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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du ténor Ramón Vargas dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
De la voix pour deux
La basse russe Ildar Abdrazakov avec qui il devait partager l’affiche de ce récital étant tombé malade, le ténor mexicain Ramón Vargas a accepté d’assurer seul la totalité de la soirée avec l’aide et la complicité de la pianiste Mzia Bachtouridze. Démonstration étonnante de l’un des grands chanteurs actuels, à la voix sans faille et qui semble infatigable.
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Peut-être moins médiatisé que certains de ses confrères comme Rolando Villazón, Jonas Kaufmann ou Roberto Alagna, Ramón Vargas n’en est pas moins l’invité et la star permanente de toutes les plus grandes scènes lyriques du monde, des deux côtés de l’Atlantique. Aussi à l’aise dans Mozart que dans le répertoire français ou italien, il fait une fois encore la démonstration des possibilités d’une voix qui est vrai don du ciel, comme on a coutume de le dire.
Timbre riche, puissant mais capable de beaux pianissimi, d’une égalité parfaite sur toute la tessiture, les aigus ne lui posant aucun problème et donnant une appréciable sensation de sécurité. Aucune fatigue audible à la fin d’un programme pourtant abondant en airs ornés aussi bien qu’en grands élans lyriques. Les vocalises de Don Ottavio ne lui posent pas plus de problèmes que les douces angoisses legato du Ferrando de Così fan tutte, ou que la vaillance de la tessiture tendue du Ah ! Lève-toi, soleil de Roméo, dans un excellent français.
Quelques mélodies s’insèrent entre ces airs où Donizetti côtoie Tchaïkovski et Verdi, avec notamment un Après un rêve de Fauré mené avec goût et musicalité. Après une conclusion resplendissante avec Quando le sere al placido de Luisa Miller, les bis acclamés par un public amateur essentiellement de voix seront d’abord voués aux chansons italiennes qui font la joie de tous les ténors… ou presque.
Tout cela délivré sans prétention apparente, avec une sorte de gentillesse joviale, comme s’il s’agissait de la chose la plus simple et la plus naturelle du monde. Aucun cabotinage, juste le plaisir de déployer une voix de soleil.
On pourra bien sûr dire que l’émotion n’est pas toujours au rendez-vous dans des airs comme Una furtiva lagrima, que les couleurs sont assez uniformes, tout comme les intentions expressives. Mais quel plaisir pour l’oreille qu’une voix aussi sûre d’elle-même, chaleureuse et débordante de la pure joie de chanter ! D’autres ténors sont là pour nous donner des émotions plus complètes et complexes, mais ne boudons pas notre plaisir devant tant de facilité et de spontanéité.
Belle présence de la pianiste géorgienne Mzia Bachtouritdze tant comme accompagnatrice que comme soliste, notamment de la transcription par Liszt de la Mort d’Isolde de Wagner.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 11/06/2014 Gérard MANNONI |
| Récital du ténor Ramón Vargas dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Il mio tesoro intanto (Don Giovanni)
Un’aura amorosa (Così fan tutte)
Richard Wagner (1813-1883)
Isoldes Liebestod (transcription pour piano de Liszt)
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Ah ! Rammento, e bella Irene
Angel casto e bel (Il Duca d’Alba)
Una furtiva lagrima (l’Elisire d’amore)
Gabriel Fauré (1845-1924)
Après un rêve
Charles Gounod (1818-1893)
Ah ! Lève-toi, soleil (Roméo et Juliette)
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Kuda Kuda (Eugène Onéguine)
Francis Poulenc (1899-1963)
Improvisation n° 13 pour piano
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Non t’accostare all’urna
Ad una stella
Quando le sere al placido (Luisa Miller)
Ramón Vargas, ténor
Mzia Bachtouridze, piano | |
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