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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de la Clémence de Titus de Mozart dans une mise en scène de Denis Podalydès et sous la direction de Jérémie Rhorer au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Panique Ă l'hĂ´tel
En choisissant le parti-pris impossible de l'agitation et du décor unique, le metteur en scène Denis Podalydès propose au Théâtre des Champs-Élysées une Clémence de Titus qui ravira les contempteurs du Regietheater et exaspèrera ceux qui ne désespèrent pas de voir Mozart sortir enfin de l'ornière du boutonné et du sentimental.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 12/12/2014
David VERDIER
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Ça commence par une fausse bonne idée. Ce monologue de Bérénice qui résonne solennellement avant l'ouverture de cette Clémence semble trébucher aussi bien sur la métrique racinienne que sur l'effet visuel. Ce Titus mélancolique puiserait donc une partie de sa magnanimité dans ce refus liminaire de la princesse de Judée ? La frondeuse erre en coulisse, promenant sa toge écarlate tel le fantôme désuet de la Berma dans l'imaginaire frustré du narrateur de la Recherche…
Toute l'action se trouve confinée dans le hall de réception d'un hôtel – un palace visiblement – avec hautes boiseries de biais, salle à manger et coins discrets. Cet univers entre Moulinsart et Grand Hôtel Cabourg nous fait voir un empereur-monarque vraisemblablement en fuite, entouré par sa suite et une flopée de figurants. La direction d'acteurs fait s'agiter tout ce beau monde sans qu'on puisse déterminer au juste le but recherché. De l'opera-seria dans un entre deux guerres sans localisation exacte… avec piano-bar en guise de continuo et fosse cyclothymique pour la musique d'ambiance.
Ce cadre bourgeois a ce côté pratique de réconcilier anciens et modernes et pourrait accueillir à peu près n'importe quel ouvrage compris entre Haendel et Menotti. Les amours, aveux et trahisons se déroulent entre deux livraisons de linges et de valises. Difficile de saisir au passage l'évolution psychologique et le conflit latent qui fait de cette fresque austère un formidable terrain introspectif.
Bien moins novatrice que celle de Willy Decker à Garnier, cette scénographie cumule les défauts du très empesé David McVicar à Aix et l'austère John Fulljames à Nancy – pour ne parler que des récentes productions scéniques de l'ouvrage.
Le plateau reste le point fort de la soirée, à commencer par le Sesto de Kate Lindsey, très ambré de timbre et souple de legato. La Vitelia de Karina Gauvin en perdrait presque ses aigus dans un Deh se piacer très dégingandé, avant de se reprendre nettement au II. Julia Boulianne campe un fort bel Annio tandis que la talentueuse Julie Fuchs semble presque sous-distribuée dans une modeste Servilia. On trouvera au rayon des déceptions le Titus de Kurt Streit, au timbre rêche et en totale perdition dans les agilités plus qu'approximatives de Se all'impero.
À la tête de son Cercle de l'Harmonie, Jérémie Rhorer alterne pied au plancher et frein à main dans une direction qui tient de la course-poursuite dans les airs et de la conduite assistée dans les ensembles. Seuls ceux qui l'aiment prendront ce train…
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