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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Carte blanche Rameau au Concert d’Astrée au Midsummer Festival 2014.
Midsummer 2014 (2) :
Florilèges ramistes
Les Boréades, Dardanus : dès son enfance, le Concert d’Astrée a porté les couleurs de la tragédie ramiste. Consacré à Toulouse puis au Palais Garnier par une production d’Hippolyte et Aricie à paraître en DVD, l’ensemble d’Emmanuelle Haïm inaugurera la saison de l’Opéra de Dijon avec Castor et Pollux. Comme un avant-goût, le Midsummer Festival lui a laissé carte blanche.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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Rameau toujours, deux cent cinquantième anniversaire de sa disparition oblige, mais sous un visage plus sérieux, grâce à la carte blanche donnée au Concert d’Astrée. L’heure du thé le trouve même franchement rébarbatif, dans des Pièces de clavecin en concert (I, III et V), où Christophe Robert au clavecin, Isabelle Saint-Yves à la viole et Benoît Hartoin se seront écoutés sans vraiment s’entendre.
Composé d’extraits de Naïs, Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux et Dardanus, le programme du soir promettait en revanche les plaisirs d’un ballet héroïque en un prologue et trois entrées judicieusement assemblées. Comparé au glorieux galion qu’elle avait mis à flot pour Hippolyte et Aricie au Palais Garnier, c’est un esquif sur lequel Emmanuel Haïm invitait à s’embarquer pour Cythère. Il est vrai que le Théâtre Éphémère du Château d’Hardelot – un chapiteau, ni plus ni moins – n’en pourrait contenir davantage.
Mais cette exiguïté forcée, une intimité en vérité, permet une immersion au cœur de l’orchestre de Rameau, ce tourbillon de rythmes et de timbres, pour jouir jusqu’à l’ivresse de ce trop-plein d’invention – « il y a dans cet opéra assez de musique pour en faire dix », se serait écrié Campra en découvrant la première tragédie lyrique de son cadet – sous lequel le fringant quinquagénaire engloutit ses contemporains parfois incrédules jusqu’à ses quatre-vingts ans.
Cette proximité profite aussi au geste d’Emmanuelle Haïm, plus immédiatement efficient, pertinent et enthousiasmant que dans la froideur d’un cadre institutionnel et académique. Souple dans sa vigueur, la chef tient fermement la barre, sans que jamais le gouvernail ne dévie de sa trajectoire – mais comment pourrait-il en être autrement avec Felix Knecht, un pupitre de violoncelle(s), et un théâtre à lui tout seul ?
Si Tristes apprêts (Castor et Pollux) et Lieux funestes (Dardanus) ont pu sembler courts de respiration – car saisis hors de leur contexte –, les chanteurs ne sont pas en cause. Car à aucun moment Ed Lyon ne disparaît sous les bassons, dont le vrai ténor – sur les traces peut-être de l’Abaris de Philip Langridge dans l’enregistrement mythique des Boréades par Gardiner ou encore John Mark Ainsley, bouleversant Dardanus – contraste avec la tendresse melliflue qui tient lieu d’expression généralisée aux habituels ersatz de haute-contre à la française. Quant à Katherine Watson, Vénus étourdissante déjà prête pour Aricie, Télaïre et Iphise, elle déploie avec une grâce infinie, et en dépit d’une acoustique qui empêche d’en goûter plus nettement les contours, l’enveloppante splendeur de sa jeunesse, qui affirme tout sauf une ingénuité feinte.
Au terme d’un voyage en si galante compagnie, c’est aux Indes que nous aimerions à présent suivre Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée.
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Château d'Hardelot, Condette Le 28/06/2014 Mehdi MAHDAVI |
| Carte blanche Rameau au Concert d’Astrée au Midsummer Festival 2014. | Carte blanche Rameau au Concert d’Astrée
17h30 :
Jacques Duphly (1715-1789)
Première suite du Troisième livre de pièces de clavecin
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Pièces de clavecin en concert
Christophe Robert, violon
Isabelle Saint-Yves, viole
Benoît Hartoin, clavecin
20h30 :
Extraits de NaĂŻs, Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux et Dardanus
Katherine Watson, soprano
Ed Lyon, ténor
Le Concert d’Astrée
direction : Emmanuelle HaĂŻm | |
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