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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Chambre d’Europe sous la direction de Jaap van Zweden, avec la participation de la violoniste Hilary Hahn à la Cité de la Musique, Paris.
Une rhétorique de grosses ficelles
Concert mitigé que celui de la Cité de la Musique, entre la pertinence incroyable du violon de Hilary Hahn et les aléas de la direction de Jaap van Zweden, atteignant au mieux une demi-réussite. Avec un orchestre très inégalement équilibré, chronique d'une alchimie pas toujours réussie entre interprètes et ouvrages.
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Si l’on eût préféré entendre Hilary Hahn dans une autre partition que le Concerto pour violon de Barber, il faut reconnaître que la violoniste confirme ici sa stature exceptionnelle. Transcendant une œuvre aux atours néo-classiques, la jeune femme capte par sa présence physique autant que par un archet très à la corde savamment dosé, et une clarté toujours exemplaire.
Elle offre par ailleurs un cadre d'une solidité à toute épreuve, notamment dans un Finale virtuose et épineux à mettre en place avec l'orchestre. Assurément une grande personnalité, éminemment musicale, d'un souffle rare propre à conquérir les plus réticents, dans une pièce où rien n'était pas gagné d'avance.
La prestation de Jaap van Zweden apparaît plus discutable, encore qu'assez sensible dans Schoenberg. Le chef hollandais cultive une texture sonore très aérienne, à la transparence bienvenue, révélant une délicatesse et un beau travail malgré la justesse approximative des premiers violons. Une grande tendresse de couleur qui sied finalement bien à la Nuit transfigurée et un parti pris qui a le mérite de rappeler l’univers chambriste originel de l'ouvrage.
Mais cette vision instantanée a aussi ses limites, et le discours en tant que tel tend à s'épuiser sur la longueur, l'ensemble manquant d'architecture, de tenue, comme si l'argument initial avait été tout simplement évacué. En somme, cette Verklärte Nacht évoque plus une promenade dans la rosée du matin, à la Siegfried Idyll, qu'une tragédie intime transfigurée par la clairvoyance et la générosité humaine. La texture diaphane de l'ensemble ne suffit pas à capter l'attention sur la distance.
En revanche, rien ou presque, ne suscite notre aménité dans la Symphonie n° 9 de Chostakovitch. On hésite entre une lecture bâclée ou un manque de culture sonore ne permettant pas à Jaap van Zweden de recréer l'alchimie de cette musique beaucoup plus subtile qu'il n'y paraît. Car on sombre cette fois dans la caricature, avec un orchestre très mal équilibré : vents toujours trop forts, en particulier les bois du Moderato de demi-caractère en deuxième position, et entrée grossière des cuivres dans le Largo.
Que la Neuvième soit une parodie de grande symphonie victorieuse, on le savait, mais cela ne signifie pas pour autant que la finesse en soit absente, bien au contraire. Zweden réduit l'ironie de ce petit chef-d'œuvre à une rhétorique sommaire, où il suffirait d'entrechoquer fébrilement, bras levés et à toute blinde, casseroles et bric-à -brac du même acabit en vue d'hystériser la foule.
Car le chef néerlandais recourt à un tour de passe-passe en cultivant un tempo toujours nerveux et fébrile, si bien que l’on assiste à une mauvaise musique de foire à l'énergie perpétuellement tournoyante. Un subterfuge qui dessert la structure dramatique de l’ouvrage, déjà affaibli par une conception sommaire du timbre.
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Cité de la Musique, Paris Le 30/10/2013 Benjamin GRENARD |
| Concert de l’Orchestre de Chambre d’Europe sous la direction de Jaap van Zweden, avec la participation de la violoniste Hilary Hahn à la Cité de la Musique, Paris. | Arnold Schoenberg (1874-1951)
Verklärte Nacht
Version pour orchestre Ă cordes
Samuel Barber (1910-1981)
Concerto pour violon et orchestre
Hilary Hahn, violon
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 9 en mib majeur op. 70
Chamber Orchestra of Europe
direction : Jaap van Zweden | |
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