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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du ténor Rolando Villazón et de la soprano Pumeza Matshikiza accompagnés par le Bohuslav Martinu Philharmonic Orchestra sous la direction de Guerassim Voronkova dans le cadre des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Le ténor généreux
Un concert pour, avec Rolando Villazón, mais aussi bientôt avec la soprano Pumeza Matshikiza. Le public du célèbre et charismatique ténor a été comblé une fois de plus par la générosité de cet artiste exceptionnel qui s’était choisi une fort belle partenaire pour leur récital. Une soirée d’une grande chaleur malgré les limites de l’orchestre.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 22/10/2014
Claude HELLEU
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Quel artiste ! Dès son entrée sur scène saluée par des bravos enthousiastes, le voici souriant puis concentré, les mains jointes, devenu Rodrigue, Ô souverain, ô juge, ô père (Le Cid), le timbre toujours aussi beau, sa projection phénoménale. Derrière lui, le Bohuslav Martinu Philharmonic Orchestra mené par Guerassim Voronkova a le bon goût de s’effacer après avoir tonitrué en début de concert l’ouverture du Roi de Lahore.
De même se met-il en retrait derrière Pumeza Matshikiza qui arrive dans une somptueuse robe blanche à traîne, provoquant des soupirs d’admiration parfaitement justifiés. L’Élégie projette une résonnance de la même ampleur que la robe, superbe dans le haut du registre, moins épanouie dans les graves.
Après les trois œuvres de Massenet, sans rapport aucun entre elles, le ténor et la soprano sont maintenant réunis, héros malheureux des Pêcheurs de perles. Connivence, expressivité du dialogue de Nadir et Leïla ne nous situent pas pour autant dans l’opéra de Bizet et la gratuité de ce moment en limite les sentiments.
Place à l’orchestre et à Puccini avec l’Intermezzo de Manon Lescaut sauvé par le premier violoncelle. Étrange transition entre Bizet et le retour de Villazón devenu Federico dans l’Arlésienne de Cilea. Avec quelle simplicité il chante l’histoire du berger, que sa tristesse est belle, ses pianissimi pleins de douceur, par moments presque a cappella. Impressionnant d’authenticité, cet artiste se donne, quitte parfois à y mettre un peu trop de puissance.
Pumeza Matshikiza revient à Puccini avec Liu. La passion de sa supplique inspire plus la jeune servante de Turandot que sa délicatesse, les aigus flambent, mordorés. Et voici à nouveau un couple idéal, Mimì amoureuse de Rodolfo pour un échange des plus romantiques dont la sincérité rayonne. Très jolie sortie des jeunes gens épris, fin de leurs déclarations en coulisses, un moment de théâtre.
C’est après l’entracte et l’ouverture de Don Pasquale à l’orchestre, toujours aussi dépourvu de nuances, que les deux chanteurs donnent leur pleine mesure dans l’Élixir d’amour de Donizetti. D’abord seul, Nemorino en gilet rouge face à la bouteille sortie de son sac, précieux élixir pour conquérir Adina, ravirait les plus sceptiques. Avec quelle euphorie il s’en délecte dans l’espoir de séduire la femme de ses rêves.
Adina entre, maintenant vêtue d’une robe du soir noire, elle s’étonne, la véracité des acteurs est parfaite, désinvoltes ils s’ignorent, s’amusent, se provoquent, rivalisent en jonglant des balles de couleurs, Nemorino surenchérit avec un yo-yo, nous sommes au spectacle, les voix se complètent, le rire du public leur répond.
Un petit coup de Verdi avant de revenir à l’Élixir. Si le but de cette succession de pages prises ici et là au répertoire lyrique, décousues mais heureusement bien situées par le texte du programme, est de permettre aux chanteurs de briller sous toutes les facettes de leur talent, il est atteint. Ouverture, respiration et couleurs ont atteint leur fastueux épanouissement.
Bonheur sans réserve quand Villazón chante la Romance de Nemorino. La voix stable et droite, soutenue, pure et profonde, projette une émotion contagieuse. Puis Voronkova dirige l’ouverture de La Boda de Luis Alonso de Giménez avec une telle raideur qu’il en occulte la bonne humeur sans pour autant amoindrir la nôtre.
Atavique zarzuela (La del Soto del Parral, de Soutullo) pour le primo né à Mexico. Bon sang ne saurait mentir. La séduction de la Romance de German joint ardeur et chaleur, sobrement, intensément. Éclat et présence de la colère de Concepción, un des rôles joué par Matshikiza au Royal College of Music, magnifique en héroïne de l’Heure espagnole. Conclusion triomphale avec Rafaël et Solea au sommet de leur art pour un dialogue enfiévré d’El Gato Montes de Moreno.
Jetant son cœur et ses baisers au public transporté, Rolando Villazón témoigne de son plaisir avec sa belle partenaire. Maîtres de la scène, leurs bis rayonnent d’entente et de joie. Pour la plus grande et admirative nôtre.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 22/10/2014 Claude HELLEU |
| Récital du ténor Rolando Villazón et de la soprano Pumeza Matshikiza accompagnés par le Bohuslav Martinu Philharmonic Orchestra sous la direction de Guerassim Voronkova dans le cadre des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Jules Massenet (1842-1912)
Le Roi de Lahore (Ouverture)
Ah ! Tout est bien fini… (Le Cid)
Élégie
Georges Bizet (1838-1875)
LeĂŻla ! LeĂŻla ! (Les PĂŞcheurs de perles)
Giacomo Puccini (1858-1924)
Manon Lescaut (Intermezzo)
Francesco Cilea (1866-1950)
E la solita storia del pastore… (L’Arlésienne)
Giacomo Puccini (1858-1924)
Signore, ascolta… (Turandot)
O soave fanciulla… (La Bohème)
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Don Pasquale (Ouverture)
Caro elisir ! (L’Elisir d’amor)
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Sul fil d’un soffio etesio (Falstaff)
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Una furtiva lagrima (L’Elisir d’amore)
Geronimo Giménez (1854-1923)
La boda de Luis Alonso (Intermedio)
Reveranio Soutello (1880-1932) & Juan Vert (1890-1931)
Ya mis horas felices (La del Soto del Parral)
Maurice Ravel (1875-1937)
Oh ! la pitoyable aventure (L’Heure espagnole)
Manuel Moreno (1880-1939)
Si, torero quiero sé (El Gato Montés)
Rolando Villazón, ténor
Pumeza Matshikiza, soprano
Bohuslav Martinu Philharmonic Orchestra
direction : Guerassim Voronkova | |
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