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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Premier concert de l’intégrale des symphonies de Beethoven par l’Orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan au Palais Garnier, Paris.
Solide entrée en matière
En réunissant en un même programme la Deuxième et la Septième symphonie de Beethoven, Philippe Jordan jouait les extrêmes et mettait en valeur des qualités opposées du magnifique Orchestre de l’Opéra de Paris. Début d’une belle aventure consacrée à l’intégrale des symphonies du maître de Bonn, qui s’achèvera en juillet 2015.
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Philippe Jordan est un analyste pertinent, minutieux, au point que parfois le souci de la précision et de la pureté des équilibres l’emporte sur la passion et même sur la simple émotion. Mais il est des œuvres où ces qualités sont payantes.
La Deuxième Symphonie de Beethoven est une partition un peu hybride, où le compositeur avance comme à pas comptés dans le genre de la symphonie, cherchant autant à s’affirmer qu’à se référer aux maîtres reconnus comme Mozart ou Haydn. Il en résulte une œuvre fluide, aux couleurs changeantes, aux séductions faciles, au charme indubitable mais où les grands sentiments s’annoncent avec mesure et même une certaine prudence.
S’appuyant sur les immenses qualités de l’Orchestre de l’Opéra où quasiment aucun pupitre ne marque de faiblesse, Philippe Jordan donne une lecture sage, claire, gratifiante de ces pages où la musique coule avec un naturel qui fait oublier la complexité de la forme. Il y a juste ce qu’il faut d’emportements, juste ce qu’il faut de poésie avec de beaux phrasés larges, souples.
Y manque-t-il un engagement plus personnel, un jugement ou une approche qui puissent passionner ou scandaliser ? C’est davantage du beau Beethoven sans erreurs que le désir d’avancer une vision nouvelle, marquée par quelques prises de risque courageuses, même si elles pouvaient être discutées. Il est vrai qu’avec des instrumentistes aussi somptueux, il doit être tentant de succomber à l’élégance de cette musique, sans chercher à la brusquer pour en tirer toutes les satisfactions sonores possibles.
En revanche, Jordan se lance dans la Septième Symphonie avec une fougue, une ardeur qui vont laisser le public pantois et… enthousiaste. Ici, il joue carrément la carte de la démesure, rythmique, sonore, passionnelle. Enchaîné directement avec le premier mouvement, l’Allegretto est d’une intensité extrême, dense, mesuré mais d’une grande force dramatique, dans des crescendi qui avancent implacablement, comme une marée montante qui va vous engloutir… et qui, de fait, vous engloutit. On ne sait quel pupitre louer le plus. Peut-être la petite harmonie menée par la flûte impériale de Frédéric Chatoux, avec aussi d’admirables hautbois et bassons.
L’Allegro con brio final est conduit à un train d’enfer mais parfaitement contrôlé, culminant en une apothéose sonore tout à l’honneur de cette phalange d’élite. Il sera naturellement passionnant de voir sur la distance si Jordan dégage vraiment une lecture personnelle de Beethoven comme l’ont fait certains des grands anciens, où même un Paavo Järvi plus récemment.
Pour l’heure, on attend avec avidité que ce vaste panorama romantique évolutif continue à se dérouler. Prochain rendez-vous à l’Opéra Bastille le 7 novembre pour la Première Symphonie et l’Héroïque.
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Palais Garnier, Paris Le 10/09/2014 GĂ©rard MANNONI |
| Premier concert de l’intégrale des symphonies de Beethoven par l’Orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan au Palais Garnier, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36
Symphonie n° 7 en la majeur op. 92
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Philippe Jordan | |
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