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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Mariss Jansons à la Philharmonie de Paris.

En terre d’élection
© Matthias Schrader

Nouvelle soirée symphonique d’exception à la Philharmonie de Paris, où deux jours après les Berliner et Rattle, le Concertgebouw d’Amsterdam et Mariss Jansons donnent à leur tour une très belle exécution mahlérienne, démontrant à nouveau à quel point la phalange néerlandaise est l’un des meilleurs serviteurs du compositeur autrichien.
 

Philharmonie, Paris
Le 20/02/2015
Yannick MILLON
 



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  • Ce mois de fĂ©vrier est dĂ©cidĂ©ment riche en grands orchestres Ă  Paris dans la toute nouvelle Philharmonie, oĂą les Berliner et Rattle venaient de faire des Ă©tincelles dans la Deuxième Symphonie de Mahler. La venue rapprochĂ©e de l’Orchestre du Concergebouw d’Amsterdam ne fait d’ailleurs que renforcer un sentiment d’émulation qui est toujours le meilleur moyen de garder un haut niveau d’exigence, particulièrement dans un rĂ©pertoire aussi riche que les symphonies de Mahler.

    Avant le plat de résistance mahlérien, Mariss Jansons avait programmé la suite du Bourgeois gentilhomme de Richard Strauss, condensé des musiques de scène accompagnant la version originale du prologue d’Ariane à Naxos, qui, coincé entre la Symphonie Résurrection de l’avant-veille et la Quatrième à venir, souffre d’un tel voisinage, faisant ressortir à l’envi tout ce que l’écriture néoclassique de Strauss peut avoir de plus décoratif et d’inessentiel.

    Musique charmante, façon pastiche XVIIIe, jouée avec une grande élégance par des musiciens amstellodamois en goguette, décontractés, au balancement subtil, aux petites touches renforcées par une direction extrêmement soignée et tout en élégance. Et si l’on a connu premier violon plus éloquent, plus typiquement viennois, la partie de violoncelle solo, tenue par Tatiana Vassilieva, tient du miracle, dans une Entrée de Cléonte façon consort de violes.

    Après l’entracte, l’Orchestre du Concertgebouw au complet, si différent de la machine de guerre berlinoise, aux couleurs beaucoup plus claires et transparentes, vient rappeler d’emblée qu’il a toujours évolué dans Mahler sur sa terre d’élection, sous la baguette de ses directeurs musicaux successifs depuis un siècle, de Willem Mengelberg à Riccardo Chailly, en passant par Eduard Van Beinum et Bernard Haitink.

    Mariss Jansons, élevé à la rude discipline de Mravinski à Saint-Pétersbourg, a conservé de sa formation une rigueur impressionnante dans le maintien du tempo et dans la gestion du rubato, fût-ce dans un premier mouvement de Quatrième Symphonie presque droit, ralenti initial a minima, tempo global souvent retenu, manquant presque de naturel dans les développements joyeux.

    De son mentor, le chef letton a hérité aussi une manière de ciseler les timbres faisant des merveilles dans le deuxième mouvement, où chaque intervention, chaque mode de jeu viennent renforcer le sentiment d’étrangeté de ce violon désaccordé, annonçant la causticité d’un Chostakovitch.

    Du reste, conforme à son credo de toujours, Jansons laisse le texte chanter, ne forçant jamais le trait quitte à s’effacer par trop derrière la musique, même si l’on n’en admire que mieux les incomparables couleurs mahlériennes du Concertgebouw, où s’illustre un tout jeune corniste français du nom de Félix Dervaux, transfuge de l’Opéra de Lyon, miracle de présence discrète, de phrasé, d’attaques en douceur, avec ce vibrato imperceptible en fin de tenues d’une expressivité exceptionnelle.

    Initialement annoncé, le soprano blond de Genia Kühmeier a cédé la place à l’instinct dramatique de Dorothea Röschmann, qui avait, avec un instrument a priori peu évident pour le Lied final, accompli des miracles aux côtés de Daniel Harding il y a quelques années. Mais ce soir, la soprano allemande, d’un sens narratif inné, semble se battre contre le tempo retenu du chef pour ses couplets et chante hors style, en attaques opératiques déplacées, ne marquant que par sa capacité à prodiguer de jolis aigus piano à défaut d’évoquer avec la simplicité requise les délices de la vie céleste.




    Philharmonie, Paris
    Le 20/02/2015
    Yannick MILLON

    Concert de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Mariss Jansons à la Philharmonie de Paris.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Der BĂĽrger als Edelmann, suite pour orchestre op. 60
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 4 en sol majeur
    Dorothea Röschmann, soprano
    Concertgebouworkest Amsterdam
    direction : Mariss Jansons

     


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