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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Première au Capitole de Toulouse de Manon de Massenet dans la mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Jésus López Cobos.
Adieu Manon !
Der des Ders pour Natalie Dessay ou seulement un au revoir ? Après une série de représentations éblouissantes de l’un de ses rôles favoris, Manon de Massenet au Capitole de Toulouse, la soprano annonce une pause dans sa carrière lyrique. Cela valait bien la dizaine de minutes d’ovation qui lui a été réservé à l’issue de cette première représentation.
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Je suis encor tout étourdie : dès ces premiers mots, la salle est elle aussi comme engourdie dans la contemplation de la soprano. Dans un Capitole archi plein, de temps en temps, des spectateurs sortent de leur admiration pour lancer de tonitruants Bravo Natalie ! ou encore Merci, Natalie ! à celle qui depuis tant d’années les a subjugués.
Aux entractes, certains échangent leurs souvenirs de ses numéros de haute voltige vocale : la poupée des Contes d’Hoffmann, la Reine de la nuit de la Flûte enchantée, le Rossignol de Stravinski, Lucia di Lammermoor, Marie de la Fille du régiment. Reprise du spectacle dans un silence tendu, oppressant où l’on voit des dames fort dignes compatir comme des midinettes aux malheurs de l’adolescente effrontée (Manon a 16 ans) qui veut tout, tout de suite, quitte à devenir courtisane et chante Profitons bien de la jeunesse.
Comme d’habitude, Natalie joue avec sensibilité, émotion, fragilité extrême (N’est-ce plus ma main que cette main presse ?). Elle montre aussi la vitalité d’un personnage qui n’a qu’une envie, mordre dans la vie à pleines dents. Parfois elle surjoue, comme pour cacher quelque faiblesse dans le médium de sa voix. Dans les aigus, elle est toute subtilité, nuances, avec un phrasé impeccable et une musicalité tendre jusqu’au contre-ré.
Le manque d’ampleur de sa voix est-il une raison pour quitter l’opéra ? Consciente de ses défaillances et surtout désireuse de changer de répertoire, elle saute le pas et fait donc une pause dans sa carrière lyrique. Sans atermoiements et sans attendre. À peine aura-t-elle rangé les costumes de Manon qu’elle montera sur une autre scène. Le 21 octobre sort un disque de mélodies de Michel Legrand (Entre Elle et Il) que le compositeur des Parapluies de Cherbourg a réorchestrées pour elle. Le 27 octobre, elle passera avec le quartet de Michel Legrand sur la scène de l’Olympia.
Sans autres regrets que de quitter une production passe-partout de Manon signée de son metteur en scène préféré, Laurent Pelly. Celle-ci a déjà été affichée à New York et à Londres avant de retourner l’an prochain sur les scènes du Met et de Covent Garden. L’empressement à aller entendre les adieux de Dessay à Manon a permis de découvrir les progrès et l’ampleur nouvelle du ténor américain Charles Castronovo (Des Grieux) ainsi que la voix imposante du baryton hollandais Thomas Oliemans (Lescaut).
L’Orchestre du Capitole a certes la musique de Massenet dans le sang bien que le chef Jésus López Cobos dirige souvent d’une baguette plus énergique que poétique. On regrette parfois Michel Plasson. Mais, au final, dix minutes d’ovation !
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 29/09/2013 Nicole DUAULT |
| Première au Capitole de Toulouse de Manon de Massenet dans la mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Jésus López Cobos. | Jules Massenet (1842-1912)
Manon, opéra en cinq actes (1884)
Livret de Henri Meilhac et Philippe Gille d’après le roman de l’Abbé Prévost
Chœur et Orchestre national du Capitole de Toulouse
direction : JĂ©sus LĂłpez Cobos
mise en scène & costumes : Laurent Pelly
décors : Chantal Thomas
éclairages : Joël Adam
préparation des chœurs : Alfonso Caiani
Avec :
Natalie Dessay (Manon), Vannina Santoni (Poussette), Khatouna Gadelia (Javotte), Hélène Delalande (Rosette), Charles Catronovo (le Chevalier des Grieux), Robert Bork (le Comte des Grieux), Thomas Oliemans (Lescaut), Luca Lombardo (Guillot de Morfontaine), Marc Canturri (Brétigny), Christian Tréguier (l’Hôtelier). | |
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