des meilleurs quatuors Ă cordes du monde pour jouer Janáček et BartĂłk est un luxe tapageur !
Les prix ne sont pas aussi élevés que chez nous et le programme plutôt orienté vers les œuvres du XXe siècle et un peu vers la création. Cette année, Lutoslawski et Britten, centenaire oblige, ont étés fêtés dignement.
Concert copieux que celui donné par l’Orchestre du Concertgebouw sous la direction de Danielle Gatti. Et quelles correspondances entre les œuvres choisies ! La Musique funèbre pour orchestre de Lutoslawski (1956, son œuvre la plus sage que nous ayons entendue pendant ces quelques jours) est dédiée à la mémoire de Béla Bartók.
Son apparent conservatisme formel (censure soviétique oblige, surtout pour les compositeurs du Printemps de Varsovie) cache une étonnante modernité et une avance sur les mouvements créatifs de la fin des années 1950. Elle utilise des séries de douze sons sans tomber dans le dogmatisme dodécaphonique et privilégie, l’essentiel de l’hommage y réside, le contrepoint qu’il manie avec virtuosité.
Avec ses quatre parties, Prologue, Métamorphoses, Apogée et Épilogue, c’est une œuvre séduisante, parfois d’une grande violence mais brillantissime dont l’orchestre néerlandais donne une exécution parfaite et fidèle.
Yefim Bronfman comme soliste d’un concert, c’est le contraire de l’esbroufe trop courante aujourd’hui dans cet exercice. Le pianiste américain d’origine soviétique (né en Ouzbékistan) possède les concertos de Bartók à son répertoire depuis si longtemps qu’il peut se permettre de donner au Troisième une tranquillité dans l’approche, une sonorité assurée et non clinquante et une virtuosité impeccable. Du très grand art, rehaussé par une Étude de Chopin admirablement sereine et colorée, jouée comme bis devant un orchestre médusé, comme incrédule.
Dans la suite tirée de la musique de ballet de Roméo et Juliette de Prokofiev, choix idéal pour faire briller la totalité des membres d’un orchestre de cette qualité, Gatti cède parfois à son péché mignon de privilégier certains détails ou de trop disséquer la texture orchestrale. Mais l’entente est telle entre chef et musiciens que c’est un grand moment symphonique. Le Prélude au troisième acte des Maîtres Chanteurs de Nuremberg donné en bis remet tout le monde en phase avec la grande tenue orchestrale déployée dans la pièce de Lutoslawski.
Lutoslawski encore, grand vainqueur de cette édition 2013 des Musikfeste Berlin, et Bartók toujours pour le concert de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise. Et au pupitre l’immense chef letton Mariss Jansons avec un programme magnifique : la confrontation entre les deux œuvres aux titres identiques : Concerto pour orchestre de ces deux compositeurs aux musiques si riches en correspondance.
L’orchestre munichois sonne d’une façon aussi superlative que celui d’Amsterdam dans cet écrin de rêve. On peut dire que les musiciens mangent dans la main de leur chef principal tant dévotion et résultats paraissent évidents. Dédié à son instigateur Witold Rowicki, le Concerto pour orchestre de Lutoslawski fut composé entre 1950 et 1954. C’est la dernière des œuvres dans lesquels le compositeur eut recours à des éléments folkloriques. Il fut dès sa création un grand succès des deux côtés du rideau de fer.
Celui de Bartók fut composé en trois mois au début des années 1940, commandé par Koussevitzky dans son exil américain. L’influence de Bartók sur Lutoslawski concernant cette œuvre n’est que formelle. Dans les deux cas l’orchestration est magnifiquement savante, les contrastes dynamiques permettant à un orchestre surtout de cette classe technique de montrer son savoir et au mieux de maîtriser ses grands écarts dynamiques sans tomber dans les excès.
C’est le cas de l’orchestre munichois, une grande mécanique de précision, et cette confrontation entre deux œuvres aussi importantes du XXe siècle restera sans doute parmi les plus belles réussites de cette édition 2013 des Berliner Festspiele.
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Philharmonie, Berlin Le 06/09/2013 Olivier BRUNEL |
| Concerts de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Daniele Gatti et de l’Orchestre de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons aux Berliner Festspiele 2013. | 04 septembre :
Witold Lutoslawski (1913-1994)
Musique funèbre pour orchestre (1958)
BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
Concerto pour piano n° 3 (1945)
Yefim Bronfman, piano
Serge Prokofiev (1891-1953)
Roméo et Juliette (extraits de la suite n°1) op. 64 (1935)
Royal Concertgebouw Orchestra
direction : Daniele Gatti
06 septembre :
Witold Lutoslawski (1913-1994)
Concerto pour orchestre (1954)
BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
Concerto pour orchestre (1941-1943)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
direction : Mariss Jansons | |
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