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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 décembre 2024 |
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Pierrot lunaire de Schoenberg et Paroles et Musique de Feldman sous la direction de Maxima Pascal à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris.
Assourdissante audace
Théâtre dramatique et spectacles musicaux se partagent avec originalité l’Athénée. Pour l’ouverture de la saison, Pierrot Lunaire de Schoenberg (1874-1951) et une pièce radiophonique, Paroles et Musique de Morton Feldman (1926-1987), étaient interprétés par l’Ensemble Le Balcon que dirige le musicien Maxime Pascal (28 ans), disciple de Pierre Boulez.
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Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris
Le 25/09/2013
Nicole DUAULT
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Cette formation Le Balcon, qui l’an passé avait proposé avec un grand succès Ariane à Naxos de Richard Strauss, sera pour deux saisons en résidence dans ce délicieux théâtre-bonbonnière du quartier de l’Opéra. Une manière pour le directeur Patrice Martinet de parier sur les jeunes, de sortir des sentiers battus et aussi de poursuivre sa réflexion sur les rapports du théâtre et de la musique.
Ce vieux débat très polémique fait rage entre les compositeurs et les librettistes depuis le XVIe siècle. Le revoici à travers deux œuvres complètement revisitées, dynamisées et relookées jusqu’au gore. Il ne faut pas avoir l’âme trop sensible pour suivre sur le globe de l’astre nocturne, suspendu en l’air, des projections en 3D de ce pauvre Pierrot, mannequin dégénéré qui se lamente sur son sort dans un océan de sang, de nuages, d’eau, près d’un terrifiant squelette d’oiseau et des morceaux de corps déchiquetés.
Dans cette errance, un moment cocasse, celui où une violoncelliste sort de la fosse, monte sur le plateau et perce avec la pique de son instrument le crâne du malheureux Pierrot. Les projections du vidéaste colombien Nieto sont percutantes, dramatiques, même excessives.
Maxime Pascal a pour principe que ses spectacles soient sonorisés. Comme dans les concerts rock, la musique jouée par cinq instrumentistes hurle par haut-parleurs. C’est si fort que le Sprechgesang interprété non par une mezzo comme c’est de tradition mais par un comédien, Damien Bigourdan, est incompréhensible. C’est d’autant plus dommage que le texte d’habitude en allemand est ici adapté en français. On revient ainsi à la création originale puisque Schoenberg s’était inspiré des poèmes du Belge Albert Giraud, théoricien de l’art pour l’art.
Pièce radiophonique de Morton Feldman sur un texte en anglais de Samuel Beckett, Paroles et musique est jouée dans le noir total, le rideau de scène baissé. Pendant trente-cinq minutes, les spectateurs n’ont qu’à écouter, comme s’ils étaient à côté de leur poste de radio et non dans une salle. Seul un rai de lumière éclaire le récitant, qui au premier rang de l’orchestre, murmure un texte peu compréhensible : il y est question d’un personnage larmoyant, Croak. Dans un soupir, il laisse entendre la victoire de la musique sur le langage. Au final, le rideau se lève enfin et laisse paraître les instrumentistes triomphants.
Intenses mais pas tout à fait accomplies, ces deux petites œuvres souffrent d’une sonorisation excessive dans une salle où la moindre note s’entend. Le Balcon reviendra en janvier pour le Viol de Lucrèce de Britten puis avec un autre Balcon, celui de Peter Eötvös d’après Jean Genet.
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Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris Le 25/09/2013 Nicole DUAULT |
| Pierrot lunaire de Schoenberg et Paroles et Musique de Feldman sous la direction de Maxima Pascal à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris. | Arnold Schoenberg (1874-1951)
Pierrot lunaire
Damien Bigourdan, récitant
Morton Feldman (1926-1987)
Paroles et musique
Ensemble Le Balcon
direction : Maxime Pascal
mise en scène : Nieto | |
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