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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 novembre 2024 |
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Nouvelle production d’Amelia al Ballo et The Telephone de Menotti dans une mise en scène de Jean-Louis Grinda et sous la direction de Plácido Domingo à l’Opéra de Monte-Carlo.
Chic et charme
Dans le cadre intime du (petit) Palais Garnier de Monte-Carlo, écrin somptueux pour les deux perles (rares) de Menotti, Amelia al Ballo et The Telephone, on est sous le charme d’un spectacle défendu avec brio : élégante production de Jean-Louis Grinda, direction vive et fine de Plácido Domingo, et distribution épatante de virtuosité.
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Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
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Pour l’ouverture de sa brillante et éclectique nouvelle saison, l’Opéra de Monte-Carlo rend un bel hommage à Giancarlo Menotti que le monde musical a tendance à négliger et sous-estimer. Il n’est pas inutile de rappeler que c’est en Principauté que le compositeur s’est éteint le 1er février 2007, à l’âge de 96 ans et que les deux ouvrages réunis judicieusement par Jean-Louis Grinda ont déjà été présentés in loco en 1957 et 1967 (The Telephone), 1975 et 1994 (Amelia al Ballo).
Cette coproduction entre Monte-Carlo et le Palau de les Arts de Valence, où le spectacle a vu le jour, a le mérite de réunir deux courts opéras bouffes créés aux États-Unis : Philadelphie pour Amelia, le premier opéra de Menotti (1937), New York (1947) pour The Telephone qui, à l’origine, servait de lever de rideau du Medium. Mais, surtout, ces deux ouvrages vaporeux comme des bulles de savon s’apparentent par l’ironie et la légèreté de leur style musical, comme par le caractère délibérément futile de leur héroïne respective.
Amelia, dont l’unique souci est d’aller au bal, quels que soient les événements majeurs et vaudevillesques se déroulant avant la soirée à laquelle elle est résolue de se rendre coute que coute ; Lucy, obsédée par le téléphone (bien avant l’avènement du portable !) s’entretenant de tout et de rien avec n’importe qui, plutôt que de prêter attention à son amoureux qui essaie vainement de la demander en mariage !
À tous égards, la représentation des deux ouvrages est irrésistible : on ne saurait mieux valoriser tout ce qui fait l’esprit et le charme du texte et de la musique signés par le compositeur-librettiste. Dans des décors minimalistes mais pertinents de Manuel Zuriaga, Jean-Louis Grinda signe une mise en scène élégante, raffinée et fluide dont le rythme et le style respectent le côté musical original. The Telephone fit d’ailleurs les beaux soirs de Broadway, ne l’oublions-pas !
Ici, le dénouement d’Amelia avec sa pluie de confettis argentés est traité comme un final de comédie musicale, à la joie d’un public ravi. Les chanteurs-acteurs sont tous épatants de naturel et de virtuosité vocale. Voix cristalline, la ravissante Micaela Oeste a le chic et la classe d’une Grace Kelly. Norah Amsellem est une Amelia sensuelle et pulpeuse. Dans un duo très vocal, le baryton chilien Javier Arrey révèle des moyens superbes comme le jeune ténor roumain Ioan Tlotea dans un registre très puccinien.
L’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo est souple, brillant et nuancé sous la direction délicate de Plácido Domingo rendant un bel hommage à l’ami qui composa à son intention Goya, créé à Washington en 1986. Pour la petite histoire, le tout jeune Domingo interpréta au Mexique avec sa femme Marta – alors soprano – le rôle de l’amant dans Amelia… D’emblée, le maestro capte la vivacité et l’humour de la partition du Telephone, la verve comme la richesse de l’orchestration colorée d’Amelia avec ses références au vérisme et à Rossini. Délicieuse soirée !
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