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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Le Chant de la terre de Gustav Mahler par les solistes de l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigés par Pascal Rophé.
Un Chant de la terre plus frugal
Vendredi dernier, les solistes de l'Orchestre Philharmonique de Radio France ont réussi un pari difficile : donner le Chant de la terre de Mahler dans la version réinstrumentée à " l'économie " de Schœnberg sans donner l'impression qu'il s'agissait d'un choix seulement mesquin. La générosité du chef Pascal Rophé y a beaucoup contribué.
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L'histoire de cette adaptation mérite quelques mots : réalisée par Schœnberg, elle s'inscrivait dans un projet global visant à faire connaître la musique contemporaine au public viennois. Les moyens financiers ne permettant pas de présenter les oeuvres dans leurs versions originales, on avait opté pour ce subterfuge. Mais était-il opportun de reprendre cette adaptation lorsque l'on dispose largement, philarmonique oblige, d'un effectif conforme aux exigences du texte original ? Pourtant il suffisait d'assister à l'exécution de ce Chant de la terre pour comprendre l'intérêt du projet.
Certes la masse orchestrale manque parfois cruellement, particulièrement dans le dernier épisode — L'Adieu, — ou plus généralement lorsqu'il est question d'envoûtement sonore. Mais la réduction de Schoenberg présente d'autres avantages. La réécriture tout d'abord : véritable tour de prestidigitation, elle préserve le texte d'origine tout en apportant une clarté harmonique et polyphonique sidérante qui fait ressortir la modernité de ces pages. Plus encore, l'adaptation change les perspectives d'interprétation : l'oeuvre, désormais chambriste, impose aux interprètes un investissement particulier. Elle renverse au passage les rapports hiérarchiques entre les chanteurs et orchestre et modifie la position des auditeurs : la multiplicité des lieux de rencontres force à la concentration et provoque une véritable osmose avec les interprètes.
Encore fallait-il, pour que la magie opère, que les interprètes aient compris l'enjeu de l'exercice. Pascal Rophé et son ensemble sont au-dessus de toute critique. Bien plus, ils parviennent à mêler rigueur et sensualité, imposer les jeux individuels dans une oeuvre collective. Rarement un solo de clarinette n'aura provoqué un tel trouble, rarement on aura vu un tel investissement et constaté à quel point il peut transcender une oeuvre, même diminuée d'une partie de sa chair. Seule ombre au tableau, le ténor Donald Litaker semble ignorer que l'orchestre mahlerien n'est pas au grand complet et s'époumone à tue-tête. Olaf Bär, en revanche, se glisse parfaitement dans le tissu instrumental tout en proposant une lecture dépourvue d'artifices. Son discours pourtant possède l'intensité des conteurs pour qui toute chose dite semble avoir été vécue. Une parfaite incarnation en somme pour un chant plus frugal mais jamais fruste.
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| Le 23/09/2000 Mathias HEIZMANN |
| Le Chant de la terre de Gustav Mahler par les solistes de l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigés par Pascal Rophé. | Le Chant de la Terre de Gustav Mahler
Orchestre Philharmonique de Radio France
Direction : Pascal Rophé,
Avec Donald Litaker (ténor) et Oläf Bär (baryton-basse). | |
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