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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Sonates pour violon et piano de Brahms par Leonidas Kavakos et Yuja Wang Ă la salle Pleyel, Paris.
L’art de la connivence
Évidence de l’enchaînement passionnant des trois Sonates pour piano et violon de Brahms par deux musiciens exceptionnels. Organisée par la Société des Grands Interprètes, une rencontre au sommet et une connivence triomphante entre Yuji Wang et Leonidas Kavakos dans ces œuvres riches de la maturité de leur auteur.
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Ils forment un couple étonnant, ces deux immenses artistes, l’un Grec long et haut, l’autre Chinoise petite et frêle, cheveux et tenues noirs, mais celle de Yuja Wang découvre jambes, épaules et bras, d’où la lumière de la chair. Grands solistes mais aussi chambristes souvent complices, réussiront-ils la synthèse de leurs tempéraments ô combien affirmés au cours de l’enchaînement des trois Sonates pour piano et violon de Brahms, ces témoignages tardifs d’une sensualité secrètement somptueuse qu’il compose respectivement à 46, 53 et 55 ans ?
Tout commence par le chant du violon, merveilleusement radieux. Son élévation conquiert très simplement l’espace. Au climat mélancolique insufflé se fond le piano avant de d’en émerger sur le pizzicato irrésistible des cordes devenues discrètes. La Sonate n° 1 en sol majeur inspire ses interprètes. Connivence de l’écoute, celle du violon répondant à celle du piano, s’y accouplant, lui prêtant toute son attention quand la balance risquerait de privilégier l’insolente sonorité de Leonidas Kavakos.
La longueur de l’archet s’épanouit sur la douceur des accords du piano. Fluidité des enchaînements, intimité chaleureuse. Le toucher précis et caressant de Yuja Wang, les deux mains également et naturellement présentes, appelle le phrasé de Leonidas Kavakos.
S’il domine encore parfois l’entrelacement de leurs trois voix, c’est sans nuire à l’émotion quelque peu nostalgique d’une œuvre surnommée Chant de la pluie par le poète bernois Widmann quand il l’entendit. La vitalité d’un Finale où la virtuosité s’efface pour laisser place à l’intériorité de l’interprétation prolonge la rare pudeur de ce lyrisme.
Toujours aussi immobiles, Kavakos et Wang s’engagent, fusionnels, dans la Sonate n° 2 en la majeur. Le romantisme maintenant se passionne, lancé par le piano dans une finesse de nuances que permettent la légèreté et la profondeur de ses attaques. Elles ravissent son partenaire et nourrissent la joyeuse exaltation de leur bonheur.
Le thème heureux de l’Andante tranquillo célèbre l’entente de ce duo maintenant totalement équilibré, y compris dans ses élans fantasques et sa volubilité. La tendresse du violon sur les arpèges rayonnants du piano confirme le sourire qui préside l’Allegretto grazioso final d’une œuvre dont Clara Schumann disait qu’aucune ne l’avait à ce point enchantée.
Telle une prolongation corporelle et spirituelle de l’homme qui le tient, l’archet irradie l’ampleur de la phrase débutant l’Allegro alla breve de la Sonate n° 3 en ré mineur. Une force supérieure en émane, riche des expériences d’une vie irriguée d’impressions et de sentiments aussi beaux que complexes.
Kavakos puise au gré de ses pulsions à cette source dont il magnifie ou retient le débit, l’humanise et le transcende. L’atmosphère évidemment plus sombre se dramatise sur l’accompagnement rythmique du piano volontairement en retrait – un peu trop ? – jusqu’à ce que celui-ci réponde. Échanges dès lors foisonnants.
Les rêveries bouleversantes, la gravité de l’Adagio, la complicité fantasque des rythmes du Scherzo où les accords incisifs des deux instruments triomphent en vibrations harmoniques prodigieuses, la puissance du Presto agitato couronnent de leur ardeur une interprétation enthousiasmante.
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Salle Pleyel, Paris Le 08/04/2014 Claude HELLEU |
| Sonates pour violon et piano de Brahms par Leonidas Kavakos et Yuja Wang Ă la salle Pleyel, Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour piano et violon n° 1 en sol majeur op. 78
Sonate pour piano et violon n° 2 en la majeur op. 100
Sonate pour piano et violon n° 3 en ré mineur op. 108
Yuja Wang, piano
Leonidas Kavakos, violon | |
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