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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jukka-Pekka Saraste, avec la participation de la soprano Anu Komsi et du violoniste Vadim Gluzman à l'Auditorium de Lyon.
Le flamboiement de l'Oiseau
En marge de la direction permanente assurée par Leonard Slatkin, l'Auditorium de Lyon poursuit sa politique de chef invité. L'occasion pour le public lyonnais d'apprécier le chef finlandais Jukka-Pekka Saraste, brillant dans tous les répertoires de la soirée, alors que la prestation du violoniste Vadim Gluzman suscite quelques interrogations.
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Quelques mois après leur création française à Paris, Leinolaulut (Chants de Leino), quatre mélodies de Kajia Saariaho, voient leur création lyonnaise sous la direction de l'excellent Jukka-Pekka Saraste et la soprano Anu Komsi, soliste de la création. Une distribution idéale, authentiquement finnoise, pour défendre l'interprétation de ces textes écrits par Eino Leino, le plus grand poète finnois du XXe siècle.
Quatre poèmes mystiques autour de la mort, mais sous son jour ici consolatrice et apaisante. La voix d'Anu Komsi, pour laquelle a été conçu l'ouvrage, s'intègre parfaitement dans le tissu orchestral, dont les couleurs ne sont pas rappeler celles d'un Dutilleux, en auréolant l'orchestre d'un supplément d'âme. Une belle découverte, idéalement défendue par ses interprètes, trois ans après la création d'Émilie à Lyon.
L'interprétation du Concerto pour violon de Brahms pose en revanche davantage question côté soliste. Certes, on apprécie l'engagement de Vadim Gluzman, plein de fougue, avec un jeu d'une clarté exemplaire. Le violoniste imprime à l'ouvrage le plus classique de la soirée une belle énergie, en n'hésitant pas à rentrer dans la corde en vue d'une certaine expressivité.
Mais quelques tics finissent par lasser, comme cette manière d'écourter les phrases et de se précipiter. Si l'on ne cautionne pas nécessairement les vieilles traditions d'un Brahms qui peut avoir tendance à s'appesantir, il n'en demeure pas moins que le réflexe opposé élude la substance du discours. Car à ce Brahms pour amants pressés manque l'appel du désir qui permette à la sensualité de s'épanouir dans la chair : Gluzman livre un concerto davantage exalté qu'enthousiaste et plus fougueux que rempli de ferveur.
Heureusement, la baguette plus mûre et attentive du chef finlandais recadre davantage le propos, cultivant un juste équilibre entre une ampleur plus traditionnelle et une vigueur apportant la spontanéité nécessaire. Reste que le mouvement lent au célèbre solo de hautbois reste un peu survolé. Et dans l'ensemble, la tenue du chef finlandais ne compense pas l'impression d'un temps artificiel qui empêche l'œuvre de s'incarner réellement dans la matière.
Le flamboiement de l'Oiseau de feu en seconde partie aura tôt fait d'effacer cette impression d'occasion manquée. Rarement, on aura entendu un orchestre sonner de manière aussi aérée et lisible à l'Auditorium. Cet Oiseau est d'abord une belle réussite plastique qui fait honneur à tous les pupitres de l'OnL, capables de rendre la moindre subtilité de ce joyau orchestral jusque dans les tutti d'une transparence étonnante : jamais les cuivres ne viennent couvrir l'ensemble sans pour autant sacrifier la puissance.
Pour autant, on aurait tort de croire que la vision de Saraste relève de l'hédonisme pur. Car tout y est ; chaque timbre se meut avec agilité dans une matière orchestrale vivante, le tout constamment au service de la narration. Le chef finlandais cultive un parfait équilibre entre théâtralité et art du mouvement, tout en restituant l'expérience sonore unique que constitue cette pièce au début du XXe siècle.
La prestation de Saraste constitue assurément un grand moment de ce début de saison lyonnaise en démontrant qu'un chef peut être cohérent et respectueux de l'esprit dans un répertoire varié. Le public lyonnais ne s'y est pas trompé, même si ses nombreux rappels n'auront pas l'effet escompté, sur un chef qui aura su garder sa ligne toute la soirée.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 14/12/2013 Benjamin GRENARD |
| Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jukka-Pekka Saraste, avec la participation de la soprano Anu Komsi et du violoniste Vadim Gluzman à l'Auditorium de Lyon. | Kaija Saariaho (*1952)
Leinolaulut, quatre mélodies pour soprano et orchestre sur des poèmes d'Eino Leino (2008)
Anu Komsi, soprano
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77 (1878)
Vadim Gluzman, violon
Igor Stravinski (1882-1971)
L'Oiseau de feu, conte dansé en deux tableaux (1910)
Orchestre national de Lyon
direction : Jukka-Pekka Saraste | |
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