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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de la mezzo-soprano Joyce DiDonato accompagnée par l’Orchestre national de Lyon sous la direction de Riccardo Minasi dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Chanter est un jeu
Triomphe absolu pour la grande diva américaine dont le rayonnement scénique et vocal reste incomparable. Dans un programme Grandes Voix de raretés alternant virtuosité et émotion, très bien accompagnée par l’excellent Orchestre de l’Opéra de Lyon, Joyce DiDonato s’est comportée en musicienne autant qu’en virtuose.
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Il faut des moyens d’exception et une capacité de projection hors du commun pour parvenir à nous émouvoir aujourd’hui avec des pages d’un romantisme italianisant naissant qui pourrait être éloigné de la sensibilité contemporaine. Aucun mépris pour cette jolie musique de théâtre qui cherche à créer l’émotion soit par les prouesses techniques de la cantatrice soit par la simple beauté de lignes mélodiques au dessin onctueux, libre, sur la pointe de la sensibilité.
C’est vrai, même quand elles sont signées Rossini, Donizetti, Bellini, Mercadante, Pacini, Verdi ou Carafa, ces pages n’appartiennent sans doute pas aux plus inspirées de ces compositeurs, mais elles sont toutes porteuses d’un émoi, d’une histoire, d’un propos qui nous touche car la cantatrice sait leur communiquer une vie bouleversante.
Et dans cette démarche artistique de haut vol, le chef Riccardo Minasi se révèle d’une efficacité absolue lui aussi, à la tête d’un Orchestre de l’Opéra de Lyon excellent, avec des solistes de la petite harmonie absolument remarquables. Mieux vaut d’ailleurs l’entendre, ce chef, que le regarder car il saute, tourbillonne, agite bras, mains et jambes comme un démon, au point d’envoyer promener une page de la partition des premiers violoncelles d’un coup de baguette !
Joyce DiDonato est une force de la nature. Une très belle nature, d’ailleurs, aussi bien physiquement que vocalement. Ligne de rêve, robes superbes – c’est rare chez les cantatrices – et voix dont on connaît aussi bien l’étendue infinie que le timbre éclatant et la virtuosité. Elle s’investit corps et âme dans ce qu’elle chante. Elle y croit, qu’il s’agisse d’authentiques cocottes de la plus belle espèce ou de mélopées à vous retourner l’âme.
Elle est tour à tour, hyper tonique, drôle, moqueuse, rêveuse, langoureuse, abandonnée ou agressive. Elle peut tout exprimer, avec une sorte de facilité directe, de santé, de plaisir à communiquer tout ce qu’elle ressent. Sept airs, plus deux bis, avec les traditionnelles pauses orchestrales, ici parfaitement bien venues, ce qui n’est pas non plus toujours le cas. Pour les bis, dont un sublime Tanti affetti, de la Dona del Lago, c’est tout juste si elle se ne substitue pas au chef, accompagnant ses gestes, se tournant vers les solistes, intégrée à l’ensemble comme au théâtre.
Elle sacrifie aussi au petit discours, en français, mais oui, traditionnel dans ces soirées des Grandes Voix et qui soude tellement public et artistes. Elle s’y montre charmeuse, drôle et presque politique en nous conseillant, en ces temps difficiles, de ne pas hésiter à chanter à pleins poumons… avec autant d’enthousiasme qu’elle, sans doute. Délire dans une salle pleine jusqu’aux loges sans visibilité. C’est mérité, personne ne peut le nier.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 27/09/2014 Gérard MANNONI |
| Récital de la mezzo-soprano Joyce DiDonato accompagnée par l’Orchestre national de Lyon sous la direction de Riccardo Minasi dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Gioacchino Rossini (1792-1868)
Elisabetta Regina d’Inghilterra, ouverture
Giovanni Pacini (1796-1867)
Ove t’aggiri o barbaro (Stella di Napoli)
Vincenzo Bellini
Dopo l’oscuro nembo
Aria d’Adelson e Savini
Gioacchino Rossini
Le Siège de Corinthe, Ballabile III
Michele Enrico Carafa (1787-1872)
Oh di sorte crudel (Nozze di Lammermoor)
Gioacchino Rossini
Zelmira, scène finale
Vincenzo Bellini
Norma, ouverture
Saverio Mercadante (1795-1870)
Se fino al ciela ascende (La Vestale)
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Alzira, ouverture
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Par che mi dica ancor (Elisabetta al Castello di Kenilworth)
Giovanni Pacini
Saffo, scène finale
Joyce DiDonato, mezzo soprano
Orchestre de l’Opéra de Lyon
direction : Riccardo Minasi | |
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