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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation de la pianiste Valentina Lisitsa à la salle Pleyel, Paris.
Une athlète du piano
L’athlétique Boris Berezowsky grippé, on a trouvé encore plus musclé que lui pour jouer le Premier Concerto pour piano et la Danse macabre de Liszt, en la personne de l’américano-ukrainienne Valentina Lisitsa. Une curiosité… Superbe direction de Paavo Järvi et Orchestre de Paris en forme somptueuse dans une Quatrième de Tchaïkovski assez irrésistible.
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Pas toujours facile de critiquer un ou une artiste qui sauve un concert en acceptant de remplacer au pied levé un collègue. Commençons donc par remercier madame Lisitsa d’avoir assumé la lourde tâche prévue pour Boris Berezovsky en se jetant à corps perdu dans deux partitions particulièrement éprouvantes, le Premier Concerto et la Danse macabre de Liszt.
Perchée sur d’étonnants talons aiguilles périlleux, silhouette juvénile et courte robe rouge sang, Valentina Lisitsa qui débutait avec l’Orchestre de Paris et effectue, nous dit-on, une glorieuse carrière en pays anglo-saxons, s’est révélée une redoutable marathonienne du clavier, à rendre jaloux les virtuoses asiatiques les plus résistants. Elle nous a déversé avec un enthousiasme obstiné des cascades d’accords, de traits, de tierces et de quintes en tous genres, comme le diabolique Liszt sait les distribuer.
Le concerto exige une haute virtuosité mais propose aussi des moments de plus intime émotion que les doigts déchaînés de la pianiste ne purent totalement ignorer. Mais la Danse macabre, si l’on n’y prend garde, n’est qu’une accumulation de prouesses musculaires digitales dans lesquelles il faut quand même parvenir à mettre un peu de musique.
Madame Livitsa fut présente quant aux muscles mais nettement plus absente quant à la musique et à la sensibilité. On aurait pu croire, voire espérer son énergie entamée après une telle démonstration de force. Mais il n’en est rien. Le public adore quand les chanteurs crient très fort ou quand les pianistes jouent beaucoup de notes à la fois.
Alors, pour remercier des acclamations dont elle était l’objet, Valentina Lisista nous gratifie de trois bis plus virtuoses les uns que les autres… ce qu’on a le droit de trouver excessif au milieu d’un concert symphonique. Un bis, admettons, mais trois, c’est franchement trop.
Il y avait quand même, après, la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski, sous la baguette de Paavo Järvi et que l’on attendait autant et même plus que les exploits sportifs de la pianiste. Et ce fut effectivement un retour à la musique pure. Quelle manière lucide, inspirée, sensible, de traduire l’univers tourmenté d’un Tchaïkovski traversant l’une des périodes les plus difficiles de sa vie !
Le désespoir est latent, même quand les pizzicati des cordes dominent un mouvement entier, quand l’harmonie oppose les couleurs de ses bois et de ses cuivres (quelles belles interventions du tuba !). Järvi fouille dans la masse sonore avec finesse en y mettant aussi tout le feu de son tempérament.
L’Orchestre est splendide, tous pupitres confondus, rompu qu’il est maintenant à ce répertoire dont il a acquis les secrets au fil des années. Un bain de jouvence après la course poursuite lisztienne de la première partie d’un concert débuté par la belle pièce orchestrale d’Eric Tanguy, donnée en première mondiale et commande de l’Orchestre de Paris, Affettuoso, in memoriam Henri Dutilleux. Écriture orchestrale riche, complexe, subtile, bel hommage du disciple et ami au grand maître récemment disparu.
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Salle Pleyel, Paris Le 08/01/2014 GĂ©rard MANNONI |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation de la pianiste Valentina Lisitsa à la salle Pleyel, Paris. | Eric Tanguy (*1968)
Affettuoso, In memoriam Henri Dutilleux
création mondiale, commande de l’Orchestre de Paris
Franz Liszt (1811-1886)
Concerto pour piano n° 1 en sib majeur S.124
Totentanz pour piano et orchestre S.016
Valentina Lisitsa, piano
Piotr Illitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Symphonie n° 4 en fa mineur op. 36
Orchestre de Paris
direction : Paavo Järvi | |
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