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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Ludovic Morlot, avec la participation du pianiste Cédric Tiberghien au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Musiques françaises
Dutilleux, Saint-Saëns, Chabrier, et même Ravel en bis, voilà des aspects bien différents de la musique française réunis dans ce programme original. Brillant virtuose et parfait musicien, Cédric Tiberghien témoigne en outre de l’éclat de notre école de piano. Une soirée forte et un public comprenant beaucoup de jeunes.
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Baptisée « Le Double » par Henri Dutilleux en raison de sa structure répartie entre un petit orchestre de douze musiciens et la grande formation, cette deuxième symphonie du compositeur disparu voici quelques mois est une œuvre monumentale. Elle n’a rien de pesant, mais par la dimension de son orchestration, d’une richesse et d’une subtilité incroyables, elle vous pousse à la méditation, à l’intériorisation tout en vous attirant dans des mondes colorés, lumineux, voire parfois rutilants.
Impossible d’échapper aux sollicitations des mille sensations et impressions que ces sonorités agencées avec tant d’art éveillent en nous. Nous sommes dans les couleurs instrumentales des grandes œuvres symphoniques du XXe siècle, avec cette part d’étrangeté de la plupart des partitions de Dutilleux qui le met bien à part des autres grands noms de l’époque
L’Orchestre national de France a toutes les armes pour défendre pareil chef-d’œuvre. Dutilleux connaissait les forces de nos écoles instrumentales, en particulier celle des vents, des cuivres notamment, que ce soit dans le petit orchestre rassemblé autour du chef ou dans le grand. Belle démonstration, donc, rendant pleine justice à cette écriture généreuse qui met en relief bon nombre de solistes.
Ludovic Morlot, chef permanent de la Monnaie de Bruxelles, brasse avec dextérité ces masses sonores en gardant la clarté des structures. Peut-être aurait-il pu seulement mieux mettre en relief le dialogue entre la petite et la grande formation, souvent trop fusionnées pour que leur rôle respectif apparaisse toujours bien. Mais l’interprétation d’ensemble est un bel hommage au génie du compositeur.
Vient après l’entracte le Deuxième Concerto pour piano de Saint-Saëns, œuvre brillante, virtuose, séduisante, composée au printemps 1868 et créée par le compositeur au piano et Anton Rubinstein au pupitre, contre image de concerts qu’ils venaient de donner tous deux dans les rôles inverses.
Cédric Tiberghien domine tous les effets techniques accumulés par Saint-Saëns lui-même grand virtuose, ayant ici un comportement assez lisztien mais avec une personnalité et une sensibilité autres, moins ténébreuses. Il y a ici une joie de vivre printanière absente des grandes pages de Liszt. Tiberghien est si musicien qu’il donne autant d’épaisseur et de relief à ces pages qu’elles peuvent en avoir. En bis, il joue ensuite une rutilante Alborada del gracioso de Ravel.
Deux pages de Chabrier, la Bourrée fantasque et España concluent le concert, brèves, colorées, exemples d’un romantisme français tardif, bon enfant et charmant, mais ne comptant tout de même pas parmi les pages les plus immortelles du compositeur, même si elles restent les plus jouées.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 06/03/2014 Gérard MANNONI |
| Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Ludovic Morlot, avec la participation du pianiste Cédric Tiberghien au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Henri Dutilleux (1916-2013)
Symphonie n° 2 « Le Double »
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Concerto pour piano et orchestre n° 2 en sol mineur op. 22
CĂ©dric Tiberghien, piano
Emmanuel Chabrier (1841-1894)
Bourrée fantasque
España, rhapsodie pour orchestre
Orchestre national de France
direction : Ludovic Morlot | |
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