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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du violoncelliste Gautier Capuçon et de la pianiste Yuja Wang dans le cadre de Piano**** à la salle Pleyel, Paris.
Rencontre au sommet
Belle alliance sous l’auspice de Piano**** de deux virtuoses en pleine jeunesse, le violoncelliste Gautier Capuçon et la pianiste Yuja Wang, dans un programme Debussy-Prokofiev-Rachmaninov apte à montrer des aspects différents de leurs sensibilités et leurs étonnantes prouesses techniques. Gros succès dans une salle archi-comble.
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La Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur de Debussy est une œuvre étrange, à la fois ludique et nostalgique, diaphane et colorée, avec des climats tantôt de Pierrot lunaire, tantôt de fête espagnole. Du Debussy qui semble jouer avec les sons dans une sorte de légèreté faussement indifférente, mais avec des phrases et des sonorités d’une absolue beauté.
Les deux interprètes ont bien trouvé les clés de cet univers particulier, tout en subtilité, en contradictions, en voltes-faces. Belle sonorité et phrasé raffiné de Gautier Capuçon, toucher très adapté en brillances fugitives et en fluidité de Yuja Wang, peu tentée ici de se livrer à ses démonstrations de haute voltige pianistique préférées. La musicienne prenait le pas sur la technicienne.
Changement de monde avec la Sonate op. 119 de Prokofiev composée pour Rostropovitch qui la créa en 1949 avec Richter. De quoi faire rêver, si l’on veut bien oublier les persécutions et brimades diverses et variées dont le compositeur et les interprètes étaient victimes de la part des autorités soviétiques.
De facture classique, cette sonate donne au violoncelle la possibilité de s’exprimer de mille manières, des pizzicati aux phrases amplement chantées, au fil de multiples variations qui animent les différents mouvements. Ce n’est pas une œuvre agressive, mais nous sommes loin de brumes et humeurs impressionnistes de Debussy.
Le toucher Yuja Wang affirme une belle fermeté qui surprend toujours chez cette ravissante jeune femme filiforme, en tunique transparente sur justaucorps moulant, perchée sur des talons si hauts que l’on se demande comment elle ne les brise pas en employant la pédale !
Et puis, avec la Sonate en sol mineur op. 19 de Rachmaninov, c’est un déploiement plus libre de lyrisme, une extériorisation de sentiments d’un postromantisme avoué et généreux. Le violoncelle se déploie dans de magnifiques phrases aux sonorités mordorées et la technique de la pianiste peut briller plus crânement, mais, il faut le souligner, toujours dans un esprit musique de chambre, c’est-à -dire sans essayer de supplanter en éclat son partenaire.
Un bel ensemble, emporté avec fougue, sincérité et une grande élégance instrumentale. Il est très réconfortant de constater que des solistes de cette trempe prennent leur plaisir à ne pas s’exhiber seulement de manière individuelle, mais au service l’un de l’autre et de la musique, forcément.
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Salle Pleyel, Paris Le 11/10/2014 GĂ©rard MANNONI |
| Récital du violoncelliste Gautier Capuçon et de la pianiste Yuja Wang dans le cadre de Piano**** à la salle Pleyel, Paris. | Claude Debussy (1862-1918)
Sonate pour violoncelle et piano
Sergei Prokofiev (1891-1853)
Sonate pour violoncelle et piano op. 119
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Sonate pour piano et violoncelle en sol mineur op. 19
Gautier Capuçon, violoncelle
Yuja Wang, piano | |
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