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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Extraits d’Otello de Verdi par Roberto Alagna, Inva Mula et Dmitri Hvorostovsky dans le cadre des Grandes Voix à la salle Pleyel, Paris.
Un Otello confirmé
Avant de chanter la totalité du chef-d’œuvre de Verdi aux prochaines Chorégies d’Orange les 2 et 5 août, Roberto Alagna a proposé aux Parisiens des extraits d’Otello dans le cadre des Grandes Voix à la salle Pleyel, confirmant qu’il est arrivé à parfaite maturité pour ce rôle réputé lourd. Inva Mula et Dmitri Hvorostovsky étaient à ses côtés.
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Ni trop tôt ni trop tard, c’est l’éternel problème que doivent affronter les ténors lyriques pour savoir s’ils peuvent franchir le pas du dramatique ou de l’héroïque. Qui est Faust, Roméo, Don José ou Werther, n’est pas forcément d’emblée Otello, Énée des Troyens ou Samson, ni à plus forte raison Tristan ou Siegfried pour ceux qui pratiquent le répertoire germanique. Même si la tentation est forte, l’approche doit être prudente, à moins d’avoir d’emblée les moyens puissants adéquats, ce qui vous coupe aussi très vite d’un répertoire vaste, attrayant mais un peu plus léger.
Roberto Alagna, qui triomphe depuis le début de sa carrière dans tous les rôles lyriques auxquels la nature semble l’avoir destiné, s’est forcément tourné en approchant la cinquantaine vers cet Otello dont la théâtralité semble faite pour l’acteur racé et intelligent qu’il est aussi. Ce concert parisien était une façon de faire taire les ragots et les médisances qui accompagnent si volontiers la réussite des plus grands artistes et de remettre à leur place de persifleurs étriqués ceux qui lui reprochent ses incursions jouissives dans d’autres répertoires.
Plus jeune que jamais, aminci, chevelu et barbu, dans une forme vocale étincelante, Alagna a prouvé que le rôle était désormais pleinement sien, sur l’ensemble de la tessiture, y compris dans le bas-médium, région ici de tous les dangers. Dans cette mise en place à trois, il a en outre apporté un véritable investissement théâtral, héros à la fois inquiétant et touchant, modulant avec finesse toutes les nuances du personnage shakespearien.
De quoi mettre en appétit pour les Chorégies d’Orange maintenant toutes proches. Carrière à haut risque que celle de ces artistes d’exception qui ne cessent jamais d’avancer de prise de rôle en prise de rôle et qui remettent chaque fois en jeu leur réputation, si glorieuse soit-elle. Et quel chemin parcouru pour un Alagna depuis ses débuts dans la Traviata, Rigoletto ou la Bohème jusqu’à ceux dans Aïda, le Trouvère, Turandot ou Otello !
Comme elle le sera à Orange, Inva Mula était sa Desdémone, toujours aussi belle et maîtrisant sans faiblesse couleurs dramatiques et irréels aigus translucides, aériens. Très solide Iago de Dmitri Hvorostvosky, au timbre décidément plus russe qu’italien, mais ne soyons pas trop difficiles. Le personnage est bien là , avec sa puissance maléfique, même si l’on a connu des interprétations vocales plus subtiles et fouillées.
À la tête de l’Orchestre national d’Île de France, le chef Riccardo Frizza s’est efforcé, généralement avec succès, de donner une unité à ces morceaux vocaux coupés de leur contexte. Ce n’était pas facile, mais il est parvenu à laisser assez de présence à la somptueuse partition orchestrale de Verdi pour éviter la simple exhibition vocale, malgré l’impact personnel des interprètes.
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Salle Pleyel, Paris Le 27/06/2014 GĂ©rard MANNONI |
| Extraits d’Otello de Verdi par Roberto Alagna, Inva Mula et Dmitri Hvorostovsky dans le cadre des Grandes Voix à la salle Pleyel, Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1883)
Otello, extraits
Roberto Alagna (Otello)
Inva Mula (Desdémone)
Dmitri Hvorostovsky (Iago)
Orchestre national d’Île-de-France
direction : Riccardo Frizza | |
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